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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 04:08

 

republique-centrafricaine.jpg

Prévues le 13 août 2010, les cérémonies du cinquantenaire de l'indépendance de la République centrafricaine ont été finalement reportées comme nous vous l'avions annoncé au 1er décembre, jour de la proclamation de la République centrafricaine en 1958. Frappé par de nombreuses crises politico-militaires au cours des cinquante dernières années,  le pays est en proie à d'énormes difficultés économiques.


Enclavée au cœur de l’Afrique centrale, la République centrafricaine est un trait d’union entre la zone sahélo-soudanienne et le Bassin du Congo d’une superficie de 622 980 km2, le pays forme un vaste plateau couvert de savane dont l’altitude varie de 600 à 900m. Depuis Bangui, la capitale, on gagne l’océan Atlantique par voie fluviale jusqu’à Brazzaville puis par chemin de fer jusqu’à Pointe-Noire (Congo), distante de 1 815km. Le pays est peu peuplé (4 422 000 habitants selon les statistiques de la Banque africaine de développement et les Nations unies), avec un taux de croissance annuelle de 2,2% pour 2008. Sa population est concentrée à l’ouest, laissant de vastes zones inhabitées, alors que près de 43% des Centrafricains vivent en milieu urbain, concentrés surtout à Bangui (620 000 habitants). Le groupe Banda et Gbaya-Mandja, au nord et à l’ouest, forme plus de la moitié de la population tandis que les Yakoma et les Sango, les «gens du fleuve», ont longtemps dominé une vie politique et économique marquée par l’influence française.

La colonie française de l’Oubangui-Chari est créée en 1903. Intégrée en 1910 à l’Afrique équatoriale française (AEF), elle est utilisée comme réservoir de main-d’œuvre. Travail forcé pour la cueillette du caoutchouc ou la construction du Congo-Océan, portage, épidémies, enrôlement dans les troupes coloniales, font périr la moitié de sa population entre 1890 et 1940.

 

50 ans de troubles politiques

Boganda.jpgdacko.jpgCréée en 1958, la République centrafricaine a pour figure emblématique Barthélemy Boganda, mort dans un accident d’avion en 1959. Son successeur, David Dacko, proclame l’indépendance le 13 août 1960. Le lieutenant-colonel Jean-Bedel Bokassa s’empare du pouvoir le 31 décembre 1965 : président à vie, puis maréchal, il fait de la République un empire en 1977 et organise un sacre très médiatisé. Il est déposé en septembre 1979 lors de l’opération «Barracuda» menée par un contingent français

Remis en selle, David Dacko est élu en mars 1981, puis renversé en septembre par le général André KolingbaAndré Kolingba. En 1992, celui-ci est contraint d’accepter le multipartisme. Le 19 septembre Bocassa-1er.jpg1993, Ange-Félix Patassé est élu au terme d’un processus électoral pluraliste, puis réélu en 1999 au premier tour d’un scrutin contesté.

Entre temps, le président Ange-Félix Patassé a essuyé trois mutineries entre 1996 et 1997. Les Accords de Bangui, en 1997, portent création d’une mission interafricaine de paix, remplacée en 1998 par une mission des Nations unies en République centrafricaine (MINURCA), réduite en 2000 à un bureau des Nations unies en Centrafrique (BONUCA).

La restructuration des forces armées (2 250 hommes) s’engage, mais plusieurs tentatives de putsch ont lieu en A-Lome-Patasse-prone-la-sagesse article top2001, qu'Ange-Félix Patassé déjoue dans le sang avec l’aide des troupes libyennes et du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba.

Dans les jours qui suivent le coup d’Etat réussi de François Bozizé (15 mars 2003), l’envoi de 300 militaires français, aux côtés des forces de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), déployées depuis 2002, marque le retour de la France, quatre ans après la fermeture totale de ses bases.

Après une période de transition où le leader de l’opposition parlementaire, Abel Goumba (qui dirige le Front patriotique pour le progrès - FPP) devient chef de gouvernement, puis vice-président, avant d’être écarté, François Bozizé légitime sa prise de pouvoir à l’occasion de l'élection présidentielle qu’il remporte en mai 2005 avec 64,6% des voix. La coalition rassemblée pour le soutenir conquiert 42 sièges (sur 105) à l’Assemblée nationale.

bozize200Quelques mois après l’élection du président Bozizé, de nouveaux groupes rebelles voient le jour dans le Nord du pays. Dans le quart nord-ouest, l’APRD (l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie). Dans le quart nord-est, l’UFDR (Union des forces démocratiques pour le rassemblement). Birao, dans l’extrême est du pays, aux confins du Tchad et du Soudan est attaquée à reprises.

A deux reprises, l'armée française intervient pour stopper l’avancée rebelle.

Dans un rapport de 2007, l’organisation Human Rights Watch accuse les Forces armées centrafricaines d'avoir tué depuis mi-2005 des centaines de civils, incendié plus de 10 000 maisons et provoqué un exode massif dans le nord du pays, également en proie aux rebelles et aux coupeurs de route. Selon l’ONU, 200 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays (la plupart sont des villageois contraints de quitter les villages pour vivre en brousse, dans leur champ, sans eau, sans soin, sans école), 50 000 sont réfugiées dans les pays voisins, notamment au Tchad et au Cameroun.

Après plusieurs accords de cessez-le-feu séparés, est signé en juin 2008, à Libreville, un accord de paix global rebelles RCAente le gouvernement, les rebelles de l'APRD et de l'UFDR. Un autre groupe rebelle, le FDPC d’Abdoulaye Miskine, l’ancien bras armé d’Ange-Félix Patassé, refuse d’apposer sa signature sur le document. Cet accord ouvre la voie à l’ouverture en décembre 2008 à Bangui du dialogue politique inclusif. Pour l’occasion, l’ancien président Patassé rentre du Togo où il vivait en exil depuis le coup d’Etat du 15 mars 2003. Tous les groupes politico-militaires et les partis d’opposition participent à ce forum de la paix. Mais au-delà de la réaffirmation de quelques grands principes, ce rendez-vous n’aboutit à rien de très concret (voir le compte-rendu). Le programme  de démobilisation, désarmement et réinsertion  (DDR) des ex-rebelles prend du retard.

Dans ce contexte, un nouveau groupe rebelle apparaît, la CPJP (Convention des patriotes pour la justice et la paix) dans la zone de Ndélé, dans le nord-est du pays. C’est Charles Massi, un ancien ministre du président François Bozizé, qui prend la tête du mouvement. Depuis la fin décembre 2009, il est porté disparu. Denise Massi, son épouse, affirme que Charles Massi a été torturé à mort par les autorités centrafricaines. Son mouvement, la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP), qui a attaqué Birao en juillet dernier, exige une preuve de vie de Bangui. Charles Massi aurait été arrêté en fin d’année dernière par des militaires tchadiens, avant d’être transféré en Centrafrique, ce que dément le président François Bozizé.

rebelle 2Autre difficulté, le sud-est du pays subit les attaques de la Lord Resistance Army (Armée de résistance du Seigneur). Les rebelles ougandais de la LRA sont présents sur le territoire centrafricain depuis 2008. Leurs multiples incursions dans les villages de ces régions ont causé la mort d'au moins 200 personnes et fait plusieurs milliers de déplacés. La LRA est particulièrement active dansdepuis le mois de février 2010. Devant les fréquentes attaques des rebelles de la LRA contre les régions du sud-est de la Centrafrique, les autorités locales ont appelé en avril les civils à s'organiser en milices d'autodéfense.

L'armée ougandaise intervient depuis juin 2009, dans le sud-est centrafricain pour traquer les rebelles de la LRA, avec l'autorisation de Bangui.

L’année 2010 devait être une année électorale avec une présidentielle et des législatives très attendues. Fixées tout d’abord au 25 avril, les élections ont été repoussées au 16 mai, ce qui n’a pas suffi à rassurer les opposants qui dénonçaient l’absence de garanties d’un scrutin transparent et libre. Après avoir fait modifier la constitution pour prolonger son mandat qui a expiré le 11 juin, le chef de l’Etat accède à la demande de ses détracteurs. Les élections se dérouleront le 23 janvier 2011, ainsi en a décidé le chef de l’Etat centrafricain.


Une économie ravagée

Pillages et insécurité ont ruiné l’économie du pays, qui ne manque pourtant pas d’atouts. Dans le secteur primaire, les quatre activités traditionnellement créatrices de richesse que sont le diamant, le bois, le coton et l’élevage (au Nord), sont sinistrées du fait de l’insécurité et de la mauvaise gouvernance. Or ce secteur contribue à 55% du PIB et environ 90% des exportations. La production de coton, qui a atteint 2 000 tonnes en 2008, a été divisée par six depuis 2005. Le bois industriel et le diamant, principales sources d’exportation, alimentent un trafic dont l’Etat n’est pas bénéficiaire. Avec un Revenu national brut (RNB) de 410 dollars par habitant (2008), le service de l’importante dette extérieure  représentait 48,7% (2008) des ressources budgétaires du pays. Seuls les dons ponctuels des partenaires traditionnels permettent au pays de survivre, alors que l’Etat s’est montré longtemps incapable de payer ses fonctionnaires. Ballon d’oxygène pour le pays, en juillet 2009, la Centrafrique a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE en faveur des pays pauvres très endettés. Le FMI et la Banque mondiale approuvent un allégement de la dette multilatérale
Aujourd’hui, la Centrafrique est le quatrième pays le plus pauvre du monde selon l’indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). C’est le dixième pays au monde le plus infecté par le virus du Sida (le premier en Afrique centrale). En 2008, l’espérance de vie était estimée à 47 ans.


Les dates clé de la République centrafricaine

 

La République centrafricaine est née dans une dignité retrouvée et revendiquée par un leader charismatique, Barthélemy Boganda. Privé trop tôt de celui-ci, le jeune État entre dans une tempête de surenchères, de violences et de rivalités politiques.


1903 : L’Oubangui-Chari devient une colonie française qui est intégrée en 1910 à l’Afrique équatoriale française. Bangui est désignée comme capitale de la colonie en 1906. De tous les territoires de l’empire colonial français, l’Oubangui-Chari fut probablement celui qui connut la colonisation la plus brutale. Ce qui provoqua en 1928-1931, la révolte des Gbayas contre le recrutement forcé lors de la construction du chemin de fer Congo-Océan.

En 1938, Barthélemy Boganda est ordonné premier prêtre catholique de l’Oubangui-Chari. Le 10 novembre 1946, il est élu député de l’Oubangui-Chari à l’Assemblée nationale française.


28 septembre 1949 :Barthélemy Boganda fonde son propre parti, le Mouvement pour l’évolution sociale de l’Afrique noire (MESAN). Incarcéré en 1951 pendant deux mois et demi pour avoir organisé une action de protestation après l'assassinat d'un chef de village, il est réélu le 17 juin 1951 puis le 2 janvier 1956 aux législatives et reste député au palais Bourbon où il dénonce «la chicotte et les travaux forcés». Maire de Bangui le 18 novembre 1956, il devient en 1957 président du Grand Conseil de l'AEF, l’Afrique équatoriale Française.


1er décembre 1958 : Barthélemy Boganda proclame la naissance de la République centrafricaine. Son territoire est limité à l'Oubangui-Chari. Boganda en devient le président. Selon l'idée de Barthélemy Boganda, président du Grand Conseil de l'AEF, la République centrafricaine devait se constituer de quatre territoires : le Gabon, le Moyen-Congo, l'Oubangui-Chari et le Tchad, auxquels devait s'ajouter un territoire englobant le Cameroun, en passant par le Rwanda jusqu'en Angola. Se désolidarisant de la position du leader centrafricain, les trois  territoires proclamèrent leur République le 2 novembre 1958.

Le 16 février 1959, l'Assemblée territoriale adopte une constitution démocratique. Mais le 29 mars, Barthélemy Boganda est tué dans un accident d'avion. Accident ou attentat ? Aujourd’hui encore la question se pose. Quoi qu’il en soit, Barthélemy Boganda reste pour les Centrafricains le père de l’Indépendance, le père de la Nation. David Dacko devient président.

13 août 1960 : David Decko proclame l'indépendance

Il fera du MESAN en mai 1963 le parti unique du pays et se fera élire le 5 janvier 1964 avec 99,99% des voix, alors qu’il est seul candidat en lice.


31 décembre 1965 : David Dacko fête la nouvelle année chez son ami le député Samba, à 17km de Bangui. A Bokassa3.JPG3h20 du matin, l'armée prend le contrôle de tous les points stratégiques de la capitale. David Dacko est arrêté par les militaires et passe le pouvoir au colonel Jean-Bédel Bokassa. C'est «le coup d'État de la Saint-Sylvestre». Sur les ondes de la radio nationale, le colonel Jean-Bedel Bokassa se déclare président de la République centrafricaine. Commencent alors les grands chantiers mais aussi la folie des grandeurs qui atteind son paroxysme le 4 décembre 1977 lorsque Jean-Bedel Bokassa s'autocouronne empereur de Centrafrique, après s'être autoproclamé président à vie (2 mars 1972) et maréchal (19 mais 1974).

En 1979, Jean-Bedel Bokossa décide d'imposer le port de l'uniforme à l'école alors que les fonctionnaires ne sont plus payés depuis trois mois. En janvier puis en avril, les élèves et étudiants se révoltent. La répression est sanglante. La chute de l'empire est annoncée.

 1)- Son interview quelques jours avant son couronnement


 

La cérémonie de couronnement de Bokassa 1er

 

20-21 septembre 1979 : Alors que l'empereur est en Libye, la France organise l'opération « Barracuda » à l'issue de laquelle Bokassa I est renversé. L'ancien président David Dacko est rétabli, la République centrafricaine restaurée.

Jean-Bedel Bokassa sera condamné à mort par contumace en 1980. Cela ne l’empêchera pas de revenir en RCA le 24 octobre 1986. Un deuxième procès s’ouvre en 1987 : Jean-Bedel Bokassa est condamné à mort mais sa peine est commuée en détention à perpétuité le 29 février 1988, puis à dix ans de réclusion. Le 1er août 1993, le président Kolingba amnistie Bokassa. Il est libéré. Jean-Bedel Bokassa meurt le 3 novembre 1996.

Le 15 mars 1981, David Dacko remporte l'élection présidentielle avec 50,23% des voix devant Ange-Félix Patassé, ancien Premier ministre de Jean-Bedel Bokassa, chef de l'opposition et leader du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MPLC).


1er septembre 1981 : David Dacko est renversé par le général André Kolingba qui instaure un Comité militaire de redressement national (CMRN). Les partis sont interdits. Ministre de la Défense sous Dacko, le général François Bozizé est nommé ministre des Communications.


3 mars 1982 : Tentative de coup d'Etat d'Ange-Félix Patassé. A la radio nationale, François Bozizé appelle l'armée à se soulever sans succès. C’est le fameux «coup d’Etat radiophonique». Quelques jours plus tard, Ange-Félix Patassé se réfugie à mobylette à l’ambassade de France déguisé en religieuse. Quant à François Bozizé, il fuit par le nord du pays, vers le Tchad. S'ensuivra une chasse aux sorcières et une véritable politique de terre brûlée dans cette région. Réfugié ensuite à Cotonou, François Bozizé sera extradé en 1989 puis emprisonné à Bangui. Acquitté, il ne sera libéré qu’en décembre 1991.


19 septembre 1993 : Après avoir instauré le multipartisme en 1991, le général André Kolingba est bien obligé de reconnaître sa défaite à la présidentielle. Le 22 août, le premier tour donne Ange-Félix Patassé en tête des suffrages (30 %), André Kolingba n’est qu'en quatrième position (avec 13 %). Le 28 août, le général Kolingba signe une ordonnance modifiant le code électoral dans le but d'invalider les élections. Mais les contestations de l'opposition et la suspension par la France de sa coopération poussent le chef de l’Etat à reconsidérer son aventurisme. Le 30 août, il annule ces ordonnances. Le 19 septembre, second tour des élections : Ange-Félix Patassé (38 %) est élu président de la République face à David Dacko (21 %) et Abel Goumba (20 %).

Le président Ange-Félix Patassé fait face en 1996-1997 à trois mutineries au sein de l'armée (les deux premières en avril et mai 1996, la troisième en novembre 1997), suite notamment au non paiement des arriérés de salaires. Ces mutineries donnent lieu à de violents affrontements à Bangui entre mutins et loyalistes, ce qui désorganise la vie politique, économique et sociale. Intervention militaire française pour soutenir le président Ange-Félix Patassé. Le 12 février 1997, une force interafricaine, la Mission d'intervention et de surveillance des accords de Bangui (MISAB), remplace l'intervention militaire française. Le 15 avril 1998, la Mission des Nations unies en République centrafricaine (MINURCA) prend le relais de la MISAB. Une force de 1 350 hommes est chargée de renforcer la sécurité et du maintien de l'ordre (jusqu’au 15 février 2000, date de son départ définitif). Une série de grèves paralyse le pays.


19 septembre 1999 : Ange-Félix Patassé est réélu pour 6 ans avec 51,6 % des voix. Son parti le Mouvement pour la libération du peuple centrafricain remporte les législatives lors d'un scrutin contesté.

De novembre à avril 2001, les fonctionnaires qui cumulent les arriérés de salaires (jusqu’à 36 mois à la fin des années Patassé !) sont en grève.


28 mai 2001 : Une tentative de coup d'Etat échoue. Sur RFI, l’ancien président André Kolingba revendique le putsch depuis l’Ouganda où il vit en exil. La répression s’abat sur les Yacomah, l’ethnie d’André Kolingba.

En octobre 2001, François Bozizé, alors chef d’Etat-major du président Patassé, est accusé de tentative de coup d'Etat. Il se réfugie au Tchad où il organise une rébellion.


25 octobre 2002 : Les hommes du général Bozizé arrivent aux portes de Bangui. Ange-Félix Patassé fait appel aux combattants congolais de Jean-Pierre Bemba qui entament la reconquête du pays et se rendent coupables d’exactions sur la population civile. En décembre, la Communauté économique et monétaire des Etats d'Afrique centrale (CEMAC) décide le déploiement d'une force multinationale en Centrafrique, la Force multinationale en Centrafrique (FOMUC), pour assurer un environnement sûr à la population et soutenir la formation des forces armées centrafricaines (FACA). La FOMUC compte environ 350 militaires de trois pays africains (Congo, Gabon et Tchad).


15 mars 2003 : Coup d'Etat du général François Bozizé. L'avion du président Ange-Félix Patassé, qui devait regagner Bangui en provenance de Niamey, est dérouté vers Yaoundé. Du Cameroun, Ange-Félix Patassé se réfugie au Togo. Le 16 mars 2003, le général Bozizé s'autoproclame "président de la République" par la voix de son porte-parole (lire le texte de l'allocution). Il annonce la suspension de la Constitution, la dissolution de l'Assemblée, le limogeage du gouvernement, ainsi qu'une transition consensuelle associant « toutes les forces vives de la nation ». La France déploie le détachement Boali, environ 300 militaires, en soutien de la FOMUC et des FACA.

Scènes de liesse à Bangui et de pillages. Le 23 mars, l’opposant Abel Goumba devient Premier ministre du gouvernement de transition.

En septembre et en octobre, le dialogue national est organisé à Bangui en l’absence d’Ange-Félix Patassé. Son parti et André Kolingba, de retour au pays, demandent « pardon au peuple centrafricain » pour les crimes commis sous leurs mandats. L’ancien président David Dacko demande lui aussi pardon. Il se réconcilie avec son rival de toujours, Abel Goumba.


3 janvier 2005 : Le procureur de la Cour pénale internationale annonce qu’il est saisi par la République centrafricaine d’une enquête pour les graves crimes commis sur son territoire par les partisans de Patassé (le Congolais Jean-Pierre Bemba est actuellement détenu à la CPI sur ces charges).

Le 8 mai, le général François Bozizé est proclamé vainqueur de l’élection présidentielle avec 64,6% des voix. Mais quelques mois après, de nouveaux groupes rebelles se forment. D’abord dans le quart nord-ouest avec les premières attaquent de l’APRD (l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD) puis, en 2006, dans le quart nord-est, avec l’UFDR (Union des forces démocratiques pour le rassemblement) qui attaquent à deux reprises la ville de Birao. L'armée française intervient à deux reprises (en novembre 2006 et mars 2007) pour suppléer les forces armées.

L’organisation Human Rights Watch publie un rapport accablant pour le régime, sur les exactions des FACA, les forces armées centrafricaines, accusant l’armée d'avoir tué depuis mi-2005 des centaines de civils, incendié plus de 10 000 maisons et provoqué un exode massif dans le nord du pays, également en proie aux rebelles et aux coupeurs de route.


21 juin 2008 : A Libreville, signature d'un accord de paix global ente le gouvernement, les rebelles de l'APRD et de l'UFDR. Un autre groupe rebelle, le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) d’Abdoulaye Miskine qui avait pourtant signé un accord de cessez-le-feu, refuse d’apposer sa signature sur le document. Le 12 juillet 2008, la force multinationale de la FOMUC devient la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX), armée par 550 hommes originaires de quatre pays (Cameroun, Congo, Gabon et Tchad).
En septembre, une amnistie est décrétée pour les crimes depuis 1999.

Du 1er au 20 décembre à Bangui, se tient le dialogue politique inclusif en présence de l’ancien président Patassé rentré d’exil pour l’occasion. Tous les groupes poltico-militaires et les partis d’opposition participent à ce forum de la paix (voir le compte-rendu). Alors que le programme de désarmement des ex-rebelles prend du retard, un nouveau groupe rebelle apparaît, la CPJP (Convention des patriotes pour la justice et la paix) dans la zone de Ndélé, dans le Nord-est du pays. Charles Massi, un ancien ministre du président Bozizé devenu chef rebelle, prend la direction du mouvement.


16 janvier 2010 : Denise Massi, l'épouse de Charles Massi, affirme que l'ancien allié du général Bozizé a été torturé à mort par les autorités centrafricaines. Son mouvement, la CPJP, exige une preuve de vie de Bangui. Charles Massi aurait été arrêté par des militaires tchadiens avant d'être transféré en République centrafricaine. Ce que dément le président François Bozizé.

Les élections présidentielle et législatives qui devaient initialement se tenir le 25 avril, sont repoussées au 16 mai, puis reportées une seconde fois, sine die. L'opposition qui estimait que les conditions d’une élection libre et transparente n’étaient pas réunies, avaient refusé de déposer ses dossiers de candidature. A la suite du deuxième renvoi, une loi constitutionnelle prorogeant le mandat du président Bozizé - qui a expiré le 11 juin - et celui des députés est promulguée.

Le 30 juillet, le chef de l’Etat François Bozizé, fixe par décret la date des élections présidentielle et législatives au 23 janvier 2011.

 

Ce que pensent les Centrafricains


L'abbé Joseph-Marie Ngoui-Akandji, 82 ans, fut l'élève puis le compagnon de Barthélémy Boganda, premier président de la république centrafricaine de même que Michel Adama Tamboux qui fut aussi le premier président de l'Assemblée nationale centrafricaine. C'est à leurs souvenirs que RFI fait appel à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de leur pays.


Abbé Joseph-Marie Ngoui-Akandji : «Nous n'avons pas eu le temps de nous attacher au développement».

 

RFI : Où étiez-vous lors de la proclamation de l'indépendance ?

Abbé Joseph-Marie Ngoui-Akandji : Le 13 août 1960, j’étais à Bangui, au palais de la Renaissance. C’est là qu’il y avait les deux drapeaux. Le mât du drapeau français et le mât du drapeau centrafricain. À un moment donné quand l’ordre a été donné, le signal a été donné, le drapeau français descendait. Ensuite en même temps, le drapeau centrafricain montait, c’est ça qui me restait dans la tête. C’est dire que la France descend et la Centrafrique monte. C’était ça l’image et dans la foule, j’ai vu des gens qui pleuraient. Ce qui a fait plaisir, c’est que dans ce pays, on n’a pas vu l’indépendance dans le bain de sang. Ca se passait dans l’amitié, dans la joie. C’était une passation de service plutôt qu’une lutte pour avoir l’indépendance, et ça m’a plu. Et c’est ce que voulait aussi Barthélemy Boganda, le fondateur de ce pays.


RFI : Qu’est-ce que vous gagnez avec cette montée du drapeau centrafricain à ce moment-là ?

J-M. NA : La liberté. Quand on dit «colonisation», il y a en-dessous, la domination. C’est-à-dire, il y avait certaines actions, certaines manières, certains comportements. Quand on parle, par exemple, la chicote…Chicoter les gens. Mais c’était fort ! Souvent quand on chicotait, ça laisse des traces ! La blessure ! Les gens travaillaient dur. Du matin jusqu’au soir, il étaient exploités. Et c’était vraiment terrible pour les gens. Même chose quand on exigeait l’impôt, surtout quand tu ne payais pas, on chicotait. C’était l’image du colon. Je crois que c’était aussi cette image-là qu’on voulait peut-être éliminer aussi. Je pense quand on parle d’indépendance, les gens qui souffraient beaucoup pensaient tout de suite à çà, la libération de ces travaux forcés. Quand Boganda lui-même voulait parler, quand il était député à l’Assemblée nationale de France, au palais Bourbon, il n’a pas manqué de souligner cela, quand il parlait aux députés français qu’il souhaitait que la chicote puisse vraiment s’en aller. Il en parlait, hein !


RFI : Ce que vous avez gagné c’est cette liberté ?

J-M. NA : La liberté. Mais cette liberté… est-ce que nous l’avons… Est-ce qu’on l’utilise bien ? C’est ça. Parce que ce n’était pas tout. Parce qu’après… après il fallait travailler pour se hisser à la hauteur de pays développé.


RFI : La mort de Barthélemy Boganda, c’est un drame pour ce pays ?

J-M. NA : Un grand drame, un grand drame ! Parce qu’il avait de très belles idées. Il voulait que le peuple centrafricain puisse se développer en travaillant. C’était la devise du MESAN : unité, dignité, travail. Alors, c’est ce travail…. Nous sommes en retard sur les autres. Il faut le dire. Pour dignité, ça manque beaucoup. Je crois que l’on peut le [Barthélemy Boganda. NDLR] considérer comme le grand leader, celui qui a poussé, qui a poussé. Il parcourait le pays, il haranguait. C’était vraiment un philosophe en même temps ! Un orateur éloquent qui savait soulever le peuple pour le bien… pour le bien…


RFI : On dit souvent en République centrafricaine que l’histoire de la Centrafrique depuis cet accident de Barthélemy Boganda a pris un mauvais départ.

J-M. NA :  Mauvais départ, oui. Nous regrettons. Le peuple regrette beaucoup la mort de Boganda. Pourquoi ? Parce qu’il n’avait pas encore achevé son œuvre, ce qu’il voulait. Il avait beaucoup de belles idées. C’est-à-dire, nous avons vraiment perdu la tête… Tout ce qu’il avait dans la tête pour ce pays. Les successeurs n’ont pas eu la même conception pour le développement de ce pays. Si Boganda avait survécu, on ne serait pas là. Peut-être que Bokassa non plus. Le pays se serait développé autrement, dans la paix, dans l’unité puisque lui, il aimait l’unité. Il avait une autre vision.


RFI : Et cette vision s’est brisée ?

J-M. NA : Ca s’est brisé parce que ceux qui sont venus après n’ont pas eu la même philosophie. Il y a eu des divisions et finalement, vous avez vu comment on a terminé après David Dacko, Jean-Bédel Bokassa, etc jusqu’à changer le nom de République pour devenir Empire. Ce n’était pas ça l’idéal de Boganda !


RFI : Et aujourd’hui alors, 50 ans après ?

J-M. NA : Je crois que la faiblesse de ces pays, ce sont les coups d’État, les mutineries répétées. Parce que nous sommes vraiment en retard !


RFI : Qu’est-ce qu’on a fait de ces 50 ans ?

J-M. NA : Ah oui (rires).. On aurait pu faire plus si on avait eu la paix, malheureusement, il y a eu beaucoup de petites querelles intestines. Ensuite, surtout les mutineries qui ont affaibli ce pays. Si vous parcourez l’Afrique, si vous allez à Brazzaville, à Yaoundé, à Libreville, vous revenez à Bangui, vous allez dire que nous sommes un peu en retard, même trop en retard. Je suis comme vous ! Je suis l’un des plus vieux de ce pays, mais moi aussi, personnellement j’ai honte. Quand je vais à Brazzaville, Libreville, Yaoundé et que je reviens à Bangui… j’ai honte ! Je vois que mon pays, ma ville, ma ville natale, Bangui-la-Coquette n’est pas vraiment la Coquette ! Les infrastructures routières manquent et puis le commerce, et tout le reste, les écoles, les hôpitaux, tout cela ! On peut dire que nous sommes en retard. Il ne faut pas avoir honte de le dire, madame !


RFI : Les gens meurent…

J-M. NA : Beaucoup, madame, beaucoup meurent ! Beaucoup. Beaucoup. Je préfère dire la vérité. Soyons objectifs ! «C’est la vérité qui nous rend libres» dit l’Evangile. Nous sommes en retard. Beaucoup de gens meurent parce que nous n’avons pas eu le temps de nous attacher au développement. On a fait que lutter, lutter, avec des armes. Et toutes les armes ne sont pas encore ramassées. Il y a des armes, plein, plein dans la brousse ! Il y en a encore qui ont des armes dans leurs maisons en brousse. C’est ce qui permet aux braqueurs d’arrêter les voyageurs, les coupeurs de route ! Tout cela n’est pas flatteur. Ce n’est pas gai. Et je me demande qu’est-ce que nous fêtons pour les 50 ans. Nous avons encore beaucoup à faire.

 

Michel Adama Tamboux : «Il faut faire prendre à cette indépendance, une autre physionomie»


FI : Barthélemy Boganda a proclamé la République centrafricaine le 1er décembre 1958 mais il meurt dans un accident d'avion en 1959. Il n'est donc pas là le 13 août 1960, jour de l'indépendance. Pourtant, pour les Centrafricains, c'est lui, le père de la nation, le père de l'indépendance.

Michel Adama Tamboux : C’est bien Barthélemy Boganda qui reste le père de cette indépendance et le président fondateur de notre pays. Boganda, avec le MESAN qu’il a créé en 1950 a mené une lutte pacifique pour cette indépendance en communion d’idée avec la France. Il vivait avec l’idée de faire sortir ce pays de la misère. Il insistait beaucoup sur la dignité de l’homme noir. La dignité c’est le mot clé de notre hymne national. Boganda était celui-là.


RFI : Sa mort, c’est comme une boussole qui s’est brisée ?

M.AT. : Boganda a disparu brutalement dans cet accident d’avion du 29 mars 1959. Il est parti très tôt. Tout l’espoir se trouve brisé, c’est comme une boussole, un phare ! Tout est brisé. Tout est disparu.


RFI : C’est la théorie du mauvais départ en Centrafrique ?

M.AT.: Si Boganda n’était pas mort, on n’en serait sans doute pas là aujourd’hui où nous sommes. Est-ce un simple accident d’avion ou un attentat ? On n’en saura jamais rien. C’est comme un mystère. Et Barthélemy Boganda reste pour nous un mythe. Le mythe est que Boganda n’est pas mort et reviendra.


RFI : Ensuite c’est David Dacko, son successeur, qui a proclamé l’indépendance. Qu’est-ce que le mot « indépendance » signifiait pour vous, Centrafricains ?

M. AT : C’était un moment de liesse, de grande joie. Merci à la France de nous avoir donné, de nous avoir accordé notre indépendance.


RFI : Quelle image gardez-vous de ce jour ?

M. AT : C’est un moment de liesse. Je dirais tout simplement qu’il restait gravé dans ma mémoire.


RFI : Que gagnait la Centrafrique dans cette indépendance ?

M. AT : Une liberté que je n’arriverai pas à qualifier jusqu’à présent, nouvelle ? La fin des corvées, la fin de la chicote… Le commencement de la dignité de l’homme noir, etc … dans tous les esprits centrafricains.


RFI : Une émancipation ? Une libération ?

M. AT : Une libération de tous ces mots-là. Etre libérés, ne plus avoir de chicote. Il n’y aura plus de travail forcé. L’homme noir va commencer à être respecté. Voilà ce que cela signifiait dans la tête du Centrafricain de l’époque.


RFI : Cinquante ans après, qu’est-ce qui reste de cet optimisme ?

M. AT : Aujourd’hui, la situation paraît insoutenable aux Centrafricains. Ils ne mangent pas à leur faim. Ils ne peuvent pas payer les fournitures pour l’école à leurs enfants. Les soins médicaux, ils ne peuvent pas les assurer comme il faut. Les pharmacies, les produits pharmaceutiques sont très chers. C’est ça le changement, qui risque de décourager le Centrafricain.


RFI : L’espérance de vie est tombée à moins de 40 ans ?

M. AT : Il faut redoubler d’efforts. On peut réussir. Il faut faire prendre à cette indépendance une autre physionomie qui corresponde à la vie, à la nature du Centrafricain.


RFI : Qu’a fait la Centrafrique de son indépendance ?

M. AT : Si l’on regarde en arrière, on voit ce que les Centrafricains ont vu, que le monde entier a vu, de Bokassa, les élucubrations, le couronnement de l’empereur et les manifestations des enfants qui ont perdu la vie pour le maintien du pouvoir que l’on sait. Et je le disais, les batailles, les querelles militaro-politiques. Il y a eu également beaucoup de gaspillage qui aurait pu servir pour faire pour l’émancipation de ce pays. Il y a eu des coups d’Etat, des mutineries militaires… qui ont fait des morts aussi ! Tout ça est à déplorer. Les malheurs, les pleurs, tout… Mais tout ça, on peut le rattraper.


RFI : Vous posez-vous la question «Pourquoi en est-on là aujourd’hui» ?

M. AT : Oui. On a tout pour être heureux dans notre pays. Le hic c’est que l’on n’a pas mis à profit toutes ces richesses pour le développement et l’épanouissement du pays dans l’intérêt du peuple centrafricain. Comment y arriver ? Il faut trouver la solution. Il faut que chacun y mette du sien.


RFI : Pour vous ce cinquantenaire est placé sous le signe de la recontruction ?

M. AT : La réflexion générale… Passer au peigne fin tout ce qui ne va pas. Trouver des idées nouvelles, repartir à zéro pour reconstruire notre pays sur une base solide avec une forte volonté politique. On peut réussir.


Les frasques de Bokassa : Morceaux choisis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Satür Le Fur

Source :Rfi.fr,  Les 100 clés de l'Afrique.  Philippe Leymarie et Thierry Perret. Co-édition Hachette Littératures/RFI. 2006.


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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 03:00

La FIFA a condamné l'Espagne et les Pays-Bas à des amendes pour leur comportement " trop violent " pendant la finale.

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La finale de la dernière Coupe du Monde a été la plus violente de l'histoire. Avec quatorze cartons jaunes et un rouge, elle a en tout cas été celle avec le plus grands nombres d'avertissements. La FIFA prévoit des sanctions financières pour les fédérations dont cinq joueurs écopent de cartons pendant un match. Autant dire que la dernière finale dépasse de loin ces prévisions. Les Pays-Bas écopent de 11 000 euros environ alors que l'Espagne devra payer environ 7 000 euros. Des amendes bien dérisoires puisque la FIFA a offert des primes de 23,7 millions d'euros à l'Espagne et 19 millions d'euros à la Hollande. Peut-être les amendes seront-elles retenues sur ces primes...

 Source : Fifa.com

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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 02:36

A Madagascar, un nouvel accord de « sortie de crise » a été signé vendredi 13 août 2010 au soir. Il a été paraphé officiellement par Andry Rajoelina ainsi que par l'ensemble des partis politiques


Un "accord politique" qui prévoit un calendrier électoral aboutissant à une nouvelle élection présidentielle en andry-rajoelina-0451mai 2011 a été signé par Andry Rajoelina et près de 100 partis politiques. Selon les termes de cet accord, M. Rajoelina et l'ensemble des formations signataires s'engagent "à œuvrer ensemble et mettre en commun leurs efforts dans la recherche d'une solution de sortie de crise".  La première étape du processus électoral sera une conférence nationale, organisée "conjointement" par la société civile malgache et les partis signataires. Elle se déroulera du 30 août au 3 septembre, et sera suivie d'un référendum constitutionnel, le 17 novembre. Des élections législatives seront ensuite organisées le 16 mars 2011, avant un scrutin présidentiel deux mois plus tard. Entre-temps, Andry Rajoelina"continuera d'exercer les fonctions de président de la transition jusqu'à l'investiture du président de la IVe République". Le premier ministre et le gouvernement "seront désignés parmi des personnalités proposées de manière concertée par les partis et associations politiques". Ce calendrier électoral apparaît comme un compromis entre celui proposé par M. Rajoelina, qui avait été rejeté en bloc par l'opposition, et celui négocié sous l'égide de la communauté internationale en 2009. L'accord prévoit en outre la création d'une Chambre haute et d'une Chambre basse sous le nom de "Congrès de la transition" dans lequel tous les partis seront représentés.


Beaucoup d'espoirs mais aussi de doutes

D'après le texte, Andry Rajoelina est maintenu président de la Transition. Un gouvernement d’union nationale maputo-0809-00016.jpgdevra être mis en place tout comme un Congrès de la Transition incluant tous les partis signataires. Le calendrier électoral a également été défini avec un référendum constitutionnel le 17 novembre, les législatives le 16 mars et enfin une présidentielle le 4 mai prochain. Après plusieurs dizaines de minutes où les représentants des partis se sont succédé sur l’estrade, c’est Andry Rajoelina qui, le dernier, a apposé sa signature au bas de l’accord politique. La transition malgache serait-elle enfin sur de bons rails ? Evidemment c’est l’avis de tous les participants qui se félicitent qu’on ait dépassé le clivage des quatre mouvances initiales pour impliquer toute la société politique malgache. Mais quid des anciens présidents qui persistent à exiger l’application des accords de Maputo et d’Addis Abeba, pourtant guère éloignés dans l’esprit ? Il semble qu’ils aient été débordés par leur base, Marc Ravalomanana particulièrement.


Dialoguer pour sortir le pays de la crise

photo 1235398252281-2-0Quelque quatre-vingts parlementaires de son parti, le TIM, ont approuvé le texte donnant mandat pour signer le document au porte-parole Raharinaivo. Celui-ci a d’ailleurs été l’une des vedettes du jour, s’exprimant même à la tribune pour fustiger « ceux qui ont perdu l’intérêt supérieur de la nation ». Au contraire, les signataires espèrent avoir redoré leur blason en démontrant qu’ils étaient capables de dialoguer pour sortir le pays de la crise, mais la partie n’est pas encore gagnée. La mise en place d’un gouvernement consensuel sera un premier test pour vérifier la viabilité de cet accord.

Satür Le fur

Sources : lemonde.fr et  rfi.fr

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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 06:58

A l’instar de la Centrafrique, le Tchad reporte en janvier 2011, la commémoration de ses 50 ans d’indépendance. Raison évoquée du côté de N’Djamena: éviter d'en amoindrir l'ampleur, à cause des travaux inhérents à la saison des pluies.

CarteWeb_Tchad1-9b6b7.jpgLe Tchad, qui a obtenu son indépendance le 11 août 1960, a choisi de décaler les festivités de son cinquantenaire à janvier 2011.Cette option a été prise selon les autorités, pour ne pas tenir l’image souhaitée de la fête, en raison de la saison des pluies qui, actuellement, entrave ou empêche les déplacements. Déjà à Paris le 14 juillet, le président Idriss Deby Itno a tenté de donner un peu de solennité à ces indépendances avec le défilé militaire  du détachement tchadien sur les Champs Elysées.

Mais, « en janvier, cette célébration sera-t-elle encore d'actualité? », se demandent certains. Le doute est permis. Egalement, le pari paraît perdu tant la population tchadienne, de même que la majorité de la diaspora semble indifférente à ce cinquantenaire.

 

 

Des chantiers pour changer la physionomie de la capitale pour le cinquantenaire

 

A N’Djamena, la capitale, depuis plus de deux mois, les choses s’accélèrent et font changer le visage de la ville.

Le Président Idriss Déby Itno a posé la première pierre de la construction de la Place du Cinquantenaire qui sera bâtie au Camp des Martyrs, sur les ruines de l’Etat major de l’Armée tchadienne, située en face de la Présidence de la République.

Le renouveau architectural est aussi le leitmotiv de la commission nationale en charge des festivités du cinquantenaire que préside le ministre des Infrastructures, Adoum Younousmi, qui a pour adjoint Mme Marie-Thérèse Mbaïlemdana, maire de la ville de N’Djamena. Plus d’une cinquantaine de kilomètres de routes sont en train d’être bitumées dans la capitale et les lampadaires non fonctionnels, sur les différentes avenues, sont en train d’être remplacées.

Le maire de Ndjamena, appuyée par le ministre de l’Intérieur, Ahmat Bâchir, a ordonné la démolition des maisons en terre battue sur les avenues et boulevards bitumées de la capitale. Plusieurs propriétaires de ces maisons se sont exécutés en procédant à la démolition de leurs demeures, pour construire en dur à la place. En dehors de ces constructions en dur, les propriétaires de ces maisons ont l’obligation de paver l’espace qui sépare leurs concessions des routes bitumées. Les généraux et autres officiers supérieurs de l’armée dont la plupart sont des proches parents du chef de l’Etat et qui occupent anarchiquement depuis 20 ans toutes les villas administratives du quartier résidentiel et du quartier Sabangali ont été déguerpis, manu militari. Un affrontement meurtrier le 20 juillet dernier entre la protection d’un général de l’armée de l’air qui refusait de quitter les locaux et les éléments des forces de sécurité dont des éléments de la Garde présidentielle ont fait au moins trois morts et plusieurs blessés graves.

Pour Mme Mbaïlemdana, maire de la ville, « N’Djamena doit être la vitrine de l’Afrique centrale ». Plus de deux mois après ces différentes opérations musclées, la capitale, N’Djamena, ressemble à un vaste chantier. C’est en fait une autre N’Djamena, totalement moderne, qui célèbrera le 11 janvier 2011 le cinquantenaire de l’indépendance au regard de ces vastes chantiers.

La future Place du Cinquantenaire remplacera l’ancien Camp des martyrs

Plusieurs semaines après la destruction de l’ancien Camp des martyrs, les nouvelles constructions sont camp-des-martyrs--30-02-2010-02-11-25.pngannoncées ; un mémorial, un grande arche large de 44 m s’élevant à plus de 50 m de hauteur ,d’une esplanade aménagée de 22.500 m2, des fontaines et des bacs à fleurs, viendront se poser sur ce vaste terrain vide. Cette future Place du Cinquantenaire devrait avoir les largeurs de rue les plus grandes de N'Djamena allant jusqu'à 20 mètres ainsi qu'un grand boulevard de 60 mètres de large.  Plusieurs immeubles de haut standing à usage professionnel et de logements seront construits sur les bords des différentes avenues de cette Place du Cinquantenaire. « La Place du Cinquantenaire sera le symbole du renouveau architectural au Tchad », a déclaré le ministre de l’Aménagement du territoire, Djimrangar Dadnadji, à la pose de la première pierre.
Les festivités du 50ème anniversaire de l'indépendance seront célébrés sur cette place qui pourrait être comparable aux grandes avenues de Londres ou encore l'actuel Champs-Elysées de Paris.

 

L’évolution politique du Tchad après l’indépendance

Au Tchad, le pouvoir se conquiert au bout du fusil, et la démocratie peine à s’installer. De turbulence en François Tombalbayeturbulence, c’est encore, cinquante ans après, un pays fragile. Dès 1960, les signes avant-coureurs de tensions apparaissent. Le 24 août, deux semaines seulement après la proclamation de l’indépendance, le président François Tombalbaye se débarrasse de façon surprenante de Gabriel Lisette, vice-Premier ministre et président du Parti progressiste tchadien (PPT, au pouvoir), alors en mission à l’étranger. D’origine antillaise, Lisette est déchu de la nationalité tchadienne et interdit de revenir au Tchad. Même sort pour le maire de Fort-Lamy (qui deviendra N’Djamena en 1973), et député du Ouaddaï, Jean Baptiste, un métis franco-tchadien. Tombalbaye s’en prend aussi à une poignée de politiciens influents, qu’il assigne à résidence. Deux ans après l’indépendance, tous les partis politiques, à l’exception du sien, sont interdits, et il instaure un régime présidentiel à la mesure de son ambition. Depuis, les combats pour le pouvoir n’ont jamais cessé. Président tchadien à la plus longue longévité au pouvoir (vingt ans), Idriss Déby Itno n’en a pas moins été confronté à différentes rébellions, soutenues notamment par Khartoum. Des rébellions menées souvent par ses amis d’hier ou des membres de sa famille, qui l’ont menacé jusque dans son palais en février 2008.
Depuis quelques mois, l’actuel chef de l’État a normalisé ses relations avec le Soudan et entrepris des discussions avec les différentes factions rebelles. La découverte de pétrole en 2000 et son exploitation dès 2003 sont censées sortir le Tchad, territoire enclavé, de la misère. Mais cette manne a aussi aiguisé les appétits. Plus que jamais, le pouvoir attire et divise.

50 années amères

Le 11 août 1960 à minuit raconte-t-on, l’écrivain et homme politique français André Malraux lisait à la lueur d’une lampe torche au nom du Général De Gaule la déclaration de l’indépendance du Tchad dans un concert d’applaudissement des Lamifortains, heureux de tenir enfin la liberté tant rêvée. L’évènement serait fêté à travers tout le pays, à juste titre comme gage du peuple tchadien à disposer de lui-même. Aux historiens, le soin et le privilège de peindre d’après leur nature les fresques de cette date inoubliable. Cinquante ans après, que peut-on retenir de cette accession à la souveraineté internationale ?

Force est de constater que le pays croule aujourd’hui sous le poids d’une dette énorme, la vraie, celle de n’avoir pas su offrir à ce peuple épris de liberté, de justice et de paix, le bonheur qui devait logiquement découler de cette nouvelle donne historique.

Et pourtant une devise audacieuse (Unité – Travail – Progrès), un hymne résolu (la tchadienne) et de couleurs vives (bleu, jaune, rouge) forçaient l’admiration et le respect. De couleurs vives, il n’en est point question aujourd’hui et notre étendard n’est rien qu’un tissu d’intentions jamais réalisés. Point de bonheur à espérer, point de richesse à partager. L’exploitation de l’or noir a complètement noirci l’avenir. Seule resplendit encore la couleur rouge, symbole du sang de nos martyrs, ancêtres et jeunes sacrifiés sur l’autel de la barbarie, du cynisme et du « ôtes – toi que je m’y mette ».

Le régime de François Ngarta Tombalbaye (1960 – 1975), marqué par un retour aux sources, n’a pas été plus Hissene-Habre.jpghumaniste. Pasteurs, imams et autres qui n’adhéraient pas au phénomène de Yondo (l’initiation) étaient exécutés sans autre forme de procès. De 1975 à 1990, le Tchad à connu une période d’insécurité généralisée qui a favorisé beaucoup d’exactions rien que pour des raisons d’appartenance ethnique ou religieuse.Le régime du Général Félix Malloum marqué par une embellie économique nouvelle et des soucis de réconciliation nationale, n’a rien d’insolite sur le plan des droits de l’homme.

La « 3ème République » sous Hisséne Habré (actuellement en exil doré au Sénégal) se passait bien des commentaires. 40 000 personnes exécutées ou mortes en détention et 200 000 citoyens torturés. Dès lors vous imaginez le nombre d’orphelins et de veuves. À partir du mois de septembre 1984, Habré entreprit d'éliminer les élites sudistes pour les remplacer par des hommes à lui. Cette sinistre période est restée dans les mémoires sous le nom de " Septembre noir ".

L’actuel Président Idriss Déby Itno, et non moins ex bras droit de Hisséne Habré, lui n’a pas fait dans les détails depuis 20 ans : les assassinats, le mensonge politique, le pillage systématique et la culture de l’ignorance sont érigés en système de gouvernement sur les ruines des crimes de son prédécesseur. L’Etat s’effrite, la République chavire et l’anarchie s’installe devant un peuple résigné… Et bien des circonstances sont là qui nous ramènent à l’éternel rouge… Le SANG, le sang des tchadiens.

La mémoire collective foisonne de termes macabres, de tristes souvenirs : guerres civiles, février 1979, septembre noir, massacres des hadjarai, des goranes, des zaghawa, des kirdis… et bien des localités renvoient à des évènements douloureux : Goré, Doba, Déli, Yinguilim, Boudouloum , etc.
Chaque régime à ses victimes et toutes les ethniques depuis 50 ans, y sont presque passées : sara, arabes, ngambaye, tounia, toubou, kanembou, zaghawa, gorane, hadjeraï… et on voudrait trouver aux tchadiens un Nord et un Sud.

Tous ces morts réclament sinon justice, au mois la reconnaissance des forfaits et une repentance collective, au moins qu’on implore leur pardon et celui de Dieu. Ces 50 années sont assurément pour le commun des tchadiens des années amères.


 

Tchad : cinquante ans de rébellion

En janvier dernier, après cinq années de conflits par guerrilla interposée, le Tchad et le Soudan ont signé un accord de normalisation de leurs relations. Un nième accord entre les frères ennemis mais qui, pour une fois a été suivi d'actes concrets. La fin d'un cycle ?

20090119-tchad-m.jpgLes rébellions armées au Tchad se sont succédé au cours des cinquante dernières années. Quatre ans à peine après la proclamation de l'indépendance, c'est déjà au Soudan qu'Ibrahim Abatcha crée le premier mouvement armé tchadien, le Front de libération nationale du Tchad (Frolinat). Son objectif est de lutter contre le régime sudiste au pouvoir accusé de discriminer les populations de l'Est, du Centre et du Nord.

La révolte est pourtant beaucoup plus ancienne : la France s'est appuyée sur les élites du Sud pendant toute la période coloniale. Et après l'indépendance, l’emprisonnement des membres du gouvernement originaires du Nord déclenchera une émeute violemment réprimée dans le quartier musulman de Fort-Lamy, en septembre 1963. Deux ans plus tard, quand la relève administrative va installer dans le Nord et l’Est, des fonctionnaires et des militaires, majoritairement originaires du Sud, multiplient les maladresses ou les exactions qui entretiendront l’hostilité de ses populations. Le premier président du Tchad indépendant, François Tombalbaye, fera appel à l'ancienne puissance coloniale, la France, pour tenter de mettre un terme à ces révoltes.

L'histoire ne fait ensuite que se répéter. François Tombalbaye est renversé par un coup d'Etat et remplacé par un autre Sudiste, le général Félix Malloum en 1975.

L'une des premières mesures du général Malloum sera d'exiger la fermeture de la Felix-Malloum.jpgbas e  militaire française, à Ndjamena. Il demandera ensuite à renégocier l'accord militaire qui lie le Tchad à son  anc ienne puissance coloniale, un accord jugé par les Nordistes comme une entrave à la réconciliation nationale. Mais les rebelles du Nord se font de plus en plus menaçants et le général Malloum finit en 1978 par nommer Hissène Habré, le chef des Forces armées du Nord (FAN), l'une des branches du Frolinat, au poste de Premier ministre.

L'accalmie est de courte durée : un an plus tard, Sudistes et Nordistes se font la guerre dans les rues de Ndjamena. Le conflit durera neuf mois.

Goukouni-Weddeye.jpgÀ partir de 1979, tous les chefs d'État sont originaires du Nord. Le président Malloum s'est retiré au Nigéria. Les Sudistes,  peuvent au mieux prétendre au poste de Premier ministre. Ils s'orientent vers une lutte essentiellement politique et ne jouent souvent que les seconds rôles dans la gestion des affaires du pays. Mais cela ne met pas un terme aux conflits au Tchad. Le Gouvernement d'union nationale de transition (GUNT) est présidé par Goukouni Weddeye entre mars et avril 1979, puis à nouveau en septembre.

Le Frolinat connait depuis sa création des dissensions et ce sont ses leaders qui se battent désormais pour prendre le pouvoir.

habreHissène Habré renverse le président Goukouni Weddeye en 1982. Ce dernier ne renonce pas au pouvoir. Avec l'appui de la Libye, il mène une guerre sans merci à son ancien coreligionnaire. Mais le président Habré bénéficie comme ses prédécesseurs du soutien de l'armée française qui à travers l'opération «Épervier» en 1986 lui permettra de repousser les rebelles du Frolinat de Goukouni Weddeye et de ses alliés libyens.

Le présidence d'Hissène Habré est marquée par une violente répression politique. Habré favorise son ethnie, les Goranes, comme en son temps François Tombalbaye privilégiait les Sudistes. Il fait et défait ses collaborateurs, crée des jalousies. Finalement, une nouvelle rébellion, le Mouvement patriotique du salut (MPS) voit le jour au Soudan. Son chef est Idriss Déby, l'ancien chef d'État major d'Hissène Habré. Les atrocités commises par le chef de l'État tchadien finissent par lasser Paris qui secrètement prend partie pour le nouveau chef rebelle. Idriss Déby fait son entrée à Ndjamena en décembre 1990. Hissène Habré prend la fuite et se réfugie au Sénégal.

Le coup d'État d'Idriss Deby ne met pas un terme à la culture de la rébellion. C'est à la faveur du déclenchement de la crise au Darfour que les mouvements rebelles tchadiens connaissent un nouvel essor. Idriss Déby est venu au pouvoir avec le soutien de son voisin, Omar el-Béchir. Mais la confiance entre les deux présidents s'étiole.

habre-deby.jpgL'entourage du chef d'État soudanais accuse de plus en plus ouvertement Idriss Déby de soutenir la rébellion darfouri et notamment le MJE, le Mouvement pour la justice et l'égalité, dirigé par Khalil Ibrahim, cousin du demi-frère du président tchadien. Les Zaghawas, l'ethnie de ce dernier, y sont majoritaires. Et leurs parents tchadiens occupent les postes clefs du régime et de l'armée au Tchad, comme les Goranes du temps d'Habré.

Les populations darfouri affluent dans l'Est du Tchad et les rebelles soudanais utilisent comme base arrière les nouveaux camps de réfugiés. Même si au départ Idriss Déby est loin d'être favorable à cette rébellion darfouri, le ver est dans le fruit. Le Soudan soutient plus officiellement la rébellion tchadienne qui végète au Darfour, dans un premier temps pour contrer les rebelles soudanais du Darfour. Mais, par la suite,  le Front uni pour le changement (FUC) du capitaine Mahamat Nour Abdelkerim finira par attaquer Adré, l'un des bastions de l'armée tchadienne à la frontière avec le Soudan en décembre 2005.

Un premier accord de paix entre le Tchad et le Soudan est signé à Tripoli en février 2006. Mais il reste lettre morte, puisque le FUC lance cette fois une attaque sur Ndjamena en avril. L'armée française tient Idriss Déby heure par heure au courant de son avancée et tirera même un coup de semonce près d'une colonne rebelle, comme un avertissement. L'ancienne puissance coloniale est toujours là ou presque pour soutenir le régime en place.

En février 2008, une nouvelle attaque rebelle va encore plus loin. Les troupes de Idriss-Deby.jpgMahamat Nouri, un ancien proche d'Hissène Habré et de Timane Erdimi, le neveu du président Déby, assiègent pendant plusieurs heures la présidence à Ndjamena. Elles finissent par se retirer le 3 février. Et comme pour répondre à cette attaque, le MJE de Khalil Ibrahim parvient en juin la même année pour la première fois à Omdourman, aux portes de Khartoum. Ce raid est lui aussi avorté. C'est le paroxysme de la crise entre les deux pays.

Sans l'appui du Soudan, des telles attaques sur Ndjamena ne paraissent plus possibles dans l'immédiat. En effet, depuis le 15 janvier 2010, date d'un nouvel accord de non agression entre les deux pays, Ndjamena et Khartoum ont procédé à quelques échanges diplomatiques : le président tchadien Idriss Déby s'est rendu le 8 février dans la capitale soudanaise. Une première depuis le début de la crise. Le chef de l'État soudanais, Omar el-Béchir, réélu en avril dernier, était à Ndjamena, le 20 juillet. Le Tchad, signataire du Traité de Rome instituant la Cour pénale internationale, a refusé d'arrêter Omar el-Béchir, poursuivi par la CPI pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide au Darfour.

DEBY-20ELBECHIR-1-Dans l'intervalle, les deux pays ont expulsé les dirigeants des mouvements rebelles, qui avaient trouvé refuge de part et d'autre de la frontière tchado-soudanaise.

Les troupes rebelles tchadiennes sont aujourd'hui cantonnées au Darfour et leurs chefs sont à Doha, au Qatar. L'émir du Qatar est également médiateur dans la crise au Darfour et accueille sur son sol bon nombre de chefs rebelles darfouri.

Le président Idriss Déby a obtenu une modification de la Constitution en 2005 qui a notamment supprimé la limitation du nombre de mandats pour le chef de l'État. Il briguera donc un quatrième mandat en 2011.


 Chronologie du Tchad indépendant

Sur 50 années d'indépendance, le Tchad a connu plus de 20 ans de guerre civile, ponctués de coups d'État et d'interventions de l'armée française. La guerre au Darfour voisin, qui a éclaté en 2003, a contribué à destabiliser le pays qui reste l'un des plus pauvres de la planète.

1900 : La conquête militaire française. La bataille de Kousséri marque le début de la conquête militaire du territoire tchadien par l'armée française et la fin de l'indépendance africaine dans cette partie du Sahel. Le 22 avril 1900, elle oppose les colonnes françaises à l'armée du conquérant Rabah Fadlallah, un puissant marchand d’esclaves venu du Soudan et fait des milliers de morts, parmi lesquels figurent Rabah Fadlallah lui-même et le colonel Lamy. Quelques jours plus tard, le commandant Emile Gentil prend la relève et fonde Fort-Lamy en mémoire de l'officier français. Malgré la signature du décret du 5 septembre 1900 créant le Territoire militaire des pays et protectorats du Tchad, l'armée connaîtra une très forte opposition pendant 17 ans, notamment des populations du Nord et de l'Est (Ouaddaï). Le Tchad ne devient une colonie civile qu'en 1920.

1940 : Le ralliement du Tchad à la France Libre  Le 27 août 1940, le gouverneur du Tchad, Félix Eboué, se rallie au général de Gaulle et, après quelques frictions locales, entraîne toute l’AEF, l'Afrique équatoriale française, qui devient le premier territoire africain de la France Libre. La célèbre colonne Leclerc, partie du Sahara pour rejoindre Berchtesgaden en Allemagne, est composée de 3 000 hommes, dont seulement 55 Français. Nombreux sont aussi les Tchadiens parmi les 1 000 tirailleurs disparus lors de la bataille de Bir Hakeim en juin 1942.

1958: La République autonome du Tchad De 1900 à 1958, 35 hommes seulement se succèderont à la tête du Tchad*. Mais en novembre, cette année-là, deux ans avant l'indépendance et de concert avec la puissance coloniale qui vient elle même d'instaurer la Ve République, le Tchad devient une République autonome au sein de l'éphémère Communauté française.

1960 : L'indépendance Le Parti progressiste tchadien (PPT) de Gabriel Lisette, puis de François Tombalbaye, joue un rôle central dans l'évolution rapide qui survient au cours des mois précédents. Une entente conclue entre ce dernier et le Premier ministre français, Michel Debré, en juillet 1960, définit les modalités de l'accession à l'indépendance qui est proclamée le 11 août 1960. Le Tchad, qui compte à ce moment 2,7 millions d'habitants, sera admis à l'Organisation des Nations unies le 20 septembre 1960. L'adoption d'une nouvelle Constitution mènera à la création d'un régime présidentiel et à l'élection de François Tombalbaye qui devient le premier président du Tchad indépendant.

1962 : L'instauration d'un parti unique Le 19 janvier 1962, après avoir écarté ses concurrents au sein de son propre parti le Parti progressiste tchadien, le président François Tombalbaye décrète la dissolution de toutes les autres formations politiques. Le multipartisme ne sera réintroduit au Tchad qu'en 1990.

1966: La création du Frolinat L’emprisonnement des membres du gouvernement originaires du nord déclenchera une émeute violemment réprimée dans le quartier musulman de Fort-Lamy, dès septembre 1963. La relève administrative, en janvier 1965, va installer dans le Nord et l’Est des fonctionnaires et des militaires, majoritairement originaires du Sud, dont les maladresses ou les exactions entretiendront l’hostilité de la population. Des incidents éclatent en 1965 et 1966. Le 22 juin 1966, Ibrahim Abatcha crée depuis le Soudan le Front de libération nationale du Tchad (Frolinat), un mouvement armé qui lutte contre le régime sudiste accusé de discriminer les populations de l'est, du centre et du nord. Mais le Frolinat connait rapidement des dissensions internes. Et l'intervention de l'armée française sur demande du président Tombalbaye va un temps empêcher sa progression.

1974 : L'enlèvement de Françoise Claustre L'ethnologue française Françoise Claustre, ainsi que le coopérant français Marc Combe et le Dr Christophe Staewen, un Allemand, sont enlevés le 21 avril 1974 dans le Tibesti dans le nord du Tchad par les rebelles du Frolinat de Goukouni Weddeye et d'Hissène Habré. Françoise Claustre sera maintenue en otage pendant plus de 1 000 jours. C'est cet événement qui fera connaître dans le monde les chefs rebelles du nord du Tchad.

1975: Le premier coup d'Etat Le président François Tombalbaye est assassiné le 13 avril 1975. Le général sudiste Félix Malloum prend le pouvoir. Premier chef d’état-major de l’armée tchadienne au lendemain de l’indépendance, il avait été arrêté en 1973 par Tombalbaye. Il devient le second président de la république du Tchad indépendant. Et l'une de ses premières mesures sera de demander la fermeture de la base militaire française au Tchad.

1979: La guerre des Neuf-mois En août 1978, après plusieurs années de conflits entre le Sud et le Nord, le président sudiste Félix Malloum instaure un gouvernement bipartite et nomme le chef des Forces armées du nord (FAN), Hissène Habré, Premier ministre. L'attaque de la maison d'Habré par la police nationale, le 12 février 1979, met le feu aux poudres. C'est le début de la guerre dite des Neuf-mois. Le président Félix Malloum se retire de la vie politique en s'exilant au Nigeria. Trois gouvernements successifs d'union nationale de transition (GUNT) seront mis en place pour tenter de rétablir l'ordre à Ndjamena, la capitale.

1982 : Le coup d'Etat d'Hissène Habré Le chef des Forces armées du Nord (FAN), Hissène Habré, renverse le président Goukouni Weddeye, le 7 juin 1982. Sa légitimité est confortée au Sommet franco-africain de Kinshasa. Le poste de Premier ministre est supprimé et plusieurs opposants politiques sont exécutés. Habré transforma les FAN en armée régulière (FANT), puis créa une police politique, la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS) qui sera responsable de milliers d'enlèvements et d'assassinats politiques. Il ordonnera également des massacres dans le sud-est, notamment en septembre 1984 («Septembre noir»).

1986: L'opération «Épervier» Pour venir en aide au président Hissène Habré, les autorités françaises déclenchent l'opération extérieure «Épervier» le 14 février 1986. À l'époque, les forces armées libyennes qui soutiennent le Frolinat de Goukouni Weddeye dans sa lutte contre Habré viennent de franchir le 16e parallèle (située dans le nord du Tchad). La France était déjà intervenue une première fois trois ans plutôt pour la même raison.

1990: Le coup d'Etat d'Idriss Déby Devant l'avancée du Mouvement patriotique du salut (MPS), le président Hissène Habré prend la fuite. Il se réfugie au Sénégal où il est arrêté. Il est aujourd'hui inculpé pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et actes de torture. En juillet 2006, c'est l'Union africaine qui lui avait donné mandat de juger l'ancien dictateur «au nom de l'Afrique», ce que le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, a accepté. Le 4 décembre, Idriss Déby, ancien proche collaborateur d'Habré et chef du MPS, prend le poste de président du Conseil d'État avant de devenir président de la République en février l'année suivante.

1993: La Conférence nationale de réconciliation Au début de l'année 1993, le Tchad organise une conférence nationale de réconciliation, à l'issue de laquelle une charte de transition est adoptée. Fidèle Moungar, issu du Frolinat, est élu Premier ministre. L'ancien président Lol Mahamat Choua prend la tête du Conseil supérieur de la transition (CST).

1996: La première élection d'Idriss Déby Près de six ans après le coup d'État, Idriss Déby est finalement élu président pour un premier mandat le 11 juillet. Les résultats des élections sont contestés par bon nombre d'opposants. Cinq ans plus tard, Idriss Déby est réélu dès le premier tour. Les six opposants au président sont brièvement interpellés, alors qu'ils se réunissaient au domicile de l'un d'entre eux, Saleh Kebzabo. Ils ont été libérés une demi-heure plus tard.

2003: Le Tchad devient un pays pétrolier La prospection a débuté dès la fin des années 60. Mais longtemps, les réserves pétrolifères ont été jugées trop insuffisantes pour rentabiliser leur exploitation, soit parce que les coûts d’extraction et de transport étaient jugés trop élevés, soit parce que la situation dans le pays ne permettait pas de l’envisager sans risque. Il faudra attendre 1989 et la découverte du champ pétrolifère de Doba, dans le Logone oriental au sud du pays pour que l’exploitation soit à nouveau envisagée. Un premier consortium jette l'éponge. C'est finalement grâce à l'intervention de la Banque mondiale que l'exploitation par le consortium Exxon-Mobil, Chevron et Pétronas peut commencer en 2003. Elle accepte d’investir à hauteur de 500 millions de dollars sur les 3,7 milliards nécessaires au projet. En échange, elle impose au gouvernement tchadien une gestion très stricte de la manne pétrolière. Mais l'accord signé ne sera jamais respecté et la Banque mondiale finira par se retirer du projet. L'année 2003 est également marquée par le début de la crise du Darfour, région frontalière du Tchad. En quelques mois, l'Est du pays devient un refuge pour des dizaines de milliers de Darfouri. Ce conflit aux portes du Tchad aura rapidement des conséquences sur les relations entre Khartoum et Ndjamena.

2006 : Première attaque sur Ndjamena Le Soudan et le Tchad sont au bord de la rupture. Les pays s'accusent depuis des mois à mot couvert de soutenir leurs rébellions respectives. Sous l'égide du guide libyen, Mouammar Kadhafi, ils signeront un accord de réconciliation à Tripoli. Mais le 13 avril, avec l'aide de la France, Idriss Déby réussit à stopper les rebelles des Forces unies pour le changement du capitaine Mahamat Nour Abdelkerim, aux portes de Ndjamena, après une bataille sanglante qui engendra des centaines de morts. Quinze jours plus tard, Idriss Déby est réélu pour un troisième mandat. L'opposition qui avait protesté contre la modification de la Constitution qui a permis à l'homme du Tchad de se présenter une troisième fois, avait appelé au boycott.

2007: L'arche de Zoé Le 25 octobre, un convoi transportant 103 enfants est intercepté sur la route de l'aéroport d'Abéché, principale ville de l'Est. Les forces de sécurité tchadiennes arrêtent les 9 Français qui les accompagnent, ainsi que les cinq Espagnols, membres d'équipage de l'avion qui devait les ramener en France. C'est le début de l'affaire de l'Arche de Zoé. Tous sont accusés d'enlèvement ou de complicité. Eric Breteau, le chef de cette opération, avait affirmé vouloir faire un coup médiatique en exfiltrant des orphelins du Darfour et en les ramenant en France, pour sensibiliser l'opinion publique. Mais le HCR et de l'UNICEF démontreront rapidement qu'il s'agit pour l'essentiel d'enfants tchadiens ayant au moins un parent en vie. Après intervention du président français Nicolas Sarkozy, tous les Européens impliqués finiront par être libérés.

2008: Deuxième attaque rebelle sur Ndjamena La signature de nouveaux accords entre le Tchad et le Soudan n'empêche pas de nouvelles offensives rebelles. Le 2 février, les rebelles tchadiens dirigés par Timane Erdimi et Mahamat Nouri font leur entrée dans Ndjamena. Ils feront plusieurs heures le siège du palais présidentiel, sans parvenir à percer les dernières lignes de défense de l'armée tchadienne. Ils finiront par se retirer le lendemain. Comme pour répondre à cette attaque, le Mouvement pour la justice et l'égalité, principal groupe du Darfour dirigé par Khalil Ibrahim, le cousin du demi-frère d'Idriss Déby, parvient jusqu'à Omdourman, faubourg du nord de Khartoum. Les autorités soudanaises sont obligés de décréter un couvre-feu. C'est la première fois que le MJE s'approche aussi près de la capitale soudanaise.

2010: La réconciliation entre le Tchad et le Soudan Sous l'égide du Qatar et de la Libye, Ndjamena et Khartoum signent un accord de normalisation de leurs relations le 15 janvier 2010. Le président tchadien Idriss Déby sera le premier à faire le voyage chez son voisin le 8 février. En mai, les autorités tchadiennes refouleront le chef du MJE, Khalil Ibrahim arrivé à l'aéroport de Ndjamena. Le Soudan expulse à son tour les principaux leaders de la rébellion tchadienne et notamment Timane Erdimi et Mahamat Nouri, 24h avant la visite du président soudanais à Ndjamena, le 20 juillet 2010. Le Tchad qui est pourtant signataire du traité de Rome instituant la Cour pénale internationale refuse d'arrêter Omar el-Béchir, poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide au Darfour.
 

* Les mandats des gouverneurs sont d'une durée de 6 mois à 4 ans.

__________
À consulter : l'Index chronologique du Tchadétablie par l'organisation Mass violence. Mars 2008.


Ce que pensent les Tchadiens


Antoine Bangui-Rombaye : «On pensait que le parti unique pouvait éviter les disputes tribales»


Antoine Bangantoine_bangui_344_0.jpgui-Rombaye a été membre du gouvernement tchadien à plusieurs  reprises entre 1962 et 1972,  année où il t omba en disgrâce et fut emprisonné. Il a raconté ses 3 ans de prison dans un ouvrage autobiographique Prisonnier de Tombalbaye. Auteur d'un essai Tchad élections sous contrôle 1996-1997, il a aussi  écrit des oeuvres plus intimes.

RFI : Antoine Bangui, quels souvenirs gardez-vous du 11août 1960 ?

Antoine Bangui : Mes souvenirs sont encore très vivaces. Je me rappelle la proclamation de l’indépendance aux environs de minuit. Il y avait le ministre André Malraux et à côté, François Tombalbaye bien sûr. La cour de la présidence était absolument envahie de monde. Les tam-tams n’arrêtaient pas de jouer et c’était pour nous quelque chose de poignant parce que, en ce qui me concerne, je considère que c’est la première fois que le Tchadien accède à la dignité. Ce n’est plus la période de la colonisation. On devient indépendant. On peut se faire représenter dans tous les pays du monde et particulièrement aux Nations unies. Pour moi, le souvenir, non seulement ça a été très émouvant, mais ça reste toujours très émouvant.

RFI : Qu’est-ce que vous espériez à l’époque ?

A.B.: Les Tchadiens attendaient beaucoup de cette indépendance concernant l’amélioration de leurs conditions de vie mais pas seulement ça. On venait de sortir de la période de la colonisation où malgré tout on était considéré comme des hommes de seconde zone. Et à la proclamation de l’indépendance, nous étions convaincus qu’on allait prendre les affaires du pays en mains et ça c’est quelque chose… En ce qui me concerne, j’avais l’impression que l’avenir devait s’avérer radieux, mais malheureusement il y a eu pas mal d’évènements par la suite.

RFI : François Tombalbaye a été le premier président du Tchad indépendant. Vous êtes devenu ministre dès 1962. Cette année-là tous les partis politiques, à l’exception du Parti progressiste tchadien du président (PPT), ont été dissous. Comment expliquez-vous rétrospectivement cette décision ?

A.B. : Pendant la période de la Loi-cadre, il y avait au moins une dizaine de partis politiques qui étaient représentés à l’Assemblée territoriale à l’époque. Ce n’était pas encore l’Assemblée nationale et les gens se disputaient à l’Assemblée. L’ambiance démocratique était observée. Mais on a l’impression que les dirigeants du Parti progressiste tchadien œuvraient pour un grand rassemblement de tous les partis. Non seulement ils voulaient tout ramener au niveau du Parti progressiste tchadien, mais ils étaient conscients que chaque pays africain était constitué d’un patchwork d’ethnies et que la constitution d’un parti unique pouvait éviter les disputes tribales. C’est ce à quoi ils pensaient à l’époque. Petit à petit, on s’était rendu compte que c’était plutôt un parti au service du seul président Tombalbaye, c’est-à-dire au profit des seuls dirigeants du Parti progressiste tchadien. Je dois avouer que moi, à l’époque, je n’étais pas membre du Parti progressiste tchadien. Moi, je venais de terminer mes études d’inspecteur primaire à l’École normale supérieure de Saint-Cloud en France. Quand j'étais rentré, on a dit : «on va le nommer comme ministre de l’Éducation nationale». Cette dissolution des partis politiques au Tchad avait provoqué, naturellement, un mécontentement. Lorsqu’on se rend compte que les autres partis ne pouvaient plus s’exprimer comme ils l’entendaient, il y avait un mécontentement sourd qui se développait.

RFI : Et vous pensez que c’est pour cela qu’au Tchad, il y a eu plus de quarante ans de rébellion, de mouvements rebelles, que c’est ce problème de partage du pouvoir ?

A.B.: Je suis convaincu à partager ce point de vue parce que lorsque le président Tombalbaye est tombé par un coup d’état militaire, la plupart des officiers à l’époque étaient des officiers issus de la région du Sud. Ils avaient constitué un gouvernement qui n’était composé que d’officiers originaires du Sud. Je me rappelle qu’il y avait simplement un lieutenant du Nord qui était membre du gouvernement. Alors cette façon de gouverner, de gérer la politique, entraîne indubitablement des problèmes. Hissène Habré a connu également le même problème quand il est arrivé au pouvoir et c’est sa région gorane qui était majoritaire au sein des instances gouvernementales ou bien diplomatiques ou bien les principaux services de l’État. Et la seule chose que je peux dire, c’est que sa main se perpétue. Alors il faudrait qu’un jour les responsables du pouvoir à Ndjamena, quelle que soit la forme de la démocratie qu’ils auront acceptée, il faut qu’il existe un organisme qui puisse réfléchir sur la manière de mettre fin à la corruption car c’est ça qui est le danger principal qui guette non seulement le Tchad mais la plupart des États africains. Je pense qu’il appartient, puisque nous vivons dans un régime présidentiel, il faudrait qu’un jour le président tchadien en place prenne des initiatives ou bien une initiative pour étudier la meilleure manière de mettre fin à la corruption, de mettre fin au népotisme, de mettre fin à tout ce qui gangrène actuellement la vie politique tchadienne.

RFI : On a l’impression à vous entendre que le Tchad, en cinquante ans, a échoué à mettre en place un État qui soit un État pour tous ?

A.B. : Je ne dis pas tout à fait ça mais l’expérience m’a appris que tous les gouvernements qui se sont succédé ont tendance à ne favoriser que leur ethnie ou leur région plutôt. Ca crée toujours des problèmes. On peut vivre cet état de chose pendant 10 ans, 20 ans, même 30 ans, mais après il faut réfléchir sur la manière de créer la concorde nationale, sur la meilleure manière de ramener la paix dans les cœurs. Parce que ceux qui luttent actuellement ou qui sont dans une opposition absolument violente, c’est parce qu’ils éprouvent une certaine frustration en voyant par exemple des gens qui ne sont pas à la hauteur pour diriger tel ou tel département, tel ou tel service, et ceux qui ont eu une formation pour cela sont un peu à l’arrière-plan. C’est ceci qui crée une frustration. Tant qu’on ne mettra pas fin à cela, j’ai l’impression qu’on connaîtra toujours des périodes mouvementées.

RFI : Quelles relations le Tchad a conservées avec l’ancienne puissance coloniale, la France ?

A.B.: Personnellement, je considère que les relations sont bâties sur l’inégalité. Vous voyez, lorsqu’on avait signé les accords de transfert de compétences, à l’époque, pour accéder à l’indépendance, les premiers gouvernements tchadiens, et je dirais même, la plupart des gouvernements africains n’avaient pas les moyens humains, intellectuels, d’analyser tous les articles. On leur a proposé un texte, ils sont venus simplement signer. Ca n’a pas donné lieu à des discussions sincères. Jusqu’à une certaine période, le Tchad ne pouvait pas exploiter par une autre puissance, ses ressources du sol et du sous-sol. Et je ne prends que cet exemple là, en matière de commerce extérieur, vous savez fort bien qu’à un moment donné le Tchad ne pouvait pas établir des relations commerciales avec soit la Chine ou les États-Unis et il ne peut pas dépasser un certain plafond parce que nous avons un compte d’exploitation au Trésor français qui couvre la zone CFA en quelque sorte. Vous voyez que ce sont des relations assez ambigües qui n’ont pas permis au Tchad de se manifester en tant que puissance souveraine. Tous les gouvernements tchadiens successifs ont fait appel à l’armée française pour se maintenir en place. Et là, il n’y a quelque chose qui ne va pas parce que demander l’appui d’une grande puissance pour se maintenir au pouvoir alors que des problèmes de liberté et des problèmes de frustrations, des problèmes de famine, des problèmes de développement (ne serait-ce que des problèmes de développement de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur), il y a quelque chose qui ne va pas.

RFI : Cette capacité de pouvoir faire appel à la France pour se maintenir au pouvoir, c’est aussi l’une des causes qui font qu’aujourd’hui, le processus démocratique au Tchad n’a pas pu vraiment se mettre en place ?

A.B. : C’est l’un des éléments qui sous-tend de cela. Il y a un problème culturel au Tchad. Celui qui arrive au pouvoir généralement dit que «c’est le bon Dieu qui l’a amené là». Dès lors qu’on raisonne comme çà, on risque d’oublier complètement les principes démocratiques qui doivent se fonder sur des élections libres. Je voudrais simplement savoir si les élections sont libres au Tchad ? Même du temps de Tombalbaye, je crains que les élections n’aient pas été totalement libres. On ne peut pas tout baser sur la force parce qu’au Tchad, on parle toujours de comman

der, commander, commander… On ne dit pas comment traiter avec telle ethnie pour que les choses marchent normalement. Il faut savoir écouter les gens mais la force ne suffit pas. On peut maintenir un équilibre par la force, mais vous ne gagnerez jamais les cœurs. Si j’ai un conseil à donner au gouvernement actuel ou aux futurs gouvernements, peut-être que moi je ne verrai pas ça, je leur demande de s’asseoir, de discuter, de ne pas voir simplement le pouvoir, mais surtout voir la meilleure manière de gérer le pays pour qu’il y ait plus de justice sociale.

RFI : Quel bilan faites-vous aujourd’hui de ce cinquantenaire d’indépendance du Tchad ?

A.B.: Il n’y a qu’à voir ce qui se passe actuellement. Est-ce que franchement, nous avons réussi ? C’est à chaque Tchadien à tirer les conclusions mais il n’en reste pas moins que la vie du Tchad est ponctuée par une succession de guerres qui minent le développement du Tchad, qui empêchent les populations d’échanger, de se voir, qui empêchent les cadres du pays de raisonner dans une perspective nationale et non ethnique.

RFI : Pour vous, ça c’est un signe d’échec ou, en tout cas, de pas de succès du processus d’indépendance au Tchad ?

A.B.: Ca ne peut pas être un succès. Si j’essaie de tirer ce bilan là. Le pays a toujours connu la violence depuis la traite négrière. Mais qu’on arrive au moment des indépendances et que les guerres puissent continuer, moi je pense que ça ne peut traduire que l’échec des politiques successives qui ont été menées. Je demande simplement à mes compatriotes de se ressaisir, de voir quelle est la meilleure manière d’amener la paix dans les cœurs de tous les citoyens. C’est légitime : chaque citoyen a le droit d’aspirer à conquérir le pouvoir, ça c’est légitime. Mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est de voir comment on peut gérer un pays, comment on peut faire en sorte que le citoyen qui habite la région nord puisse travailler ensemble ou apprendre à vivre ensemble avec son collègue qui est de la région du Sud. Et moi je pense que c’est l’un des problèmes les plus importants qui me préoccupe.

RFI : Au-delà de l’indépendance, en fait, le problème que vous posez, c’est le problème de l’unité ou de la création d’une nation tchadienne ?

A.B. : Voilà c’est le problème de la construction de la nation parce que je me méfie de l’unité car on peut parler de l’unité au sein d’un parti unique et les partis uniques nous ont toujours amené des problèmes. Alors en mon sens, le problème de fond, c’est comment construire la nation. Bien entendu, on dit tel gouvernement est souverain, mais vous assumez votre souveraineté dans les pleurs et dans ce sens, ce n’est pas bon. Il faut que tous les citoyens apprennent à vivre ensemble, apprennent à dialoguer et à échanger. Et c’est ça qui est important.

 

  Dossier : Satür Le Fur

Sources rfi.fr,

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8 août 2010 7 08 /08 /août /2010 23:05

 

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La Côte d’Ivoire a fêté à son tour, le samedi 7 août, le cinquantième anniversaire de son indépendance. Les festivités officielles se sont déroulées dans la sobriété, selon les vœux du président Laurent Gbagbo. Le chef de l’Etat ivoirien s’est borné à présider une simple cérémonie de prise d’armes suivie d’un petit défilé militaire à Abidjan.

Dans une célébration officielle quelque peu minimaliste, après que Laurent Gbagbo eut passé les troupes en cinquantenaire_prside6.JPGrevue, l’hymne national a retenti au moment où le ciel se dégageait enfin sur Abidjan. Dans la cour de la présidence, un parterre d’invités avait pris place depuis le milieu de la matinée. Aucun chef d’Etat n’était présent à cette cérémonie. L’invité spécial du président Laurent Gbagbo est le vice-président du Nigeria, Namadi Sambo. Il représente le président Jonathan Goodluck.  Le mot d’ordre est resté la simplicité pour ces festivités. On devait ensuite assister au petit défilé militaire, ainsi qu’à un discours assez bref du président ivoirien. Pour exprimer la "solidarité" avec l'Afrique, des drapeaux des 16 autres pays du continent indépendants depuis 1960 ont été présentés. Il faut souligner que les célébrations ont inclus le colloque sur "l'indépendance et ses perspectives en Afrique subsaharienne" organisé une semaine auparavant dans la capitale politique Yamoussoukro et une "fresque chorégraphique" sur l'histoire du pays, qui n'a pas attiré un public nombreux vendredi soir à Abidjan.

Un fresque chorégraphique pour « Rassembler la population » 


fresque1.jpgDirigée par le professeur Pierre Kipré, ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, la commission du cinquantenaire a prévu, avant la prise d’armes à Abidjan samedi 7 août, d’offrir aux Ivoiriens une fresque chorégraphique au stade Félix-Houphouët-Boigny. Plus de 1 500 artistes montreront leur savoir-faire sous la direction du chorégraphe ivoirien de réputation mondiale Georges Momboye. Très fier des « dons », notamment des laboratoires clés en main et un certain nombre d’ouvrages qui vont être remis au campus d’Abidjan Cocody par des ONG et des conseils régionaux français, le jour même de l’indépendance, Pierre Kipré écarte d’un revers de main les critiques concernant les dépenses jugées somptuaires pour organiser un colloque sur la paix à Yamoussoukro, la capitale administrative de la Côte d’Ivoire, à l’occasion de ces célébrations.  Il a invité les partisans « houphouëtistes » à assumer leur passé plutôt que d’élever la voix contre la célébration des cinquante ans d’un pays qu’ils ont créé. Reste que la préoccupation politique première des Ivoiriens est la tenue d’élections qui auront lieu le 31 octobre 2010.


La fête change de visage : Des ambitions revues à la baisse

Les commémorations du cinquantenaire ont été inspirées par la "sobriété", selon le chef de l'Etat. Il a renoncé au "grand défilé" militaire initialement prévu, et reporté à l'après-scrutin. L'organisation des festivités a en outre rencontré de sérieux problèmes de financement, l'Etat n'ayant fourni que quatre milliards de francs CFA (environ 6 millions EUR), sur 20 milliards FCFA attendus. De même, la sobriété a été choisie parce que le pays a en effet engagé des discussions avec les institutions financières internationales afin de réduire sa dette.

Le président Laurent Gbagbo a pourtant lancé le 31 janvier à Abidjan les célébrations du cinquantenaire de l'Indépendance de la Côte d'Ivoire en appelant  ses compatriotes à profiter de ce jubilé pour réfléchir au devenir du pays et, plus largement, de l'Afrique. L’ambassadeur ivoirien à Paris et président de la Commission nationale préparatoire de ce cinquantenaire, Pierre Kipré, a expliqué le sens des festivités qui s’étalent tout au long de l’année. Au palais présidentiel, le chef de l’Etat Laurent Gbagbo a invité à une réflexion sur la notion d’indépendance et à l’usage que ses concitoyens en ont fait ces cinquante dernières années.  « La question qui se pose à nous aujourd’hui est : que devient le pays depuis que l’indépendance a été proclamée ? Et nous-mêmes, que devenons-nous ? Comment avons-nous utilisé nos cinquante ans d’indépendance et qu’allons-nous demander à nos enfants et à nos petits-enfants de faire dans les cinquante ans à venir ? Je pense qu’on a trop dansé en Afrique, on a trop chanté, on a trop rigolé. Maintenant il faut réfléchir pour savoir d’où l’on vient et où l’on va. Il faut qu’on sache d’où l’on vient et où l’on va », a martelé Laurent Gbagbo.


 

 

Une fête « au rabais » : Repli stratégique ou dos au mur ?

Moment de réflexions, une prise d’arme sur le parvis du palais présidentiel. Ceci est loin de toutes les Eric-Agnoro.jpgespérances et des projets élaborés par la commission nationale du cinquantenaire conduite par l’ambassadeur Pierre Kipré qui avait annoncé une fête avec parade militaire ponctuée par une cérémonie grandiose qui fut annoncée. Au finish, c’est une ‘’Soft manif’’ qui est offerte.

Les avis sont très partagés sur ce choix de la sobriété pour le cinquantenaire. Le Président de Greencast Africa, un fonds d’investissement visant à préserver l’environnement, Éric Agnero estime que la célébration du cinquantenaire n’aura « aucune incidence sur l’économie ivoirienne » ; contrairement aux assemblées générales de la Banque africaine de développement, qui se sont tenues à Abidjan fin mai (la BAD avait été obligée de déménager son siège à Tunis, en 2003, à cause de la guerre). Les célébrations du cinquantenaire ne devraient pas, selon lui, attirer grand monde. « Le président Laurent Gbagbo a eu beaucoup de mal à convaincre les opérateurs économiques d’allonger les 15 milliards de francs CFA (24 millions d’euros) dont il avait besoin pour boucler son budget et organiser les manifestations. On va donc fêter au rabais. », a –t-il expliqué.

20100701_lePatriote_3209.jpgPour Yves-M. ABIET du quotidien Le Patriote, l’organisation du Cinquantenaire de la Côte d’Ivoire, c’est beaucoup de bruits pour rien

 « La célébration du cinquantenaire a été annoncée à grand renfort de publicité. Au bout du compte, ce fut beaucoup de bruits pour peu de choses » écrit-il.  En effet, il explique que la célébration du cinquantenaire de la Côte d’Ivoire est  présentée comme l’événement le plus important de la décennie Gbagbo, dont l’organisation tenait vraiment à cœur aux tenants du pouvoir. Tous les micmacs ont été entrepris pour aboutir à des reports successifs de la présidentielle. « Convaincu qu’il a conduit le pays dans le gouffre, le chef de file des Refondateurs se réservait cette aubaine pour sortir la tête de l’eau » souligne-t-il avant de préciser que pour y arriver, un budget colossal a été d’abord annoncé. Certaines personnes proches du Palais n’ont point hésité à faire le tour des sociétés et entreprises ivoiriennes pour s’adonner au racket pour la réussite de cette fête. Exactement comme au début de la crise du 19 septembre 2002, où des hommes d’affaires et des directeurs de sociétés ont été contraints de mettre la main à la poche pour venir en aide à la patrie attaquée. De peur de se voir assimilés à des assaillants, ces derniers, n’ont pas hésité à se plier au désir de leurs ‘’racketteurs’’. C’est cette pratique qui a été encore expérimentée pour le compte de la fête des 50 ans d’existence du pays. Mais, ayant en mémoire ce qui s’est passé précédemment, personne n’a voulu mordre à l’hameçon de cette pratique.

Du côté de l’opinion, la célébration du cinquantenaire n’a semblé intéresser personne, rapporte ce journal qui précise que les Ivoiriens d’ici et de la diaspora étant plutôt préoccupés par le vrai débat qui demeure pour eux, l’organisation des élections pour sortir la Côte d’Ivoire de la situation intenable qu’elle vit depuis bientôt une décennie.  Il soutient par ailleurs que la campagne de boycott du cinquantenaire annoncée  par les responsables du RHDP France a fait mouche : «Nous, Ivoiriennes et Ivoiriens hors de Côte d'Ivoire, disons avec fermeté et détermination «NON et NON!» à la fête nationale et au Cinquantenaire avant les élections. Le sage de Yamoussoukro ne disait-il pas en son temps : ‘’Un homme qui a faim n'est pas un homme libre? C'est pourquoi, les Ivoiriens disent comme un seul homme: ‘’On ne fêtera que lorsque les populations seront libres’’. Le RHDP France lance un vibrant appel à tous les Ivoiriens où qu'ils soient, afin qu'ils boycottent, le 7 août 2010, la fête du Cinquantenaire».

 

« Ce désintérêt a ramené Gbagbo sur terre » affirme le journal qui rapporte que dans une de ses nombreuses déclarations, il a revu et corrigé sa position en revoyant ses prétentions à la baisse. Il a fait savoir que ce serait le nouveau président élu qui organiserait les festivités en bonne et due forme. Par conséquent, la grande parade dont il avait rêvé n’aurait pas lieu. Précisant par ailleurs qu’il se contenterait juste d’une sobre cérémonie. Le président de la commission d’organisation du cinquantenaire, Pierre Kipré, l’a lui aussi précisé devant la presse jeudi dernier : «Le 7 août, il y aura dans la matinée une cérémonie de prise d’arme, attendant qu’après les élections, le président élu organise la grande parade militaire et civile», a-t-il affirmé.


Gbagbo promet les élections pour 2010

Gbagbo.jpgDans  son message à la nation, le président  Gbagbo s'est félicité qu'une nouvelle date de la présidentielle ait été fixée jeudi. "Nous voulions absolument voir clair dans l'horizon électoral avant la fête du 7 août", a-t-il dit, jugeant que pour la première fois la date fixée était tenable. Auparavant, "on nous avait trompés sur la marchandise", a-t-il assuré. "Nous allons faire nos élections cette année et le ciel ne va pas nous tomber sur la tête", a-t-il affirmé, excluant toute perspective de troubles.

Sans cesse reporté depuis la fin de son mandat en 2005, le scrutin est censé clore la crise née du putsch manqué de 2002, qui a coupé le pays en un sud loyaliste et un nord tenu par l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN). Le respect du 31 octobre exige que soient relevés rapidement de lourds défis liés aux opérations électorales et au désarmement des FN. "Je dis à tous: cette année verra se tenir l`élection présidentielle en Côte d`Ivoire et notre pays amorcera sa reconstruction", a –t-il déclaré dans son  discours radiotélévisé. Il a également  évoqué l`accord de paix signé en 2007 à Ouagadougou et "les récentes évolutions du dialogue politique interne", et jugé que ce "dialogue
interne", marqué par des rencontres avec ses principaux opposants, "devra se raffermir" en vue du "salut collectif" après "la fracture vécue en 2002". 

Par ailleurs, Laurent Gbagbo, qui fut pendant des  années son farouche adversaire, a exprimé une "pensée particulière" pour Félix Houphouët-Boigny, premier président (1960-1993) et "père de l`indépendance" de cette ex-colonie française.

 

 

Cinquante ans d’indépendance  de la Côte d’ivoire : entre inquiétudes et espoir

 

Independance--4---Large-.JPGAprès avoir été durant des décennies un modèle de stabilité et de prospérité en Afrique, la Côte d’Ivoire est depuis 2002 une puissance régionale au prestige entamé, qui a connu en quelques années ce qui fut longtemps inimaginable : la guerre intérieure, des massacres de civils, une mise sous tutelle internationale et la déliquescence de son économie paralysée. La célébration du cinquantenaire de son indépendance a des relents de nostalgie d’une gloire passée.

Avant l’arrivée des Européens, la région connaît d’importants mouvements de population et des royaumes d’une certaine ampleur sont signalés (tel le Royaume de Kong au XVIIIe siècle). Les Portugais, dès le XVe siècle, puis les Hollandais et les Anglais installent des comptoirs et se livrent au commerce côtier, achetant des esclaves à compter surtout du XVIIe siècle, période qui voit plusieurs grandes migrations de populations akan - notamment les Baoulé dirigés par la Reine Poku -, venues de l’actuel Ghana. Français et Anglais entrent en concurrence, signent respectivement des traités d’amitié avec les populations jusqu’au partage de leurs zones d’influence en 1884, explorent l’arrière-pays et introduisent la culture du café. La Côte d’Ivoire devient colonie française en 1894, mais la conquête de tout le territoire, rattaché à l’Afrique occidentale française en 1905, aboutit très progressivement (défaite de Samory Touré en 1898). Après Grand-Bassam, puis Bingerville, Abidjan devient la capitale du territoire en 1934.

La mise en valeur est l’affaire de quelques grandes compagnies, des infrastructures sont construites pour Independance--6---Large-.JPGpermettre l’évacuation des produits d’exportation (café, puis cacao, bois, caoutchouc, palme…), tandis que se met en place une économie de plantations détenues par les Européens et les Africains. En 1945, Felix Houphouët-Boigny qui a fondé un syndicat des planteurs de cacao est élu à l’Assemblée nationale française. Il contribue à la création du Rassemblement démocratique africain (RDA), et crée sa section ivoirienne, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Ministre de la IVe République française en 1955, il initie la loi qui supprime le travail forcé et joue un rôle important dans le processus de passage des colonies d’Afrique à l’indépendance, acquise en août 1960, devient enfin président de la République après les élections de novembre 1960.


Le pouvoir personnalisé

felix houphouet boignyFélix Houphouët-Boigny instaure un pouvoir fort en s’appuyant sur le PDCI, parti unique, avec des poussées autoritaires qui voient se succéder plusieurs vagues d’épurations à la tête de l’Etat («complots» des années 63-64), il réprime avec vigueur les contestations étudiantes (1967-69) et met fin brutalement à l’irrédentisme bété à Gagnoa (centre-ouest) en 1970, l’ampleur de la répression restant sujette à contestation. Résolu à s’opposer aux «démons de la division», le président peut compter sur le soutien indéfectible de la France qui maintient une base militaire à Abidjan (Port-Bouet) et dont la présence s’exerce dans tous les secteurs de l’économie (industrie, services, aussi bien que commerce où les capitaux français comptent pour 55% en 1976), mais aussi de l’administration, avec une pléthore de conseillers et de coopérants, la population française atteignant 40 000 personnes à son plus haut niveau, dans la décennie 1970-80 (elle va progressivement décroître jusqu’à compter moins de 15 000 personnes au début des années 2000).

Cette alliance privilégiée avec la France, qui s’élargit à des considérations géostratégiques (intervention franco-de-gaulle-felix-eboue.jpgivoirienne au Biafra), est pour Houphouët-Boigny la condition parfaitement assumée d’une prospérité qui s’épanouit jusqu'au début des années 1980, avec un envol de l’agriculture d’exportation, notamment le cacao et le café dont le pays devient l’un des premiers producteurs mondiaux. Cette prospérité génère une forte immigration venue des pays voisins, les étrangers comptant pour plus de 3 millions dans les années 90.

Le «miracle ivoirien» se lit alors dans l’exceptionnel développement de la ville d’Abidjan, avec ses gratte-ciels et ses voies rapides, et permet un niveau d’équipement du pays (routes, électrification, éducation et santé) alors peu égalé en Afrique, tandis que se développe une classe moyenne nantie. Obsédé par la constitution d’une nation ivoirienne, le chef de l’Etat entend favoriser la participation de toutes les composantes à la réussite économique, celle-ci dût-elle passer par le clientélisme et une corruption à grande échelle parmi les élites. Tout en favorisant son ethnie d’origine, les Baoulés, il se montre accueillant aux éléments étrangers, associés sans formalisme au pouvoir et à ses retombées, dans le cadre d’une définition très extensive de la « citoyenneté » ivoirienne : le droit de vote, l’accès à la propriété et aux emplois publics, y compris aux hautes fonctions administratives, leur est ouvert. Ce système est à la fois cohérent et fragile, car il repose sur la circulation des ressources. Il devient problématique lorsque la crise économique frappe le pays, durant la décennie 1980.


La descente aux enfers

La situation sociale se dégrade : montée du chômage et paupérisation urbaine, tensions autour de la propriété 06-10-2009-09-13Henri-Konan-Bedie.jpgfoncière, qui provoquent des antagonismes entre communautés et la naissance de manifestations xénophobes jusque là inconnues. Alors que la contestation sociale et les revendications politiques ont amené une reconnaissance du multipartisme en avril 1990, Félix Houphouët-Boigny disparaît en décembre 1993 sans avoir planifié sa succession, cependant que le pays est en pleine récession.

Le président de l’Assemblée nationale, Henri Konan-Bédié lui succède dans un contexte houleux : c’est par un quasi coup de force qu’il fait reconnaître sa légitimité face au Premier ministre, Alassane Ouattara. Voulant renouer avec l’autoritarisme du régime, il se heurte à une opposition de plus en plus active, où aux côtés du FPI de Laurent Gbagbo, on voit s’ériger une nouvelle force comprenant d’anciens militants du PDCI, le Rassemblement des Républicains (RDR), dont Alassane Ouattara prend la tête. Pour répondre à la fois au mécontentement de sa base autant que pour faire barrage aux ambitions électorales de ce dernier, Henri Konan Bédié initie une politique dite d’« ivoirité » qui restreint l’accès des étrangers à la citoyenneté (loi du 13 décembre 1994), tandis qu’un nouveau code électoral exclut de fait Alassane Ouattara, jugé de nationalité «douteuse», de la compétition.

L’élection en 1995 de Henri Konan Bédié n’apaise en rien les tensions, et tandis que l’économie poursuit sa décrue dans un climat de corruption effrénée, la xénophobie se donne libre cours et touche par amalgame tous les ressortissants « nordistes » (musulmans et/ou appartenant à la communauté dioula). Une mutinerie de sous-officiers ouvre la voie au coup d’Etat, le 24 décembre 1999, de l’ancien chef d’Etat-major, le général Robert Gueï. Une junte militaire s’installe, chargée d’assurer la transition vers le retour au régime civil, au terme des élections présidentielles d’octobre 2000.


Désordre politique et rébellion

gueija1.jpg.gifCelles-ci se déroulent dans la confusion. Elles sont boycottées par une partie des électeurs, les candidatures d’Alassane Ouattara et d’Henri Konan Bédié ayant été écartées. Laurent Gbagbo est élu, Robert Gueï tente un coup de force mais doit se soumettre face aux manifestations populaires, qui dégénèrent (octobre - novembre 2000) en affrontements sanglants (200 morts) entre partisans de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara. Une fois au pouvoir, Laurent Gbagbo tente une ouverture (Forum de réconciliation en octobre 2001), prélude à l’entrée du RDR au gouvernement (août 2002). Le 19 septembre 2002, une tentative de coup d’Etat à Abidjan, marquée par l’assassinat de personnalités politiques, dont Robert Gueï et le ministre de l’Intérieur Emile Boga Doudou, marque le début d’une rébellion militaire qui prend le contrôle de tout le Nord de la Côte d’Ivoire. L’intervention dès le 22 septembre des militaires français (opération Licorne) et la conclusion d’un cessez-le-feu figent les positions des forces loyalistes et de la rébellion, cette dernière représentée par le Mouvement patriotique de la Côte d’Ivoire (MPCI), dirigé par l’ancien leader étudiant, Guillaume Soro.

La communauté internationale, notamment la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de mutinerie-en-CI.jpgl’ouest) se mobilise pour parvenir à un règlement, mais les Français sont les plus actifs : ils organisent en France une réunion des partis politiques ivoiriens qui aboutit aux accords, le 24 janvier 2003, de Marcoussis prévoyant un gouvernement de transition, ouvert à la rébellion et à l’opposition, formé en mars-avril par le Premier ministre Seydou Diarra. S’engageait alors une impossible normalisation, marquée par la sortie des «Forces Nouvelles» (ex-rebelles) du gouvernement en septembre 2003, par des tentatives répétées de médiation de la Cedeao, de l’Union africaine et l’implication directe du président sud-africain, Thabo Mbeki, à partir de juin 2005. Sur le terrain, outre le maintien des troupes françaises (plus de 4000 hommes), l’ONU mettait en place à partir d’avril 2004 une force de maintien de la paix de 6 000 hommes (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire – ONUCI).

La rupture du cessez-le-feu, en novembre 2004, et la mort de 9 militaires français entraîna toutefois des réactions en chaîne : destruction par les militaires français de l’aviation ivoirienne, puis manifestations anti-françaises à Abidjan aboutissant à l’évacuation de la quasi-totalité des ressortissants français et des binationaux (8 000 personnes). Un an plus tard, il fallut renoncer à organiser les élections générales prévues en octobre 2005, et une nouvelle période de transition s’instaurait, avec la nomination d’un Premier ministre, Charles Konan Banny, dans un climat de défiance généralisé.


Vers un rétablissement de l’ordre républicain

Un début de normalisation intervient en mars 2007, lorsque Laurent Gbagbo et Guillaume Soro signent l’accordGuillaume-Soro-Kigbafori-1.jpg de Ouagadougou, résultat des discussions directes entre les deux camps sous l’égide du facilitateur, le président burkinabé Blaise Compaoré, accusé jusque-là par les partisans du président ivoirien de soutenir la rébellion. Guillaume Soro devient Premier ministre. Les armes se taisent sur les fronts et une réunification administrative du pays se remet en place en attendant que la Côte d’Ivoire politique ne retrouve ses couleurs. Les institutions mises en placent devraient y concourir. En août 2010, et après les innombrables reports depuis cinq ans, Guillaume Soro annonce la tenue de l’élection présidentielle pour le 31 octobre 2010.

La chute de l’économie ivoirienne a eu des conséquences graves dans toute la sous région, où la Côte d’Ivoire constituait la « locomotive » de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), offrant également un débouché pour les échanges de ses voisins enclavés, forcés de réorienter leurs flux de marchandises. Le contournement de la Côte d’Ivoire scindée en deux a ouvert de nouvelles routes commerciales au détriment des axes Abidjan-Bamako, Abidjan-Ouagadougou, Abidjan-Lomé-Cotonou…Ces voies secondaires pour la plupart informelles ont fait d’une corruption déjà dénoncée depuis les années 90 un vrai fléau qui mobilise aujourd’hui encore les plus hautes instances de la république. Malgré tout, les voyants sont au vert : la croissance qui devrait être de 3,39% en 2010 pourrait atteindre 4,5% en 2011. La production d’hydrocarbures connaît un fulgurant développement et pourrait concurrencer le café et le cacao en termes de gains pour le pays. Toutefois, les bases encore solides de la production agricole et industrielle de l’économie ivoirienne ne font pas vraiment percevoir le danger imminent de l’effondrement total du système si les enjeux politiques restent la préoccupation majeure des décideurs ivoiriens.


Source : Les 100 clés de l'Afrique. Philippe Leymarie et Thierry Perret. Co-édition Hachette Littératures/RFI. 2006.

 

Les grandes dates de l'histoire politique

 

L'histoire de la Côte d'Ivoire se confond avec celle du père de l'indépendance, Félix Houphouët-Boigny. Mais le «miracle ivoirien» a mal tourné. Retour sur l'histoire mouvementée de ce pays phare de l'Afrique francophone en quelques dates. 

 1944: Félix Houphouët-Boigny crée un syndicat de fermiers qui deviendra  en 1946 la section ivoirienne du Rassemblement démocratique africain, Parti démocratique de Côte d'Ivoire

11 avril 1946: Vote en France de la loi abolissant le travail forcé dans les colonies, promue par Félix Houphouët-Boigny, l'un des députés représentant l'Afrique occidentale française (AOF) à la chambre des députés française. 
 
1er février 1956: Houphouët-Boigny devient ministre délégué à la présidence du Conseil. Membre du gouvernement français jusqu’en janvier 1959, il participera à la rédaction de la constitution de la cinquième République française. 
 

7 août 1960:Proclamation de l'indépendance de la République de Côte d'Ivoire. Le 27 novembre suivant, Félix Houphouët-Boigny est élu président de la République. Il le sera à nouveau six fois de suite en 1965, 1970, 1975, 1980, 1985 et 1990. Il instaure un régime de parti unique. En 1961, la France et la Côte d'Ivoire signent un accord de défense, qui sera complété par la suite.
 
1970: Répression d'un soulèvement au sein de l’ethnie Bété dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, mené par Kragbé Gnagbé, fondateur d’un éphémère parti d’opposition. Il est arrêté puis porté disparu.
 
1980 : Philippe Yacé, jusque-là considéré comme le dauphin d’Houphouët-Boigny, tombe en disgrâce. Il cède la présidence de l’Assemblée nationale, qui faisait de lui le successeur constitutionnel du chef de l’Etat, à Henri Konan Bédié. 
 
1982: Des manifestations étudiantes entraînent la fermeture de l'Université et des grandes écoles. Le leader de la contestation, Laurent Gbagbo, pose les bases du Front populaire ivoirien (FPI),  principal adversaire du PDCI, puis s'exile en France. Il ne rentrera en Côte d’Ivoire qu’en 1988.
 
1983: le 21 mars, Yamoussoukro, bourgade natale du chef de l'Etat ivoirien, dans le centre du pays, devient la capitale politique de la Côte d'Ivoire. Félix Houphouët-Boigny y construira ensuite la gigantesque Basilique Notre-Dame de la Paix, inspirée de Saint-Pierre de Rome, achevée en 1989.
 
1990: La Côte d'Ivoire connaît une série inédite de manifestations contre les mesures d’austérité économique et le régime de parti unique. En mai, Félix Houphouët-Boigny décide finalement d'instaurer le multipartisme. 14 nouvelles formations sont officialisées. Le 28 octobre suivant, il remporte la présidentielle avec 82% des voix face à Laurent Gbagbo. Aux législatives de novembre, le PDCI remporte 163 sièges, le FPI 9, le PIT (Parti ivoirien du travail) de Francis Wodié 1, deux sièges reviennent à des candidats indépendants. En novembre, Alassane Ouattara, gouverneur de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), est nommé Premier ministre.
 
Février 1992: Arrestation de Laurent Gbabgbo, à la suite d’une manifestation anti-gouvernementale. Le 6 mars, il est condamné à deux ans de prison.
 
7 décembre 1993: Décès de Félix Houphouët-Boigny. Le même jour, Henri Konan Bédié, président de l’Assemblée nationale, annonce qu’il assume désormais les fonctions de président de la République, conformément à la constitution. Dans un premier temps, Alassane Ouattara s’oppose à cette succession, mais il démissionne deux jours plus tard, après que la France a reconnu la légitimité d’Henri Konan Bédié.
 
Octobre 1995: L’élection présidentielle se tient sans Laurent Gbagbo, du FPI, et Alassane Ouattara, qui vient de fonder un nouveau parti, le Rassemblement des républicains (RDR). Réunies au sein d’un Front républicain, les deux formations appellent au boycott actif, notamment en raison des conditions d’éligibilité (être né de parents ivoiriens et avoir résidé en Côte d’Ivoire sans discontinuer 5 ans avant le scrutin) qui excluent de facto l’ancien Premier ministre de la course à la magistrature suprême.
 

23 décembre 1999: une mutinerie éclate au sein de l’armée ivoirienne et se transforme en coup d’Etat. Le lendemain, le général Robert Gueï, un ancien chef d’état-major des armées en disgrâce, annonce la formation d’un Comité national de salut public. Il promet de mettre fin à la corruption et assure n’avoir aucune ambition politique. Henri Konan Bédié fuit le pays.
 
22 octobre 2000: Contrairement à ses engagements, Robert Gueï se présente à la présidentielle. Son seul véritable challenger est Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara ayant été empêchés de se présenter, en vertu d’une nouvelle constitution adoptée par référendum en juillet. Le lendemain du scrutin, le général suspend le décompte des résultats et s’autoproclame vainqueur. Les 24 et 25 octobre, des dizaines de milliers de manifestants envahissent le centre d’Abidjan, à l’appel de Laurent Gbagbo, qui finit par obtenir le ralliement de l’armée et de la gendarmerie. Le leader du FPI est déclaré vainqueur avec 59,4% des suffrages mais une très faible participation. Le 10 décembre suivant, les élections législatives (et les scrutins partiels de janvier 2001) se tiennent sans le RDR qui proteste contre la nouvelle exclusion d’Alassane Ouattara. Le FPI remporte 96 sièges, le PDCI-RDA 94, des dissidents du RDR 5.
 
19 septembre 2002: Une tentative de coup d’Etat, alors que le président Gbagbo est en déplacement à l’étranger, dégénère en soulèvement armé. Le général Gueï et le ministre de l’Intérieur Emile Boga Doudou sont tués à Abidjan. Les villes de Korhogo, dans le nord, et Bouaké, dans le centre, tombent aux mains des rebelles, pour majorité des militaires originaires du nord du pays. Regroupés au sein du Mouvement patriotique de la Côte d’Ivoire (MPCI), ils réclament le départ de Laurent Gbagbo, la tenue de nouvelles élections et se posent en défenseurs des ressortissants du nord du pays ou originaires des Etats limitrophes victimes de discriminations depuis la présidence d' Henri Konan Bédié au nom de «l'ivoirité». De leur côté, les partisans du président ivoirien accusent Alassane Ouattara et des pays voisins, dont le Burkina Faso, de soutenir les rebelles. Malgré les demandes du gouvernement de faire jouer les accords de défense, la France se limite d’abord à évacuer les ressortissants étrangers, puis à faire respecter la ligne de démarcation entre la zone nord, contrôlée par les rebelles, et la zone sud, contrôlée par les forces gouvernementales. La Côte d’Ivoire est coupée en deux.
 
15 au 26 janvier 2003: A l’initiative de la France, l’ensemble des parties au conflit se retrouvent à Marcoussis, près de Paris, pour des négociations. Elles aboutissent à un accord qui prévoit le maintien de Laurent Gbagbo et l’entrée au gouvernement du MPCI qui obtient les postes clé de l’Intérieur et de la Défense. Cette disposition suscite la colère des partisans du président ivoirien. Dans les jours qui suivent, de vastes manifestations hostiles à la France et aux accords de Marcoussis éclatent à Abidjan. Dans le même temps, l’ONU autorise le déploiement d’une force par la France et la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) qui deviendra par la suite l'ONUCI, Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire. Un gouvernement sera finalement formé en mars, dirigé par Seydou Diarra, mais les postes de la Défense et de l’Intérieur sont confiés à titre intérimaire à des personnalités non issues de la rébellion.
 

21 octobre 2003: Jean Hélène, correspondant de Radio France Internationale, est abattu par un policier à Abidjan. Le 16 avril 2004, le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer  disparait. L'entourage du président Gbabgbo est mis en cause par la justice française.
 
4 au 8 novembre 2004: L'armée gouvernementale lance une offensive pour reprendre Bouaké, "capitale" de la zone nord. Le 6 novembre lors d'un raid de l'aviation ivoirienne 9 soldats français sont tués et 34 sont blessés. En réaction, l'armée française détruit tous les aéronefs ivoiriens, suscitant de violentes manifestations anti-françaises. A Abidjan, l’armée française tire sur des manifestants faisant une vingtaine de  morts,  selon Paris, 57 selon les autorités ivoiriennes.  Dans les jours qui suivent plus de 8000 français sont évacués de Côte d'Ivoire.
 
4 décembre 2005: Le gouverneur de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Charles Konan Banny, est nommé Premier ministre, en remplacement de Seydou Elimane Diarra.
 
29 mars 2007: Après la signature de l'accord de Ouagadougou entre le gouvernement et

les rebelles, le président Gbagbo nomme Guillaume Soro, secrétaire général des Forces nouvelles (ex-rebelles) au poste de Premier ministre, en remplacement de Charles Konan Banny. Cette cohabitation inédite entre les deux adversaires est censée permettre l'accélération du désarmement et la tenue d'une élection présidentielle, sans cesse repoussée. Elle le sera encore à plusieurs reprises, le camp présidentiel et l'opposition se rejetant mutuellement la responsabilité.
 
5 août 2010 : l’élection présidentielle est finalement fixée au 31 octobre 2010.

 
 

L'histoire du RDA, selon Félix Houphouët-Boigny


Du 18 au 25 octobre 1986, à l'occasion du quarantenaire du Rassemblement démocratique africain (RDA), un colloque d'historiens se tient à Yamoussoukro, dans la ville natale du président Félix Houphouët-Boigny. Celui-ci a 81 ans. Devant un parterre de membres du gouvernement et représentants de l’État, journalistes, chercheurs et universitaires, il revisite l'histoire du parti. La Radio télévision sénégalaise (RTS) enregistre intégralement l'intervention du président. Elle est diffusée en plusieurs épisodes dans l'émission Confidences autour d’un micro, de la journaliste Demba Dieng. La RTS a confié ses archives à RFI qui a transcrit quelques extraits, commentés par Jean-Pierre Dozon, directeur d'études à l'École des hautes études de sciences sociales, à Paris.
 

Houphouet_Boigny_pagne_ecl640px_0.jpgLe long discours prononcé par Félix Houphouët-Boigny en octobre 1986 à l’occasion du quarantenaire du RDA dans son village de Yamoussoukro (dès l’époque métamorphosé par ses soins en cité moderniste et en capitale politique) est remarquable à plus d’un titre, mais surtout au regard de cette année des indépendances africaines.

Par rapport à aujourd’hui, ce discours de 1986 se situe à mi-parcours de l’indépendance de la Côte d’Ivoire durant lequel Houphouët (appelé aussi couramment «le Vieux») a régné sur son pays sans partage, c’est-à-dire en étant à la tête de l’État et de son parti, le PDCI-RDA, dont il a fait depuis 1960 un parti unique.

Il règne donc toujours, mais plus tout à fait avec la même poigne et avec le même assentiment populaire. Car l’on commence à parler de la fin du «miracle ivoirien» (expression employée à qui mieux mieux dans les années 60-70) qui signifie notamment la nécessaire mise en œuvre de programmes d’ajustement structurel, spécialement pour réduire drastiquement les dépenses de l’État. Et, du même coup, se manifeste au sein du peuple ivoirien quelque lassitude à l’égard d’un «Père de la nation» qui fut tout à la fois aimé et craint et qui semble préparer assez mal sa succession.

Quatre ans plus tard, dans la contexte de la chute du Mur de Berlin et de ce qu’on appelera «le Printemps de l’Afrique», il sera vivement contesté (notamment par la jeunesse) et contraint à concéder le retour du multipartisme (qui avait existé dans les années 1940-50) et de la liberté de la presse. Cependant, il tient encore assez bien les rênes du pouvoir, ce dont témoigne ce discours où, malgré son grand âge (il a officiellement 81 ans, mais sa date de naissance en 1905 est sujette à caution, beaucoup estimant qu’il est né un peu avant), il va tenir son public en haleine et faire preuve d’une gymnastique mentale, notamment mémorielle, assez exceptionnelle.

En fait, il est coutumier de ce genre d’exercice, qu’il appelle le dialogue à l’ivoirienne où, seul, pendant plusieurs Photo--de-famille-d-houphouet.jpgheures, l’essentiel de l’appareil d’État étant rassemblé, il parle et répond aux questions de tel ou tel, ou de journalistes.

Pour en avoir vu quelques autres à la télévision ivoirienne avant 1986, j’ai été frappé par le net plaisir qu’il avait à exécuter l’exercice, comme si il était un grand acteur conscient de son talent, sachant qu’il allait envoûter son public, capable aussi bien d’être grave, de se se fâcher, que de faire rire.

En fait, il avait manifestement une très haute idée de lui-même, comme s’il se savait détenir une puissance extra-humaine. Ce qu’il exprime très nettement à l’occasion de ce discours de 1986 où il répond à quelqu’un qui lui demande pourquoi il n’a pas écrit ses mémoires, notamment celles qui concernent toute la période du RDA, que d’autres grands hommes n’ont rien écrit (Socrate, Jésus, Mahomet). Ce qui ne les a pas empêchés, dit-il, de marquer durablement l’histoire de l’humanité (le chanteur Alpha Blondy, adorateur d’Houphouët, mettra en musique reggae ce passage de son intervention).

Pour aborder plus précisément le contenu du discours, je dirai qu’il est remarquable par ce qu’il énonce aussi bien que par ce qu’il tait ou évoque très peu. Ce qu’il énonce, et qui montre en effet toute son agilité mentale, concerne la période initiale des années 1945-46, celle où il est député africain, parmi la dizaine qui représente l’Afrique occidentale française (AOF) et l’Afrique équatoriale française (AEF) au Parlement français, où il va y faire voter une loi abolissant le travail forcé et où il va devenir le président du RDA, en même temps que celui du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) qui en est la section ivoirienne.

Tout cela était déjà connu, mais il est intéressant de l’entendre en parler, mentionnant telle ou telle situation où interviennent d’autres leaders politiques africains, comme si il était, face à son public, en train de les revivre. C’est ce qu’il fait tout particulièrement lorsqu’il raconte les événements de Côte d’Ivoire, ceux qui se sont déroulés à la fin des années 1940 et qui ont correspondu, plus généralement, à la reprise en main manu militari par l’État français de son empire (début de la guerre d’Indochine, répression sanglante à Madagascar, etc.).

Ce furent en effet de graves événements puisque, sous la houlette du gouverneur Péchoux et des lobbies coloniaux, le PDCI-RDA, qui était à l’époque apparenté au PCF, fut littéralement pourchassé (il y eut des morts et de nombreuses arrestations dans ses rangs, Houphouët faillit être arrêté, mais il en réchappa sans trop de difficultés). Il insiste beaucoup, et on le comprend, sur cette épisode dramatique et héroïque de l’histoire ivoirienne. D’une certaine façon, outre l’abolition du travail forcé, c’est là où il a puisé et continue en 1986 à puiser sa légitimité politique.


 

 

Cependant, dans son discours, il est beaucoup moins disert sur la période qui va succéder à ses événements, c’est-à-dire toute la période des années 1950. Car c’est en fait la période où le président du RDA, proche initialement des communistes, va de plus en plus être lié à la classe politique française (ce qui voudra dire son «désapparentement» avec le PCF) en étant membre de gouvernements successifs de la IV° et V°République. D’abord avec François Mitterand, René Pleven, Gaston Defferre, etc,  ce qui l’amènera à rédiger avec le futur maire de Marseille la fameuse Loi-cadre de 1956 qui donnait une importante autonomie aux territoires africains (depuis 1946 on avait aboli le terme de colonies), tout en les maintenant fortement dans le giron français.

Puis avec le général de Gaulle pour lequel il avait manifestement une grande admiration et qu’il va soutenir aussi bien pour l’instauration, par voix référendaire, de la Communauté franco-africaine en 1958 qu’au moment des indépendances qui ne seront justement pas une rupture avec la France, bien au contraire.

En fait, ce qu’il tait ou évoque bien peu, c’est la façon dont il a divisé et fait éclater le RDA qui était un mouvement panafricain et dont il s’est servi pour opérer un rapprochement avec l’État français et faire en sorte que chaque territoire traite finalement avec celui-ci (ce qui s’est appelé à l’époque la “balkanisation” et qui s’appellera par la suite les accords bilatéraux). Dans cette affaire, comme la Côte d’Ivoire était la plus riche des ex-colonies françaises d’Afrique, il put devenir le principal interlocuteur de l’État français et lui faire bénéfier bien plus que tout autre pays nouvellement “indépendant” de ce qu’on appellera l’aide publique au développement. Ce n’est pas un hasard si, pendant deux décennies, on parlera du “miracle ivoirien”. 

______

Remerciements à Marthe N’Diaye, responsable du service de la documentation de la RTS.

 

 

Ce que pensent les ivoiriens

Dans un pays où des troupes de l’ONU stationnent depuis la guerre civile de 2002, les cérémonies de commémoration ont parfois un arrière-goût amer.


Le général Gaston Ouassenan Koné : « Je ne suis pas fier de mon pays »

Ouassenan-Kone.jpg7 août 1960, moment historique pour la Côte d’Ivoire. Agé à peine de 21 ans, le sous lieutenant de l’armée française, Gaston Ouassenan Koné, au pied du mât, entrait dans l’histoire de la jeune nation ivoirienne. En descendant le drapeau français, pour le remplacer par le fanion orange-blanc-vert. 49 ans après, le jeune officier devenu général de gendarmerie, aujourd’hui à la retraite, regrette la léthargie dans laquelle est embourbée le pays. « Je vais vous surprendre. Ce n’est pas un sentiment de fierté que j’éprouve car, lorsque j’ai eu l’honneur de descendre le drapeau français et de monter le drapeau de Côte d’Ivoire, j’étais fier. Je pensais que mon pays allait se développer, se construire et devenir une grande nation. Malheureusement, vous connaissez la situation. Au lieu d’avancer, nous sommes en train de reculer. Je ne suis pas fier du tout », a déclaré, hier à Bouaké, le général Gaston Ouassenan Koné. Avant de « souhaiter que ce soit le dernier anniversaire que nous passons dans la crise. »

Le général Gaston Ouassénan Koné ne cache pas sa déception devant la partition actuelle du pays : « Des Ivoiriens ont choisi de plonger le pays dans une crise sans précédent, entraînant ainsi l’intervention d’armées étrangères. Même si ces forces sont sous commandement onusien, il n’en demeure pas moins qu’elles ont leur autonomie et le drapeau de leur pays flotte sur le territoire ivoirien. Peut-on organiser de grandes festivités à travers un pays divisé en deux ? C’est dommage pour la Côte d’Ivoire qui, dans le concert des nations, était promise à un bel avenir grâce au président Houphouët-Boigny. »

  

   " Laurent Gbagbo peut savourer sa victoire d’avoir réussi à tourner en bourrique tout le monde..."

« Laurent Gbagbo peut savourer sa victoire d’avoir réussi à tourner en bourrique tout le monde jusqu’à organiser son cinquantenaire, avant les élections. Les tangos, les arguments, les scénarii, bref tous les ingrédients ont été mis dans les petits et les grands plats par le chef de file des frontistes pour tenir sa fête du cinquantenaire avant d’envisager une quelconque tenue des élections . Et on peut le dire, le président Gbagbo a réussi un challenge. Celui d’avoir pu maintenir ses adversaires et le peuple ivoirien dans l’expectative aux fins de pouvoir célébrer ‘’son’’ anniversaire des 50 ans de la Côte d’Ivoire avant le scrutin présidentiel. La liste des préalables aux élections dressées par le pouvoir fut longue. Unification du pays, désarmement des rebelles, fraude sur la liste électorale, dissolution de la CEI, et du gouvernement… Les obstacles montés de toutes pièces depuis le palais, pour bloquer le processus électoral, furent légion. Objectif visé : célébrer le cinquantenaire avant les élections.

 

 

 

Mgr Bernard Agré : «On est allé jusqu’au fond du trou mais il y a toujours possibilité d'en revenir»

Agre_344_0.jpgPremier cardinal de Côte d'Ivoire, archevêque d'Abidjan, Mgr Bernard Agré a été l'un des médiateurs au cours de la crise politique qui secoue le pays depuis une dizaine d'années. Retraité en 2006, il a publié ses mémoires il y a quelques mois.


RFI : Mgr Agré, en 1960, vous aviez 34 ans. Quels souvenirs gardez-vous de ce moment historique ?

Mgr Bernard Agré : J’étais curé d’une grande paroisse, je revenais de Rome, de mes études et ce souvenir... les indépendances sont arrivées, nous attendions… Au moment où l’on a proclamé l’indépendance, je me trouvais à Strasbourg, j’étais en train de compléter mon stage de juriste canonique. Et puis je suis rentré en Côte d’Ivoire. Les lampions n’étaient pas encore éteints de cette grande fête qu'il y a eue, de liesse générale. Et donc les souvenirs ne sont que des souvenirs de joie populaire et je sentais que c’était très très bon parce que c’était la fin du temps colonial. Ce temps était caractérisé spécialement par un nombre de frustrations, de frustrations politique, frustration culturelle, sociale, et même économique. Bon, vous savez, c’est normal quand il y a une colonisation, c’est total, c'est totalitaire. Alors nous étions tout heureux et le peuple a montré, avec ses dirigeants, d’être libérés aux nouvelles pages à écrire. Elle était blanche, elle était belle et nous sommes partis à écrire cette page.


RFI : Ca veut dire que les Ivoiriens ont vécu cette indépendance avec beaucoup d’espérance en l’avenir ?

B.A. : Beaucoup... Justement, la devise nationale  le dit. C’est un peu la discipline à force nous voulions essayer de faire quelque chose par nous-mêmes bien sûr, en gardant les liens avec l’ancienne colonie mais on entendait apporter la marque des dirigeants d’alors, et la marque de toute la population qui attendait cet évènement.


RFI : Vous avez été très proche personnellement du premier président ivoirien, le président Houphouët-Boigny. Plus que jamais actuellement, on le vénère comme le père de la nation ivoirienne. Selon vous, qu’a-t-il fait de cette indépendance ?

B.A. : Le président Houphouët-Boigny... je l’ai fréquenté comme tous les autres évêques. Les gens sont attachés à lui, peut-être pas les intellectuels mais les autres, parce qu’il a posé un acte qui a marqué tout le monde, c’est d’avoir obtenu au palais Bourbon à Paris l’annulation des travaux forcés qu’on imposait à la population. Alors pour rien au monde, les gens voulaient s’en séparer parce que c’était quand même une grande, grande libération. L’époque coloniale était un peu ressentie comme un esclavage. On venait dans les villages, on prenait des gens pour les emmener travailler et quelquefois la famille ne savait même pas où se trouvaient ces personnes. Et il a réussi à faire supprimer cette loi de travaux forcés. C’était un peu le sauveur, le père de la nation, n’en déplaise à certains esprits chagrins qui disent .... Mais non ! On ne peut pas le mettre entre parenthèses. Je ne veux pas en faire l’éloge. Il a fait ce qu’il a pu avec sa grande clairvoyance mais aussi avec ses limites.


RFI : Mais est-ce qu’il a réussi malgré tout à créer une nation ivoirienne ?

B.A. : C’est ce que je lui ai dit une fois «Vous avez réussi, monsieur le Président, à faire un Etat fort, un pays prospère, mais vous n’avez pas réussi à faire une nation». Les Ivoiriens ne se sentent pas aussi appartenant à une nation comme des Sénégalais par exemple, comme des Guinéens juste à côté. Je crois que c’est leur faille et en même temps, c’est leur force. La force de n’être pas replié sur soi-même pour revendiquer la nation. Houphouët a ouvert quand même son peuple aux cultures limitrophes et ça, je crois qu’on ne peut pas lui enlever.


RFI : Mgr Agré, la Côte d’Ivoire a vécu un âge d’or jusque dans les années 70. Avec du recul, les autorités ivoiriennes n’ont-elles pas dilapidé justement ce potentiel économique et de stabilité nationale qui existait en 1960 ?

B.A.: Il faut quand même reconnaître

que l’indépendance arrivait, c’était l’euphorie. On a beaucoup travaillé et il y a eu quand même un certain progrès et on ne peut pas l’enlever. On a parlé du miracle ivoirien, ce n’est pas un vain mot. Ce n’est pas une vaine expression. Mais ce mirage ivoirien… Quelque fois aussi, certains esprits critiques disent «c’était un mirage... ivoirien» parce qu’il n’y a pas eu vraiment de croissance. Il y a eu beaucoup d’erreurs. C’est un fait. Ces gens qui étaient au pouvoir n’avaient pas réussi à faire une nation auparavant. Ils étaient en apprentissage. Donc on peut leur concéder des erreurs, c'est certain, c’est tout à fait humain. Mais il y a eu quand même un beau travail qui a été fait, qui a fait de la Côte d’ivoire un pays parmi les pays appelés essentiels. Un pays essentiel, peut-être pas très grand, ni très puissant, mais quand il va bien, les pays limitrophes s’en ressentent. Et quand il a des problèmes, ces pays aussi le ressentent. Et ça, c’est le cas de la Côte d’Ivoire. On ne peut pas dire «tout a été mauvais, on a eu que des erreurs». Non, chez vous aussi, il y a eu des erreurs. Et chez nous, il y a eu des erreurs. Ce ne sont pas des saints, ils ont dilapidé mais aussi ils ont consolidé. Ils ont apporté certaines envies de travailler. Ce n’est pas encore, ce n'est pas la perfection du tout.


RFI : Mgr Agré  quand le pays va bien, quand le pays va mal… depuis dix ans, le pays traverse une période chaotique. Le pays a connu un coup d’Etat, une guerre civile, des assassinats politiques ?

B.A.: C’est ce qu’on appelle la crise et cette crise sévit un peu partout. Je ne suis pas en train de défendre le pays: il y a eu beaucoup d’erreurs.Nous avons eu des moments où l’on a eu le choc pétrolier, on a eu ce qu’ils appellent la conjoncture, c’est passé et la crise est venue. L’exception ivoirienne dont on parlait autrefois, c’était qu’il n’y avait pas de coup d’Etat, pas de coups de guerre. Mais maintenant, nous avons perdu cette exception ivoirienne. On a barboté, on est allé jusqu’au fond du trou mais il y a toujours possibilité de revenir.


RFI : Des signes d’espoir, on en attendait un très fort : c’était une date pour une élection présidentielle. On l’attend depuis 2005, les reports ont été nombreux. Le gouvernement ivoirien vient d’annoncer la date du 31 octobre prochain pour la présidentielle. Pensez-vous que cette élection vont bien avoir lieu cette fois et que c’est un ferment important pour l’avenir du pays ?

B.A.: Je ne suis pas aux commandes du pays. Il y a des gens qui sont aux commandes, qui nous disent hier à la télévision, à la radio, devant la population, nous fixant la présidentielle au 31 octobre. Mais faisons confiance en leur disant «surtout ne gâchez pas cet avenir, ne gâchez pas cette espérance». C’est le monde entier qui regarde, mais aussi la nation entière. Les petits comme les grands disent «ils vont tenir parole cette fois». Alors faisons-leur confiance jusqu’au jour ils nous démontrent que c’est du bluff. Pour le moment, nous pouvons quand même espérer qu’ils tiendront parole.


RFI : La Côte d’Ivoire pourrait-elle supporter un nouveau report d’après vous ?

B.A.: Pourquoi parler de nouveau report ? Ce n’est pas encore reporté. Pour le moment, c’est ce que l’on a entendu. Je ne suis pas prophète. Je dis simplement, des gens qui sont au pouvoir avec ce qu’ils appellent la société internationale nous sont revenus et ils ont dit le 31 octobre. Alors travaillons pour que le 31 octobre, il n’y ait pas de fausses notes et que les choses se fassent dans les normes, c’est-à-dire avec une liste électorale fiable, qu’on ne mette pas des gens qui ne sont pas Ivoiriens dedans et qu’on ne classe pas -et je crois que c’est ça qui est important- nous faisons confiance jusqu’à ce que eux-mêmes nous disent «on ne peut pas nous faire confiance».


RFI : Dans votre livre de mémoire qui est paru au printemps, vous écrivez «C’est dans les urnes que se trouve le pouvoir véritable. Il ne doit pas y avoir de dérogation sur ce plan-là». Ce message, il s’adresse à qui ?

B.A.: A tout le monde aussi bien en Côte d’Ivoire qu’au monde entier parce que moi je suis évêque et je ne pense pas seulement à mon pays, je pense à tout le monde. Les coups d’Etat ne se passent pas seulement en Côte d’Ivoire, c’est dans tous les pays du monde. Et c’est jusqu’ici, à partir des urnes que le pouvoir démocratique sort, donc il ne faut pas inventer des coups d’Etat, des coups de force. Ce n’est pas démocratique.


RFI : Mais, il s’adresse aussi au président Gbagbo ?

B.A. : A tout le monde, j’ai dit. Le président Gbagbo fait partie du monde.


RFI : La Côte d’Ivoire a connu plusieurs accords de paix. Vous dites dans votre ouvrage que les accords de Marcoussis ont été un hold up et que ceux de Ouagadougou sont une réconciliation... 

B.A.: La réconciliation est humaine. Il y a des failles dedans. Quant on a lu les accords de Ouagadougou –Ouagadougou, ce n’est pas une parole d’Evangile. Vous remarquerez très bien que dedans il a mis : «C’est le président élu qui va faire le désarmement». Tout n’est pas très (rires)… Le désarmement est-il fait ? n’est-il pas fait ? Nous sommes dans le pays, nous allons voir. Tout le monde désire cette réconciliation et on y travaille, croyez-moi, les hommes politiques aussi mais nous aussi les hommes religieux, nous y travaillons pour changer les cœurs des gens parce que dans les cœurs se trouvent la paix et aussi la guerre. Alors nous pensons que nous allons arriver à quelque chose. Vous savez, madame, je suis quand même un peu âgé, j’ai connu votre temps, le temps où la France a connu sa crise de 39 à 45. Et entre 44 et 45, les temps qui ont suivi, il y a eu des horreurs. Mais la France a tourné la page parce qu’il y a eu des hommes magnifiques qui ont pris les choses en mains. Et aujourd’hui, la France ce n'est pas uniquement la France, c’est toute l’Europe. Ici bien sûr, de loin on dit «les gens ne sortiront pas, il y a ceci...» Ne regardons pas trop. Quelquefois, c’est une tempête vraie et d’autres fois aussi, c’est une tempête dans un verre d’eau. Je crois qu’il faut quand même que nous soyons quand même assez positifs pour dire «ces pays d’Afrique, si on leur laisse la possibilité de le faire peuvent arriver, arrivent dans la paix». Quand je regarde un peu aujourd’hui, je dis effectivement que c’est dans les urnes que l’on peut trouver une démocratie, ce n’est pas dans les coups d’Etat. C’est terminé maintenant, cette époque tumultueuse des coups d’Etat. Tout le monde doit comprendre, et les militaires et les civils,  que c’est dans les urnes seulement. Alors la Côte d’Ivoire dit «Nous allons faire nos élections...» On les encourage ! Et on dit aux gens : «attention aux paroles, attention aux actes». Nous ne sommes pas des gens qui disent toujours «attention, attention». Non, on n’est pas des pompiers ! Mais il faut être aussi des éducateurs.


RFI : Mgr Agré ..

B.A.: Vous ne voulez pas qu’on dise un mot de l’avenir ?


RFI : Nous allons parler d’avenir dans un instant. Vis-à-vis de la France, on a le sentiment que cinquante ans après l’indépendance, c’est aujourd’hui que la Côte d’Ivoire dit non à la France. Comment dire ce sentiment d’éloignement vis-à-vis d’un pays qui a été longtemps très proche de la Côte d’Ivoire ?

B.A.: Madame, celui qui vous parle a été éduqué à la française, je suis francophile. Mais entre temps, il y a eu, depuis les indépendances, des va-et-vient entre Français et Ivoiriens et quand il y a des hommes, il y a toujours des moments d’incompréhension. Mettons tout ce qui s’est passé un peu sous la coupole de l’incompréhension. Certains Français ont pensé que les Ivoiriens étaient devenus francophobes. Ce n’est pas vrai du tout. La jeunesse actuelle n’a pas été élevée en France. Beaucoup ont été élevés en France et sont revenus heureux d’appartenir à cette culture. Et c’est grâce à cette langue française que je peux collaborer, je peux parler avec vous. Je m’en réjouis mais il ne faut pas croire que la France n’a eu que des heures de gloire en Côte d’Ivoire et que les Ivoiriens aussi n’ont eu que des moments d’euphorie vis-à-vis de la France. Il y a des moments où on ne se comprend pas. Et certaines personnes ont pensé malheureusement, et je l’ai dit à l'Elysée, il ne faut pas personnaliser le débat. Ce n’est pas une question du président Chirac et de Laurent Gbagbo, ils sont présidents d’un pays, ils sont présidents de notre pays qu’ils puissent se parler d’une façon paisible comme des collègues, mais qu’on en fasse pas un pugilat entre Gbagbo et le président Chirac. Les choses ont pu changer mais le peuple ivoirien reste encore attaché à la France. Il y a eu des moments très durs ici où on a senti qu’on a fait un retour en arrière. Il ne faut pas non plus mettre les fautes du côté des Français ou bien mettre leurs fautes du côté des Ivoiriens. Leurs torts sont partagés. Il faut reconnaître ça.


RFI : Mgr Agré, justement en ce jour du cinquantième anniversaire de l’indépendance de votre pays. Que souhaitez-vous pour votre pays ?

B.A.: Pour mon pays, je souhaite d’abord qu’il y ait une très bonne fête, qu’il n’y ait pas de morts, qu’il n’y ait pas de blessés et que nous ayons une nouvelle conscience que tous les Ivoiriens, tous ceux qui habitent ici, aient une nouvelle conscience de la grandeur, de la beauté de l’avenir de la Côte d’Ivoire et que ces gens, jeunes et adultes, renoncent aux solutions de facilité, qu’ils travaillent un peu plus, qu’ils soient plus disciplinés -c’est leur devise- et que dans ce travail acharné et bien fait, dans un pays aussi riche que la Côte d’Ivoire, on puisse vivre riches. Riches pour pouvoir enrichir ceux qui sont autour de nous et que nous puissions cultiver, les uns et les autres. Mais si vous voulez, les quatre principes, les quatre piliers qui font un pays fort appuyés sur l’éthique, sont le respect de la personne humaine, quelle qu'elle soit, autochtone ou étrangère, nord ou sud, qu’on puisse respecter le bien commun donné par la nature ou bien par le travail des hommes, que l’on puisse respecter nos institutions. Troisièmement, respecter le principe de subsidiarité. Que chacun à son poste accomplisse sa tâche et laisse accomplir sa tâche aux autres qui partagent les responsabilités. Et que les informations circulent. C’est ce que je souhaite... Retenez ce principe que la rétention volontaire d’informations dues est une forme subtile de dictature. Quatrièmement, respect de la solidarité. C’est ça que je souhaite fondamentalement pour le pays.


RFI : Est-ce que l’espérance qui était au cœur du peuple ivoirien en 1960 est toujours là ?

B.A.: Très vivace. Il ne faut pas croire que nous sommes devenus des désespérés en train de regarder uniquement vers la France, de vouloir sortir de Côte d’Ivoire pour habiter la France. La France n’est pas non plus le paradis. Il y a beaucoup de difficultés, nous le sentons tous les jours en écoutant votre radio, d'autres radios aussi. Donc nous voyons les failles en France. Et nos jeunes qui s’en vont chercher fortune là-bas et ailleurs nous disant «écoutez en travaillant un peu plus ici et en nous organisant, nous pouvons réussir» et cette espérance doit être chérie dans nos cœurs. Personne ne peut dire «les Ivoiriens sont des désespérés». Je ne vois pas ça du tout comme ça. Alors en faisant travailler le sol et le sous-sol et en transformant ce que nous fabriquons, nous pouvons vivre très heureux et accueillir encore des gens pour vivre heureux avec nous.


RFI : Donc c’est dans la joie et dans l’espoir et dans l’espérance que va s’ouvrir cette journée du cinquantième anniversaire ?

B.A.: Moi je suis à la retraite mais je reçois constamment du monde et des hommes politiques, et des hommes d’église. Tout le monde, je viens encore de recevoir une commissaire tout à l’heure qui s’en va heureuse de travailler toute la nuit pour qu’il y ait de l’ordre. Et vous voyez, moi je suis optimiste mais pas d’un optimisme béat. Je sais très bien que quand il y a l’homme, il y a toujours des lacunes. Mais cette indépendance doit être le départ d’une nouvelle Côte d’Ivoire où les gens prennent conscience qu’ils peuvent avoir une place de choix dans le Concert des nations.


RFI : Mgr Agré, je vous remercie.


Cardinal Bernard Agré, ses grands bonheurs, ses menus secrets, Mémoires.  Entretien avec Lebry Léon Francis. Edition Présence Africaine.

(DR)


Par Christine Muratet

 (Transcription : Patricia Berquin)

La diaspora ivoirienne  fait la fête !

 

La fête se prolonge en plein ciel

Pendant deux mois, le personnel navigant de la compagnie aérienne nationale se fera l’écho des festivités, vêtu Cinquantenaire de la CIdu Pagne du Cinquantenaire. La cérémonie officielle de présentation des nouvelles tenues s’est déroulée récemment à l’agence de ladite structure sis à l’aéroport d’Abidjan.

 

En partenariat avec Uniwax, fournisseur officiel du pagne du Cinquantenaire de la Côte d’ivoire, et sous le regard de la Commission nationale d`organisation du Cinquantenaire de la Côte d`Ivoire, la Compagnie Air Ivoire a tenu à marquer d’une pierre blanche sa contribution au renouveau de la Côte d’ivoire. Un renouveau constitué par la valorisation des ressources locales, en l’occurrence le pagne, ce textile dont la Côte d’ivoire constitue l’une des figures de proue en termes de production.
Saluant vivement la collaboration entre la firme de textile et le transporteur aérien, Maître Angèle Kouassi, vice-présidente de la Commission nationale d`organisation du Cinquantenaire de la Côte d`Ivoire, a dit toute sa fierté de voir planer dans les airs l’étendard ivoirien. « En habillant son personnel de bord du pagne du cinquantenaire, la compagnie nationale de transport aérien participe ainsi de façon visible à l’exaltation des symboles de la Côte d’ivoire », s’est-elle réjouie.
Le vol VU600 à destination de Dakar, a été le premier de la compagnie aérienne nationale, à bord duquel les passagers ont pu admirer les nouvelles tenues des hôtesses et stewards.


Compilation : Satür Le Fur

Sources : rfi.fr, Abidjan.net, Rti.fr

 

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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 17:34

                     BURKINAFASO.gif

 

Le cinquantenaire de l'indépendance du Burkina Faso.... c'est pour le 11 décembre !

Au Burkina Faso, on se perd dans les dates commémorant l’indépendance. Si le 5 août est la date réelle de la proclamation de l’accession du pays à la souveraineté nationale, celle-ci passe inaperçue. La date est fériée mais toutes les cérémonies commémoratives ainsi que le discours à la nation du chef de l’État sont renvoyées au 11 décembre, date de la proclamation de la République au sein de la Communauté française.


Très tôt après l’indépendance, la date du 11 décembre a été préférée pour plusieurs raisons : éviter que la fête nearmoirie-BF.jpg soit gâchée par la pluie, août étant le mois le plus pluvieux de l’année dans le pays ; les élèves dont on a besoin pour le défilé sont en vacances en août. Août est également le mois des travaux champêtres pour la majorité de la population qui est paysanne.

Après le coup d’Etat du 4 août 1983 qui a instauré un régime révolutionnaire, le 11 décembre et le 5 août ont été considérées comme des fêtes de réactionnaires.  La fête nationale était désormais le 4 août.

À l’avènement de la IVe République au début des années 90, la classe politique était divisée sur la question des dates : les anciens prônaient un retour au 5 août tandis que les jeunes issus de la révolution étaient pour le maintien du 4 août. Pendant quelques années ces deux dates étaient fériées. Même le 15 octobre marquant le mouvement de «rectification», c’est-à-dire l’arrivée de Blaise Compaoré au pouvoir en 1987 était fériée.

L’Assemblée nationale finit par trancher. Le 11 décembre considérée plus consensuelle est retenue même si la vraie date de l’indépendance reste le 5 août. Si bien qu’officiellement on ne parle pas de fête de l’indépendance au Burkina mais de fête nationale.

 

Des festivités du cinquantenaire ... toute l'année 2010

 

Banderole-au-lancement.JPGLa ville de Bobo-Dioulasso, choisie pour abriter la célébration officielle du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina Faso a accueilli du 19 au 21 mars 2010 la cérémonie officielle de lancement marquée notamment par le discours du président du Faso et la découverte du logo du cinquantenaire au stade Wobi.


Les prestations artistiques, le cérémonial militaire de remise de l’emblème nationale au président du Faso, le défilé des engins à deux roues et de véhicules des années 60, les masques et troupes venus des 13 régions du Burkina et enfin, les feux d’artifices auront eu le mérite, dans leur ensemble, de faire vibrer la fibre patriotique des uns et des autres.

A entendre le lieutenant/colonel Ollo Alain Palé, ce cérémonial constitue un signal fort pour la Nation et interpelle les générations présentes et futures sur le renforcement de leur dévouement et de leur engagement pour les causes de la patrie-mère, « le Pays des hommes intègres ». La résistance et les luttes anticoloniales des pionniers de nos indépendances ont abouti à la libération politique et à la renaissance d’une Afrique nouvelle et ambitieuse. Le devoir de mémoire s’impose donc, selon le président du Faso, afin de leur rendre hommage pour leurs luttes héroïques.

Avec « la reconstitution de la colonie de Haute-Volta jadis disloquée, la proclamation de la République le 11 décembre1958 et l’accession à l’indépendance le 5 août 1960 », notre pays, a dit Blaise Compaoré, a connu un parcours qui constitue un héritage de vaillants patriotes, héritage qui doit intensément inspirer les générations montantes. Sur ce legs s’est forgé l’esprit de tolérance, de solidarité et le sentiment patriotique burkinabè, avec des avancées notables, tels l’enracinement de la culture démocratique et l’élargissement des progrès économiques et sociaux.

Le thème du cinquantenaire : « 50 ans de construction d’une nation : souvenir et espérance », incarne pour phpHaAoMG-Bobo-ceremonie.jpgle chef de l’Etat, l’engagement des Burkinabè à affirmer leur identité et à créer les conditions nécessaires à leur bien-être, avec déjà à leur acquis, un parcours non négligeable dans l’édification d’une nation mature et maîtresse de son destin.

Après 50 ans de « passé glorieux, vigoureux et riche en enseignements », il s’impose, à entendre Blaise Compaoré, de travailler à renforcer ce socle social, culturel, économique et politique d’une nation émergente et solidaire. Conscient que le Burkina ne pourra se forger un futur rassurant que dans l’éveil des consciences, le président a invité toutes les couches socioprofessionnelles à la préservation des acquis et à l’accélération de la dynamique de développement incluant la consolidation de la paix et de la stabilité sous- régionales.

 C’est par un feu d’artifice que la cérémonie a connu son apothéose, lançant ainsi les activités qui vont jalonner toute l’année jubilaire dont le clou sera le 11-Décembre à Bobo-Dioulasso.


Lire le discours intégral de lancement de Blaise Compaoré


Le logo ...

 

logo-cinquantenaire-independances-burkina.344_0.jpgLe lancement des activités du cinquantenaire de l’indépendance  a servi de cadre à la présentation du logo officiel de la célébration.

Un étalon intégré avec le chiffre « 5 » en mouvement vers un soleil rayonnant qui forme un zéro, représentant ainsi les 50 ans d’indépendance. Deux drapeaux (celui de la Haute-Volta à gauche et du Burkina Faso à droite) de part et d’autre du thème, rappellent le souvenir de 1960 et l’espoir que suscite l’année 2010.

Conçue par Gaby Mont-Rose Ali, Burkinabè d’adoption d’origine tchadienne, l’œuvre a remporté un franc succès auprès du public.Durant la cérémonie de présentation du logo du cinquantenaire, un jeune homme, en chemise rouge, se presse contre les barreaux de la tribune officielle du stade Wobi. Tout ouie, il écoute religieusement l’interprétation donnée du logo, son logo, par le speaker de la soirée. Quelques secondes plutôt, l’accès à l’estrade présidentielle lui était bloqué, par le draconien service de sécurité. La poignée de main tant espérée ne viendra jamais !

Mont-Rose_Ali_Gaby1.jpgLes yeux se frayant difficilement un champ de vision à travers les fentes de la grille métallique, Gaby écoute le speaker interpréter son œuvre : « le logotype du cinquantenaire du Burkina Faso suggère globalement un cheval au galop vers un soleil rayonnant. L’ensemble du logo est constitué d’éléments graphiquement imbriqués de façon à traduire clairement l’évènement du cinquantenaire, le thème et la philosophie qui le soutendent ». Le cheval est au milieu de deux demi-cercles. Celui du dessus, tout en jaune, porte le nom du pays. Celui du dessous, limité aux deux extrémités par le drapeau de la Haute-Volta et la bannière du Burkina Faso, porte les mots « souvenir & espérance ». Sous le drapeau de la Haute-Volta est inscrit « 1960 », date de la proclamation de l’indépendance, tandis que, sous celui du Burkina, est inscrit « 2010 », date du cinquantenaire. Le poitrail du cheval forme avec le disque rayonnant, au cœur duquel est placé une carte du Burkina, le nombre 5O. Juste en dessous du disque, on peut lire « ans » qui intégré au nombre exprime le cinquantenaire de l’indépendance.

A la fin de l’explication du speaker, par ailleurs bien applaudi par le public, Gaby rejoint sa place, le cœur serré. C’est moins pour les félicitations présidentielles que l’occasion manquée d’exprimer sa reconnaissance à son pays d’adoption qui le peine autant. « J’ai tout fait dans ce pays », déclare le graphiste, « j’y ai obtenu mon BAC, puis j’ai suivi tout le cursus universitaire au département d’Arts et Communication de l’université de Ouagadougou », poursuit-il. « Ce logo est le moyen pour moi qui ne possède pas encore la nationalité burkinabè, de traduire ma reconnaissance à ce pays, à ce peuple qui a fait de moi l’homme que je suis », a-t-il conclu. Noble intention ! Hélas, il ne pourra la concrétiser en face du président de la république.

 

Les "Sankaristes"  donnent de la voix pour le cinquantenaire

sankara432_0_0.jpgUne signature de la pétition pour la réouverture du dossier Thomas Sankara, une conférence publique sur le thème: «Le cinquantenaire des indépendances: l’auto-ajustement au cœur des politiques économiques du Burkina Faso», ont constitué les temps forts de la commémoration de la Révolution d’Août 1983, par l’Union pour la renaissance/Parti sankariste, (Unir/PS, opposition), ce 4 août 2010 à Ouagadougou.

 «J’y crois, je m’engage!» est l’action de charme entreprise par l’Unir/PS à l’endroit de ses membres, militants et sympathisants, cela à quelques mois de la présidentielle du 21 novembre 2010. Le lancement de cette opération s’est déroulé en marge de la commémoration du 27ème anniversaire de la Révolution d’Août 1983, qui coïncide cette année avec le cinquantenaire des indépendances de nombre de nations africaines, dont le Burkina. C’est à ce titre que Me Bénéwendé Stanislas Sankara, invite les Burkinabè à la réflexion. Car en «cinquante ans d’indépendance formelle de notre pays, notre peuple croupit dans un néo-esclavagisme savamment entretenu par les gardes-chiourmes et valets locaux de l’impérialisme international et français en particulier», a indiqué le président de l’Unir/PS. Il a alors appelé les Burkinabè à prendre en main leur destin, pour oser inventer l’avenir.
Le chef de file de l’opposition et candidat déclaré à l’élection présidentielle, s’est dit «convaincu que le maitre-9.gifchangement est à portée de main et que le peuple burkinabè exsangue est prêt pour rééditer la Révolution.» Il a ajouté que «l’Unir/PS, à travers son projet de société voudrait poser ce pas décisif avec le peuple, en le mobilisant et en l’organisant pour qu’il assume pleinement sa souveraineté».
La conférence publique animée, par le professeur Claude Wetta, a, quant à elle, permis aux participants de revisiter les différentes politiques économiques utilisées par les gouvernements qui se sont succédé. Avec 6 coups d’Etat et 4 républiques, le Burkina est passé du libéralisme économique à l’ultra libéralisme avec le programme des ajustements structurels. Le conférencier a démontré que malgré tout ce qui se dit sur la révolution, elle a permis au pays des hommes intègres de faire un bon économique spectaculaire. Tous les indicateurs étaient pratiquement au vert entre 1984 et 1987, selon lui.
La signature de la pétition et une projection de film sur la vie de Thomas Sankara ont été les autres moments marquants de la journée.


 

Burkina Faso : après 50 ans....

Le Burkina Faso, ou «Pays des hommes intègres», est devenu l’un des pays les plus stables d’Afrique de l’ouest, après de longues années d’agitation politique ponctuées de coups d’Etat militaires. Son président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, a réussi à se faire élire depuis l'instauration du pluralisme en 1991

En novembre 2010, Blaise Compaoré, l'actuel président, devrait briguer son dernier mandat, mais ses partisans appellent déjà ouvertement à une modification de la Constitution pour lui permettre de continuer après 2015. Pays pauvre, à la population réputée travailleuse, le Burkina Faso a été plus encore que ses voisins ébranlé par la crise ivoirienne, qui a aussi sans doute profité politiquement au régime en place.


Des États monarchiques à l'union

Pour comprendre la situation actuelle du pays, il faut évoquer sa longue histoire, marquée par la constitution de royaumes homogènes dont on trouve un prolongement jusqu’à l’époque contemporaine, tandis que la vie politique à l’indépendance ne cesse d’osciller entre régime d’exception et pluralisme.

Au XIIe siècle, des descendants de Yennenga (une amazone du Nord-Ghana) fondent les quatre royaumes Mossi, dont Ouagadougou, le plus puissant, est administré par un roi (Moro Naba). Cet ensemble souple parvient jusqu’au début du XIXe siècle à établir une cohésion entre les différents groupes (Gourounsi, Gourmantché, Dioula, Peul, etc.), à résister à ses puissants voisins (Mali, Songhay) et à la pénétration de l’Islam.

Soumis en 1897, il est intégré en 1911 à l’Afrique occidentale française (AOF) puis devient en 1919 la colonie de Haute-Volta. Déjà pourvoyeuse de main d’œuvre pour le reste de la région, celle-ci est partagée entre la Côte d’Ivoire, le Soudan et le Niger en 1932, puis reconstituée en 1947.

Pourquoi «  la Haute Volta »

Curieux nom que celui de cet Etat enclavé de l’ancienne Afrique Occidentale Française ! Si la Volta est un drapeau-hte-volta-2.jpgfleuve, la référence à la Haute Volta renvoie au cours supérieur de celui-ci, formé de trois branches, les Volta noire, blanche et rouge, couleurs qui seront celles du premier emblème national.

Plus que ses fleuves, ce sont ses hommes, nombreux et réputés travailleurs, qui intéressent les colonisateurs. Démantelée en 1932 pour fournir de la main d’œuvre aux colonies voisines, la Haute Volta ne sera reconstituée qu’en 1947. Une colonie pauvre, où la Métropole investit peu et qui se construit largement grâce à ses propres forces, un capital précieux que le Burkina Faso, nouveau nom du pays à partir de 1984, saura mettre en valeur.


Les premiers pas de l'indépendance

yameogo.jpgDix ans plus tard en 1957, Ouezzin Coulibaly, leader de l'UDV, Union démocratique voltaïque (représent  Gal-Sangoule-Lamizana-3dcb0.jpgant en Haute-Volta le RDA, le Rassemblement démocratique africain), dirige le Conseil de gouvernement. À sa mort en 1958, Maurice Yaméogo lui succède puis instaure, après l’indépendance le 5 août 1960, un régime de parti unique. Il est chassé en 1966 par le mécontentement social. 

Le colonel Sangoulé Lamizana, qui prend alors le pouvoir, rétablit le pluralisme (pour la première fois depuis 1959, des élections législatives concurrentielles, avec 7 partis en lice, sont organisées en décembre 1970), mais celui-ci ne dure guère. La Constitution de 1977 remet le multipartisme (limité au tripartisme) à l’ordre du jour, Lamizana est réélu, avant d’être balayé en 1980 par le colonel Saye Zerbo, évincé à son tour par le commandant Jean-Baptiste Ouedraogo.


La révolution

sankara1.jpgEn 1983, une nouvelle génération de militaires s’installe au pouvoir : le capitaine Thomas Sankara prend la tête d’un Conseil national de la révolution (CNR), puis rebaptise la Haute-Volta, Burkina Faso. Les jeunes dirigeants, animés par un projet de transformation radicale de la société, entreprennent de lutter contre le gaspillage et la corruption, et de confier le pouvoir au «peuple».

Pendant quelques courtes années, le pays devient une référence pour la jeunesse africaine, et Thomas Sankara un héros international. Mais les exactions des Comités populaires de la Révolution (CDR), autant que les difficultés économiques et l’hostilité de la communauté internationale, suscitent un putsch, le 15 octobre 1987, où Thomas Sankara trouve la mort.


 

1ère partie de la série de 3 ( Regardez le reste sur Dailymotion)


La «rectification»

Sous l’égide du Front populaire, le capitaine Blaise Compaoré prône la « rectification », au BLAISE20COMPAORE20BURKINA20FASO.jpgplan économique (libéralisation) et politique. Le pays est pacifié, il rétablit le multipartisme, est confirmé à la tête de l’Etat lors de scrutins sans enjeu (1991 et 1998) qui voient s’affirmer l’emprise de son parti, le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) sur la vie politique.

Sans faire figure de «vieux sage», Blaise Compaoré a su se poser en médiateur dans certains conflits au niveau régional (rébellion des Touareg du Niger, en 1995). Mais ses soutiens présumés au Libéria de Charles Taylor, puis aux rebelles ivoiriens qui prenaient en 2002 le contrôle du Nord de la Côte d’Ivoire, l’ont placé dans un relatif isolement. Il retrouve son rôle d'intermédiaire ai Togo à partir de 2007, se rapproche à nouveau d'Abidjan en 2008, et contribue activement à la résolution du conflit guinéen depuis l'année passée.

 

 

Entretien Compaoré sur l'assassinat de Sankara


Economie assistée

Situé dans la boucle du Niger, le Burkina Faso (274 200 km²) est un pays enclavé, constitué d’un plateau aux travail_informel_burkina.jpgsols arides ou latéritiques, dont la faible déclivité gêne l’écoulement d’un réseau hydrographique dense, mais peu utilisable (Comoé, Voltas). C’est un des Etats les plus peuplés d’Afrique de l’ouest (13,4 millions d’habitants en 2004), avec un taux de croissance annuel de 2,9 %. Sa population, dominée numériquement par l’ethnie mossi (48% environ) est très composite ; les musulmans y comptent pour 43 % du total, avec un fort noyau chrétien (12,2 %), notamment catholique, ces confessions étant en nombre croissant. Elle a depuis la colonisation constituée un réservoir de main d’œuvre pour toute la sous-région, surtout la Côte d’Ivoire où vivent plus de 2 millions de Burkinabés.

L’impact de la crise en Côte d’Ivoire sur la fragile économie burkinabè (4 264 millions de dollars de PIB en 2003), marquée par la baisse des transferts financiers, l’afflux des rapatriés (au moins 350 000), a été limité par la réouverture partielle de la frontière et la réorganisation des flux vers les pays voisins (66% des marchandises transitaient par le port d’Abidjan).

Classé parmi les plus pauvres au monde (177e sur 182 pays, selon l'Index du développement Burkina-Faso-Ccoton-1.jpghumain. PNUD 2009), le pays vit de l’agriculture et de l’élevage et reste très sensible aux dégradations de la pluviométrie. Devenu l’un des plus importants producteurs africains de coton, le Burkina Faso subit les effets de la baisse des cours mondiaux, due en partie aux subventions des pays du nord à leurs producteurs. La hausse des hydrocarbures a contribué aussi à la forte détérioration des termes de l’échange, toutes ces dernières années.

Ce pays très dépendant de l’aide internationale et où fleurissent les ONG de développement, bénéficie d’une bonne image de marque à l’étranger. Un tourisme de découverte s’y est développé, et sa capitale, Ouagadougou, draine un public nombreux à l’occasion (depuis 1969) de la principale manifestation culturelle nationale : le Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco). Cette activité a suscité une création cinématographique parmi les plus dynamiques d’Afrique.


Burkina Faso : 20 dates à retenir

 Au Burkina Faso, les noms de deux hommes mobilisent encore les foules : Norbert Zongo et Thomas Sankara (sur la photo). Tous deux assassinés dans des circonstances restées obscures. Le Burkina Faso, ancienne Haute-Volta, est dirigé par le même homme depuis bientôt 23 ans. La prochaine élection présidentielle devrait avoir lieu cette fin d'année, quelques jours avant la commémoration du cinquantenaire de l'indépendance, le 11 décembre 2010.

 

1960
Devant une foule en joie habillée en noir, blanc et rouge, les couleurs du drapeau voltaïque, Maurice Yaméogo du Rassemblement démocratique africain (RDA) proclame le 5 août l’indépendance de la Haute-Volta. Parmi les invités, un représentant de la France mais aussi les présidents Hamani Diori du Niger et Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire. Maurice Yaméogo qui avait succédé deux ans plus tôt à Daniel Ouézzin Coulibaly (principal leader politique mort subitement à Paris) à la tête du conseil du gouvernement devient le président de la Ière république.
Il est réélu en octobre 1965 avec 99 % des suffrages. Mais son autorité est contestée.

Les syndicats descendent dans la rue pour dénoncer ses fastes, ses nombreux voyages chez son ami Houphouët-Boigny et surtout les mesures d’austérité budgétaires adoptées en décembre 1965.

1966
Les mouvements de décembre 1965 prennent de l’ampleur en ce début d’année. Maurice Yaméogo fait face à un soulèvement populaire. Syndicats et partis politiques sont dans la rue avec la population. Le 3 janvier 1966, la foule est tout près d’envahir le palais présidentiel. Elle crie «l’armée au pouvoir». Sous la pression, Yaméogo démissionne. L’armée s’empare du pouvoir. Et c’est le lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana, chef d’Etat-major qui devient le président. Il restera près de 15 ans à la tête du pays.

1970
Quelques mois après sa prise de pouvoir, l’armée suspend les activités politiques. C’est le début de l’ère des syndicats, groupuscules et partis clandestins qui feront la réputation des Voltaïques dans la lutte politique en Afrique. Sous la pression, le président Lamizana accepte un retour à une vie constitutionnelle. Le 14 juin, une nouvelle Constitution est adoptée par référendum. Elle instaure un régime parlementaire. Les législatives organisées le 20 décembre sont remportées par le Rassemblement démocratique africain (RDA) devant le Parti du regroupement africain (PRA) et le Mouvement de libération national (MLN). Ainsi, le président du RDA, Gérard Kango Ouédraogo devient Premier ministre. La HauteVolta vit une expérience originale au moment où dans les autres pays de la région, c’est la politique des partis uniques.

1974
L’année commence avec une grave crise au sein du RDA, le parti au pouvoir. Le premier ministre Gérard Kango Ouédraogo et le président de l’Assemblée nationale Joseph Ouédraogo se dispute le leadership du parti. Une motion de censure est déposée contre le premier ministre. L’Assemblée refuse de voter la Loi des finances. Le 8 février, l’armée se saisit du prétexte de «blocage institutionnel» pour reprendre le pouvoir. C’est l’instauration du «Renouveau national» avec toujours Sangoulé Lamizana comme chef de l’État. L’acte est qualifié de coup d’État par les civils.

1975
Seul maître à bord, Sangoulé Lamizana essaie d’introduire un régime de parti unique. Les syndicats voltaïques protestent vigoureusement et réclament un retour à l’ordre constitutionnel. Ils lancent les 17 et 18 décembre une grève qui restera dans les annales du syndicalisme africain. Tout le pays est paralysé. Le pouvoir recule. En février 1976, il forme un nouveau gouvernement et crée en avril une commission chargée d’élaborer une constitution.

1978
Le pays vit à l’ère de la IIIe république après l’adoption par référendum le 27 novembre 1977 de la nouvelle Constitution. Le 30 avril 1978, les élections législatives sont remportées par le RDA devant l’Union nationale pour la défense de la démocratie (UNDD) d’Hermann Yaméogo et l’Union progressiste voltaïque (UPV) de Joseph Ki-Zerbo. Le 14 mai, élection présidentielle : Sangoulé Lamizana, candidat du Rassemblement démocratique africain (RDA), affronte pour la première dans les urnes les leaders politiques. Il est mis en ballotage par Macaire Ouédraogo, candidat de l’UNDD. C’est une première en Afrique pour un président en exercice. Mais à l’issue du second tour organisé le 28 mai 1978, Lamizana est élu.

1980

La Haute-Volta connait de nouvelles turbulences. Le front s ocial est en ébullition. Depuis octobre, une longue grève paralyse le secteur de l’éducation. Le 25 novembre 1980, coup d’État militaire. Le général Sangoulé Lamizana est renversé par le colonel Saye Zerbo. Ce dernier crée le Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN).

1982
Le 7 novembre 1982, un nouveau coup d’État militaire. Le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo devient le président. Il dirige le Conseil de salut du peuple (CSP).

1983
Le 11 janvier 1983, le capitaine Thomas Sankara est nommé Premier ministre. Membre du gouvernement du colonel Saye Zerbo, il avait démissionné le 12 avril 1982 de son poste de secrétaire d’État à l’information. Une première pour un ministre africain. «Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple !», avait-il lancé à son départ. Le 17 mai 1983, le Premier ministre  Thomas Sankara est arrêté. Les élèves et étudiants descendent dans la rue pour réclamer sa libération. Le capitaine Blaise Compaoré se retranche dans son camp à Pô et organise la résistance. Celle-ci aboutit au renversement du régime, le 4 août 1983. Ce sont les débuts de la révolution démocratique et populaire, avec à sa tête le Conseil national de la révolution. Celui-ci est principalement dirigé par quatre leaders historiques : les capitaines Thomas Sankara, Blaise Compaoré et Henri Zongo et le commandant Jean-Baptiste Ouédraogo.

1984
En mars, plus de 1 000 enseignants grévistes sont licenciés. Le 4 août, la Haute-Volta change de nom et devient le Burkina Faso qui signifie le «pays des hommes intègres». Le drapeau et l’hymne changent. Les habitants deviennent des Burkinabè. Le régime crée les Comités de défense de la révolution (CDR) et des Tribunaux populaires révolutionnaires (TPR). Les dignitaires des anciens régimes dont l’ancien président Sangoulé Lamizana sont jugés.

1985
En décembre, un conflit frontalier oppose le Burkina au Mali. Les deux pays s’étaient déjà affrontés en 1974 pour une bande de terre dans ce que les observateurs ont qualifié de «guerre de pauvres».

1987
Les contradictions entre les dirigeants révolutionnaires se terminent dans un bain de sang. Le capitaine Thomas Sankara est assassiné le 15 octobre 1987 avec 12 de ses compagnons par un commando. Le coup d’État est mené par Blaise Compaoré qui devient le président. Il crée le Front populaire. C’est la «rectification» de la révolution du 4 août 1983.

1989
Le 18 septembre, le pouvoir dénonce une tentative de coup d’État. Accusés d’en être les auteurs, le capitaine Henri Zongo et le commandant Jean-Baptiste Lingani, deux chefs historiques de la révolution sont exécutés.

1991
Le Burkina fait un retour à l’État de droit. Une nouvelle Constitution qui instaure la IVe République est adoptée le 2 juin. Le 1er décembre 1991 : élection présidentielle boycottée par l’opposition. Seul candidat, Blaise Compaoré est élu. Depuis lors, il s’est toujours fait réélire.

1998
13 décembre : Norbert Zongo, directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant, est retrouvé mort, calciné, ainsi que trois de ses proches, dans une voiture à une centaine de kilomètres de Ouagadougou. Il enquêtait sur la mort mystérieuse du chauffeur de François Compaoré, le frère du président. La mort du journaliste suscite une vive émotion. Le procès de son assassinat s'achève sur un non-lieu en juillet 2006. Des organisations nationales et internationales réclament la ré-ouverture du dossier.

2010
Une nouvelle élection présidentielle est programmée pour le 21 novembre. Au terme de l’actuelle Constitution, c’est le dernier mandat possible pour Blaise Compaoré. Mais ses partisans appellent à une modification de la Constitution pour lui permettre de rester au pouvoir après 2015.

 

 

Le jour où Ivoiriens et Burkinabés ont failli avoir une nationalité commune

 

Leur histoire est tellement liée qu'à une époque le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire ont failli constituer un même Ivoir-et-BF.jpgpays. Et leurs citoyens auraient pu partager la même nationalité si le projet lancé par leurs présidents respectifs au début des indépendances avait abouti.

 

L’histoire des relations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire remonte aux années 1920. Alors que la colonie de la Haute-Volta n’était considérée qu’un réservoir de main d’œuvre, celle de la Côte d’Ivoire prospérait avec ses plantations de café, cacao, banane, hévéa, etc...

Le colonisateur français dirige alors la main d’œuvre voltaïque vers la forêt ivoirienne. L’histoire s’accélère en 1932 avec le décret supprimant la colonie de la Haute-Volta pour des raisons économiques et financières. Plus de la moitié du territoire est rattachée à la Côte d’Ivoire. En 1938, la fusion est plus réelle avec la création d’un territoire de la Haute Côte d’Ivoire allant de la frontière ivoirienne à Kaya soit plus de 100 km au nord de Ouagadougou. Ainsi, Ivoiriens et Voltaïques ont-ils été représentés à l’Assemblée nationale française par les mêmes députés : Félix Houphouët-Boigny, Philippe Zinda Kaboré ou Daniel Ouezzin Coulibaly.

En 1947, la colonie de la Haute-Volta est reconstituée. Après la mort des deux illustres représentants du pays* , Houphouët-Boigny se rapproche de Maurice Yaméogo, le futur premier président voltaïque. Ils développent assez rapidement une solide amitié. Si bien que Maurice Yaméogo retire son pays de la Fédération du Mali.

Avec Félix Houphouët-Boigny et les présidents nigérien et dahoméen (de l’actuel Bénin), ils vont créer le Conseil de l’entente. Ensemble, ils font le tour dans la première semaine du mois d’août 1960 pour assister à la proclamation de l’indépendance de chacun des pays qu’ils représentent.

Entre Félix Houphouët-Boigny et Maurice Yaméogo, les liens d’amitié se renforcent davantage. Le président voltaïque rend régulièrement visite à son aîné de Côte d’Ivoire. A tel point que ses compatriotes le surnomment «commis voyageur». 

Les populations de l’ancienne Haute Côte d’Ivoire descendent en masse vers la Basse côte. Il ne s’agit plus maintenant d’émigration forcée. Elles sont attirées par les richesses de la Côte d’Ivoire. Ces populations sont donc de plus en plus nombreuses dans les villes et les campagnes ivoiriennes notamment dans les plantations agricoles.

Le rapprochement entre les deux pays et leurs leaders est tel qu’ensemble, Félix Houphouët-Boigny et Maurice Yaméogo proposent à leurs peuples un projet de double nationalité. Ainsi, un ressortissant de chacun de ces deux pays serait à la fois voltaïque et ivoirien. La Côte d’Ivoire et la Haute-Volta sont tout près de réaliser ce que deux Etats africains n’ont jamais réussi. Soumis en débat des deux côtés avant adoption, le projet est curieusement rejeté des deux côtés.

Ironie du sort : les problèmes de nationalité vont empoisonner plus tard les relations entre les deux pays. À tel point que certains observateurs en sont venus à regretter le projet de la double nationalité.

Les problèmes commencent avec l’affaire de la nationalité ivoirienne de l’opposant Alassane Ouattara à la fin des années 90. Alors que celui-ci se revendique Ivoirien, il est taxé de Burkinabè par le pouvoir d’Abidjan.

La tension politique créée par cette affaire se transpose sur les immigrés burkinabés. De Henri Konan Bédié à Laurent Gbagbo en passant par le général Robert Gueï, la tension devient presque permanente entre les deux voisins. De part et d’autre, règne la suspicion. Chacun accuse l’autre de déstabilisation.

Après le déclenchement de la guerre en Côte d’Ivoire en septembre 2002, les relations entre Abidjan et Ouagadougou sont au plus bas,  puisque le pouvoir ivoirien considère le chef de l'Etat burkinabé comme le parrain de la rébellion. Des centaines de milliers d’immigrés burkinabés font un retour forcé au pays.

En janvier 2007, contre toute attente, les deux capitales effectuent un virage à 180 degrés. Le président burkinabé Blaise Compaoré est désigné par son homologue Laurent Gbagbo comme facilitateur du dialogue inter-ivoirien. Ce dialogue aboutit en mars 2007 à l’accord politique de Ouagadougou. Les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire se décrispent. Les deux chefs d’Etats renouent le dialogue et ravivent leur amitié. Au grand bonheur de leurs populations qui peuvent désormais circuler librement dans chacun des deux pays.


___________

Philippe Zinda Kaboré décède en 1947 et Daniel Ouezzin Coulibaly, en 1958.


Dossier Satûr Le Fur

 

Sources: Rfi. fr , Faso.net et  Les 100 clés de l'Afrique, Philippe Leymarie et Thierry Perret, Hachette Littérature/RFI, 2006


 

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 06:17


niger-2.jpg

Le Niger, ex-colonie française, a célébré le mardi 03 août le cinquantenaire de son indépendance par une prise d'armes et la traditionnelle cérémonie de plantation d'arbres, une sobriété choisie en raison de la grave crise alimentaire qui frappe le pays.

"Le Niger a préféré célébrer son cinquantenaire dans la plus grande simplicité pour tenir compte de la crise alimentaire préoccupante", a déclaré le gouverneur de Niamey, le colonel Soumana Djibo, lors de la cérémonie dans la périphérie de la capitale. A la suite d'une forte sécheresse, le Niger est de nouveau confronté cette année à une grave crise alimentaire qui, selon l'ONU, affecte plus de 7 millions de personnes, soit près de la moitié de la population. Le général Salou Djibo, chef de la junte au pouvoir depuis le renversement du président Mamadou Tandja en février, a présidé une prise d'armes au son de la fanfare nationale et a passé en revue un détachement de l'armée. Il a donné le coup d'envoi de la "fête de l'arbre" en plantant lui-même un arbre, pour symboliser la lutte contre la désertification qui a déjà conquis les deux tiers du vaste territoire nigérien. Des membres de la junte et du gouvernement, des ambassadeurs et représentants d'institutions internationales l'ont imité. Une dizaine de jeunes ont chanté pour encourager les autorités à "amplifier" la lutte. "Pour avoir de la pluie et beaucoup à manger, il faut lutter contre l'avancée du désert", ont-ils exhorté. La "fête de l'arbre" avait été instituée par le président-général Seïni Kountché (1974-1987) pour commémorer l'indépendance, en lieu et place des grandioses festivités. Depuis lors, des milliers d'arbres sont plantés tous les 3 août à travers ce pays sahélien très pauvre.

En cette année du cinquantenaire de l'indépendance, la fête a été dédiée à la "lutte contre l'insécurité alimentairearbres-bon.jpg par la gestion durable des terres". "Notre objectif doit être de transformer radicalement le système de production agricole pour sortir définitivement le Niger des conséquences désastreuses des aléas climatiques et du cycle de la famine", a affirmé lundi soir le général Djibo dans un discours radiotélévisé. La croissance de la population (quelque 15 millions d'habitants en 2010) pourrait avoir des effets "catastrophiques" si elle n'est pas maîtrisée, a-t-il également averti.

Le Niger célèbre son cinquantenaire en pleine période de transition politique. La junte a promis de rendre le pouvoir aux civils à l'issue d'une élection présidentielle prévue le 3 janvier 2011. M. Tandja, qui avait créé une grave crise en cherchant à se maintenir au pouvoir malgré la fin de son mandat légal, est détenu depuis le putsch du 18 février.


Cinquantenaire du Niger: Ce qu’ils pensent …

 

 « Le CSRD renonce à la bamboula »

                                                                                                

Lorsqu'on a faim, on ne fête pas. Encore moins après 50 ans d'existence. La junte au pouvoir à Niamey depuis le 18 février dernier l'a compris et a donc décidé de renoncer aux festivités marquant le cinquantenaire de l'indépendance du Niger. Une décision qui s'ajoute à tant d'autres, confirmant ainsi le sérieux de ce qui se passe à Niamey.

 

NigerDjibo 0Le général Salou Djibo et ses compagnons surprennent donc agréablement l'opinion africaine. Certes, le pays subit de plein fouet la famine qui décime populations et cheptel à un rythme inquiétant. Mais, il faut aussi déplorer le fait que l'aide internationale arrive au compte gouttes. Elle parviendra encore plus difficilement aux nécessiteux en cette période de saison des pluies qui voit habituellement les routes du sahel coupées par les eaux. C'est le lieu de dénoncer cette bureaucratie légendaire qui, depuis longtemps, pèse de tout son poids sur la gestion et l'acheminement de l'aide internationale aux pays du Sud. L'espoir d'une solution urgente reste cependant permis suite au récent séjour au Niger du directeur régional de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, Gianfranco Rotigliano. La décision de la junte mettra sans doute mal à l'aise ceux qui ont prévu de festoyer dans l'allégresse sur un continent en proie à une mendicité chronique. Mais seront-ils mis au pilori, ceux qui se situent bien loin des intérêts de leur peuple et sont généralement un peu trop prompts à se livrer à de véritables libations à la moindre occasion ? Que nenni ! L'option des nouvelles autorités nigériennes n'indexe pas moins tous ceux qui profitent de telles opportunités pour opérer des détournements ou dépouiller les populations. L'idéal, ce serait de voir la décision de Niamey faire des émules surtout dans les autres pays ouest-africains dont beaucoup connaissent pratiquement les mêmes difficultés que le Niger. Il reste que si le droit de rêver est propre à tous les hommes, il faut toutefois savoir distinguer rêve et réalité dans ce monde si complexe. L'on comprend d'ailleurs très difficilement ces commémorations qui se suivent et se ressemblent presque. Dans les pays africains, le discours officiel valorise l'intégration et prône l'unité et la solidarité.

 LOGO CINQUANTENAIREniger

Pourquoi alors s'échiner à festoyer en ordre dispersé et dans un contexte de  crise économique sérieuse? La cohésion n'étant pas le fort du continent, ne serait-il pas plus avantageux de commémorer ensemble, de manière concertée, avec le concours de l'Union africaine et des organisations sousrégionales? On pourrait alors réfléchir autant que faire se peut, sur notre parcours, et les défis à relever pour demain. L'Afrique des peuples y gagnera sûrement. Pour l'heure, la décision de Niamey séduit. Elle traduit une maturité et un sens élevé des responsabilités bien visibles depuis l'ère de l'ancien-président Tandja, lorsque les Nigériens s'étaient engagés dans la lutte contre l'autocratie, les abus de toutes natures et pour une démocratie véritable. Aujourd'hui encore, sans le vouloir forcément, l'équipe de transition de la junte au pouvoir à Niamey donne des leçons aux acteurs politiques africains. En effet, à son avènement, la junte promettait de restaurer la démocratie dans le pays. Elle s'efforce de garder le cap puisque le premier tour de l'élection présidentielle couplée aux législatives sera organisé le 3 janvier 2011.

Parallèlement, même très pauvre et enclavé, le Niger s'est doté d'un Comité national contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Récemment, les 22 membres de son gouvernement de transition ont aussi participé à Niamey à un atelier d'une journée sur la transparence et l'équité dans les procédures de passation des marchés publics. Ce qui se passe à Niamey, encourage à tel point que lors de son dernier sommet au Cap-Vert, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a annoncé le retour du Niger à ses réunions, en tant qu'observateur. Le pays avait été suspendu de l'institution le 20 octobre 2009 après les législatives controversées organisées sous le régime de Tandja. Les récentes décisions montrent que progressivement les choses avancent au Niger. Cela permet à ceux qui ont entrepris d'assainir les finances publiques puis de remettre le pouvoir à des civils démocratiquement élus, de poursuivre leurs objectifs.

 

Il faut saluer à cet égard l'humilité de la junte, son ouverture d'esprit, son souci d'aller de l'avant et de réaliser les promesses tenues, sa discrétion et l'efficacité de son train de mesures. En s'abstenant de festoyer à l'occasion des 50 ans d'indépendance du Niger, la junte montre qu'elle sait tirer leçon du passé mais aussi profiter de l'expérience des autres. En même temps qu'elles font preuve de maturité, les nouvelles autorités nigériennes affichent leur grande compassion visà- vis du peuple nigérien. Celui-ci en effet, mérite davantage de compréhension et de soutien.

O L A D A F (Observatoire Libre d'Analyse et de Documentation Africaine) : « Respect du pouvoir du peuple : Une leçon de patriotisme et de bonne gouvernance à l’élite politique Africaine ! »

 NigerLes autorités politiques nigériennes viennent d’émouvoir la conscience du monde à travers la décision ô combien patriotique de supprimer toutes les festivités marquant les 50 ans d’indépendance de leur pays, par solidarité avec leur peuple qui lutte contre la famine suite à une longue série de sécheresses qui a plongé le peuple nigérien dans une profonde crise alimentaire. Point n’est besoin de  stigmatiser un degré aussi élevé de patriotisme, d’altruisme et de bonne gouvernance dont les dirigeants politiques et l’élite nigériens viennent de faire preuve dans un continent où ces vertus sont plutôt rarissimes. Pour le peuple congolais, ce geste des dirigeants nigériens est d’autant plus éloquent quand on compare le degré de crise et de misère entre les deux peuples nigérien et congolais.  

Toute la différence est là ! Au Niger le peuple lutte contre la famine, en République Démocratique du Congo, plus de la moitié de la population souffre de malnutrition chronique, le peuple pleure plus de six millions de morts massacrés dans l’indifférence totale, des centaines de milliers de femmes violées, des hommes mutilés, des enfants traumatisés….  et  plusieurs centaines de milliers de familles errent dans la forêt sans nourriture ni protection, parce des étrangers sont venus occupés leurs terres par la force, comme à l’époque de l’homme de Neandertal. Mais malgré cette situation désastreuse et alors que les fonctionnaires et les enseignants ne sont pas payés depuis plusieurs mois, « Kabila » et Muzito n’ont pas hésité à dépenser plus de 100 millions de dollars pour festoyer avec des invités de marque venus d’ailleurs. Inutile de préciser que plus de la moitié de ce budget décaissé est allé dans les poches sans fonds des différents responsables. En commençant par le sommet. De même, alors que certains chantent partout le «cœur charitable» d’Olive Lembe, l’épouse de «Kabila», comment expliquer qu’au moment où des centaines de milliers d’orphelines et de femmes congolaises violées soufrent dans l’abandon total, l’épouse de notre imposteur national a cru bon de faire à la très aisée reine des belges des cadeaux en diamants valant plusieurs centaines de milliers de dollars «à titre privé »? Par quelle magie les richesses de la RDC et l’argent du contribuable congolais seraient-ils devenus la propriété privée du couple présidentielle de la RDC ?  

Et lorsque quelques voix, dont celle du premier ministre belge Yves Leterme,  s’élèvent pour dénoncer cette indécence diplomatique du couple « Kabila » , qui s’apparente plus d’ailleurs a une tentative désespérée de corruption morale pour obtenir l’appui politique de la famille royale belge, le plus illustre des griots de « Kabila » sort brusquement de son sommeil pour débiter toute une longue série d’ inepties dont il détient le record parmi tous les collabos. Mende Omalanga, pour ne pas le nommer, pousse le bouchon de l’idiotie jusqu’au bout, et compare l’incomparable. Il estime en effet que «Kabila» peut se permettre cette «libéralité» au même titre que le roi des belges et son premier ministre ont affrété un avion spécial pour descendre à Kinshasa! Ignorance ou imbécillité ? Toujours est-il que Mende feint d’ignorer la vraie problématique du débat. Lui qui a pourtant vécu longtemps en exil en Belgique sait que les fonctionnaires et les enseignants sont régulièrement payés, et très bien payés en Belgique, et les frais  des déplacements du roi et des autorités politiques belges sont annuellement  budgétisés. Ce qui n’est pas le cas dans la République bananière dont « Kabila » est le « capita » incontrôlable. Mais faut-il réellement s’étonner de cette incurie du porte-parole d’un gouvernement qui ne brille que par sa médiocrité et son incapacité à répondre aux besoins de millions de congolais ?  

Nous ne le dirons jamais assez, les dirigeants politiques actuels de la RDC  souffrent d’un complexe apparemment indélébile du colonisé vis-à-vis des belges. Ils cherchent le quitus de toutes leurs actions à Bruxelles pour en garantir le succès. Et lorsque leurs professeurs belges leur collent une mauvaise note, comme l’a fait Yves Leterme et Karel de Gucht avant lui, ils vitupèrent et réclament le respect de leur souveraineté.   Hier, le même griot de Mende chantait victoire à gorge déployée, annonçant au monde la venue du roi des belges pour participer aux festivités du cinquantenaire, aux côtés d’un «Kabila» requinqué par cette « bénédiction » royale. A la télévision nationale, l’exaltation puérile de Mende faisait peine à voir. Comment ne pas rester perplexe devant ce pitoyable ressortissant d’un pays occupé qui se réjouit de la venue du représentant des anciens colons belges pour « fêter » la supposée « indépendance » du pays de Lumumba et Kimbangu, aux côtés du nouveau colon rwandais ?

Aujourd’hui, après avoir reçu la côte d’exclusion de leurs maîtres belges sur l’organisation de leurs fêtes,  le même Mende vocifère et réclame, avec la rhétorique d’un autre temps, que les mêmes belges respectent la « souveraineté » des gouvernants congolais et les traitent d’égal à égal!  

Qu’à cela ne tienne. L’exemple des dirigeants politiques du Niger, pays africain, doit interpeler l’élite congolaise: quand est-ce que le peuple congolais va-t-il enfin devenir la première préoccupation de ceux qui veulent à tout prix le représenter au sein de nos différentes institutions  ? Aujourd’hui les représentants du pouvoir d’occupation présidé par « Joseph Kabila » tentent de camoufler leur imposture derrière des discours sans consistance. La « démocratie » et la bonne gouvernance ne sont que des mots. Pour couvrir la nouvelle colonisation de la RDC, les pillages, les massacres, la répression, la misère etc…les collabos sont montés au créneau. Mais le 30 juin 2010 les congolais ont été des millions à refuser de célébrer avec eux la nouvelle colonisation de la RDC parce qu’ils ne sont plus dupes.  N’en déplaise donc à Lambert Mende et ses collègues collabos, les congolais comme d’autres millions d’africains savent au moins exactement ce avec quoi ils ont rompu il y a 50 ans. 

« Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. » (Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme)  

  

Niger, cinquantenaire d'une démocratie kaki

armée nigérienne

TPlus saharien que sahélien, ce pays en est à son quatrième coup d’État sous la houlette de militaires qui semblent s’être fait une spécialité de « sauver la République ». Résultat : un pays policé, riche des promesses de son uranium, dont la population a quintuplé, mais qui peine terriblement à sortir de son sous-développement économique et à combler son déficit de gouvernance démocratique.

À force de jouer avec le feu, Mamadou Tandja, le président déchu du Niger, a fini par se brûler les ailes. Il a réussi l’exploit de s’aliéner la sympathie de tous et de pousser l’armée à reprendre le pouvoir. Une fois de plus. Qu’avait-il à organiser, envers et contre tous, ce référendum constitutionnel de tous les malheurs du 4 août 2009 ? Se croyant plus malin que tout le monde, il avait prolongé son mandat de trois ans, pour, expliquait-il, répondre à la volonté du peuple. Et tout broyé sur son passage : la Cour constitutionnelle, l’Assemblée nationale, avant d’instaurer sa VIe République. Une situation digne d’un roman de Gabriel García Márquez ou de Sony Labou Tansi. Brutale est la chute.


Unité nationale

Pourtant, en cinquante ans, comparé à ses voisins ou à d’autres pays du continent, le Niger fait presque figure d’État sage. Bien sûr, il a connu des crises, surtout dans les années 1990, qui ont, par exemple, conduit à l’assassinat – d’aucuns diront au crime consensuel ou au sacrifice politique – du général Ibrahim Baré Maïnassara, chef de l’État, en 1999. Mais les crises n’ont jamais atteint l’ampleur de celles traversées par son puissant voisin, le Nigeria, même en mettant dans la balance les deux révoltes des Touaregs en 1990 et 2007. En cinq décennies, le Niger n’a connu « que » quatre coups d’État : en 1974, Seyni Kountché renverse Hamani Diori ; Ibrahim Baré Maïnassara chasse Mahamane Ousmane (démocratiquement élu en 1993) du pouvoir en 1996, avant d’être à son tour renversé et assassiné au cours d’un putsch organisé, avec de nombreuses ramifications, par Daouda Mallam Wanké, en 1999. Celui du 18 février étant le dernier. Mais le Niger est surtout l’un des rares pays du continent où un Premier ministre tombe, le plus démocratiquement du monde, à la suite d’une motion de censure. Ce fut le cas en 2007 avec Hama Amadou. L’histoire s’est finalement écrite en pointillé, avec des turbulences, des ruptures, des bégaiements, des avancées, des récurrences, des reculs… Parfois, le pays a titubé, tangué, tel un bateau ivre à la recherche de son équilibre. Mais l’unité nationale a été préservée.


Militaires et acteurs politiques

Le Niger, c’est l’histoire des hommes qui l’ont marqué. C’est Hamani Diori, humble instituteur devenu le père de Hamani Dioril’indépendance, renversé en 1974 par le premier coup d’État militaire du pays. C’est Djibo Bakary, hors jeu depuis son choix du « non » en 1958 et qui tente un retour manqué par les armes en 1964. Mais c’est aussi l’intrusion de l’armée dans la vie politique nationale depuis 1974 et qui a fait des militaires non pas des grands muets, mais des acteurs politiques comme les autres. Le Niger, c’est également la Conférence nationale de 1991, qui instaure la démocratie.

En 1960, le pays n’était pas, loin s’en faut, la mieux lotie des anciennes colonies françaises. La grande majorité de la population vit de l’agriculture. Mais le territoire est prisonnier de son désert. Et il dépend des humeurs de sa pluviométrie, qui rythme les campagnes agricoles. Quand aucune goutte ne tombe du ciel, la famine sévit. À moins qu’elle ne soit le fait des criquets migrateurs. C’est arrivé en 2001 et en 2005. Lorsqu’on demande à un Nigérien qui avait 12 ans en 1960 où en est son pays, la réponse est claire : « La pauvreté s’est accentuée. Le pays n’a pas assez de ressources, et il n’y a pas grand-chose au niveau des infrastructures de base. » Dans le classement sur le développement humain, il occupe la queue du peloton, et sa dépendance à l’aide extérieure s’est accrue.

Pourtant, le Niger est le quatrième producteur mondial d’uranium. Ses mines sont parmi les plus productives depuis les années 1960 et, dans la décennie suivante, les recettes liées au précieux métal se sont nettement accrues. Comment alors expliquer l’extrême pauvreté des Nigériens pendant que leur pays produit un minerai stratégique  ? S’agit-il d’une « malédiction », comme certains le disent pour les pays pétroliers ? Il est indéniable que les Nigériens, en cinquante ans, n’ont pas réellement bénéficié de leur uranium. Pendant des décennies, c’est la France qui détenait le monopole de l’exploitation et de l’exportation de ce produit. Et c’est elle qui en achetait bareles deux tiers. Le Niger n’avait aucun droit de regard sur les opérations, les sociétés françaises le payant à partir de leurs propres calculs, qui aboutissaient à des prix sous-évalués. La question de leur revalorisation a longtemps été au cœur de tensions entre Paris et Niamey. C’est ce qui aurait coûté son fauteuil à Hamani Diori en 1974.

Mais la situation internationale a changé. La France a perdu son monopole depuis l’arrivée sur le terrain d’autres acteurs, dont la Chine. L’ex-président Tandja avait arraché, en 2008, un accord plus avantageux au français Areva. Un pas de plus vers l’indépendance ? Un espoir de progrès pour tous ? Peut-être. Mais à condition de ne pas attendre encore cinquante ans pour mettre à profit cette manne, même si le développement de ce pays vaste et aride est un parcours parsemé d’obstacles.

 

Niger : 50 années instables et fragiles

 

Pays sahélien par excellence, enclavé et en partie désertique, victime de crises alimentaires de grande envergure, le vaste Niger (1 267 000km2), classé parmi les pays les plus pauvres du monde, est un État fragile, politiquement instable -4 coups d'État et plusieurs rébellions-, qui reste très dépendant de l’aide extérieure. Il est présidé par le colonel Salou Djibou du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie,  depuis février 2010.

Petit royaume vassal de l’empire du Mali, le Songhaï prend son autonomie au début du XIVe siècle. Sous le règne de Sonni Ali Ber (1464-1492), les armées songhaïs conquièrent un immense territoire et constituent un vaste ensemble, qui atteint son apogée sous le règne de l'Askia Mohammed (1492 ou 1493-1528) : il étend alors sa puissance sur le Niger, le Mali et une partie de la Guinée et du Sénégal actuels, avant de se disloquer. En 1890, en concurrence avec les Anglais, les Français affirment leur main mise dans la zone (en 1899 la mission Voulet-Chanoine* sème la terreur), et en 1921 ils en font une colonie française.


Un cycle de régimes autoritaires

Devenu «territoire d’outre-mer» en 1946, le Niger acquiert son indépendance en août 1960. Hamani Diori, le premier président, qui eut un rôle actif dans le mouvement des Non-alignés et fut l’un des pères fondateurs de l’organisation de la Francophonie, est renversé en 1974 par un coup d’État militaire et remplacé par le lieutenant-colonel Seyni Kountché, chef d’un Conseil supérieur militaire. Kountché, très autoritaire et rigoureux, imprime sa marque en contribuant à améliorer le fonctionnement de l’administration.

En 1987, son chef d'état-major, Ali Seybou, lui succède avant d’être élu président en 1989. La revendication démocratique (émeutes étudiantes en février 1990) intervient alors que le régime est affaibli par les difficultés économiques et financières, et par la rébellion touareg apparue en 1990 dans l’Aïr, et en 1991 une Conférence nationale instaure le multipartisme, puis un gouvernement de transition civil est mis en place.

mahamane-ousmane-cdd2e.gifEn 1993, Mahamane Ousmane remporte l’élection présidentielle. Il signe, en 1995, un accord de paix avec la rébellion. En 1996, l’armée reprend le pouvoir, instaurant une phase de grande instabilité : le colonel Ibrahim Baré Maïnassara fait adopter une constitution de type présidentiel et est élu président. Il est assassiné en 1999 par des militaires dans un contexte de crise sociale et économique aiguë. L'armée rend le pouvoir en 1999 avec l’organisation d’une élection présidentielle qui donne la victoire à Mamadou Tandja, du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), l'ex-parti unique. Il est réélu en 2004 avec 65,53% des suffrages exprimés. Le second mandat du président Tandja sera marqué par une nouvelle grave crise alimentaire à partir de novembre 2004, par la reprise de la rébellion dès 2007 et le refus du président Tandja de quitter le pouvoir au terme de son second et dernier mandat en décembre 2009.  

Dés le début de 2009, le régime va se durcir avec la politique du «Tazartché» «continuer» en langue haoussa. mamadou-tandja-nigerDes campagnes orchestrées par le pouvoir prétendent que le président Tandja Mamadou doit rester au pouvoir au-delà de la fin normale de son mandat pour «achever son œuvre....C’est le peuple qui le lui demande». Progressivement courant 2009, ses partenaires politiques s’éloignent, les partenaires économiques étrangers placent le Niger au banc des nations. Le président Tandja veut passer en force : il organise un référendum constitutionnel le 4 août 2009 pour s’octroyer trois années de plus à la tête du pouvoir et prévoir un nombre illimité de mandats. Ce référendum va isoler un peu plus encore le pouvoir nigérien. Jusqu’au 18 février 2010. Ce jour là, un petit groupe d’officiers organise un coup d’État. Le président Tandja est destitué. Le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie avec à sa tête le colonel Salou Djibo s’installe au pouvoir. Le CSRD met en place des institutions de transition et promet de remettre le pouvoir aux civils le 1er mars 2011.


Un cycle de sécheresses

L’économie du Niger repose largement sur son agriculture et se trouve donc très dépendante de l’évolution des conditions climatiques. Le pays fait régulièrement face à des difficultés alimentaires**, comme lors de la grande sécheresse de 1973. En juin 2005, plus de 3,3 millions de personnes souffraient à nouveau de la famine, à la suite d’une mauvaise saison des pluies et d’une invasion de criquets. L’uranium, dont le pays est le troisième producteur mondial, à égalité avec la Russie et derrière le Canada et l’Australie, est son principal produit d’exportation (il représentait, en 2003, 62,6% de ses exportations), mais il est lui aussi très dépendant des cours mondiaux qui sont en baisse constante depuis plusieurs décennies. À partir de 2005, le président Tandja s’engage dans la vente de contrats miniers : uranium et pétrole. Il en distribuera une centaine Les partenaires sont principalement des sociétés chinoises, australiennes et françaises. Le français Areva, n°1 mondial de l’uranium, partenaire historique du Niger dans l’exploitation de l’uranium remporte début 2008 le contrat d’exploitation du plus grand site uranifère d’Afrique : Imouraren.
 terre du nigerAppartenant à la catégorie des Pays les moins avancés (PMA), le Niger, qui a un secteur privé très peu développé, est également fortement tributaire de l’aide internationale (elle finance 60% de son budget opérationnel). En 2004, après avoir suivi les prescriptions du FMI, il bénéficie d’un allégement de 60% de l’encours de sa dette extérieure.

Depuis 2000, le pays a retrouvé une croissance positive. La situation économique et sociale du pays, face à une croissance démographique forte reste cependant toujours très fragile***, et elle se montre très sensible aux conséquences de la crise en Côte d’Ivoire : en 2005, une augmentation de la TVA sur les produits de première nécessité a entraîné un mouvement social important à travers le pays.

 

Les dates clé du Niger indépendant

 

Famines et coups d'État jalonnent le parcours du Niger indépendant. Il y eut quelques passages du rallye Paris-Dakar , au cours de ses 29 années d'existence en Afrique, la création du festival international de la mode africaine(2000), les jeux de la Francophonie (2005). Manifestations sportives et culturelles qui se glissent entre des évènements plus marquants et tragiques.

 

3 août 1960 : accession à l’indépendance. Diori Hamani est élu président de la république par l’Assemblée nationale.

1973: Une grande sécheresse touche l’ensemble du Sahel. La situation est critique. Le désert s’installe, les eaux des lacs s’évaporent, les nappes phréatiques touchent le plus bas niveau de leur histoire. Le désastre perturbe avant tout les activités humaines. L’agriculture est touchée. Les populations sont affaiblies. Les troupeaux sont détruits à près de 80%, causant le décès ou l’exil de milliers de nomades. L’approvisionnement en eau potable s’épuise. Les projets hydrauliques s’évaporent. Chez les touaregs sahéliens, on parle de «Monna», pour désigner les suites catastrophiques d’une année d’aridité.

15 avril 1974 : Coup d’État. le président Diori Hamani est renversé. Le lieutenant-colonel Seyni Kountché s’installe au pouvoir et impose une dictature. Le Niger est gouverné par un conseil militaire suprême (CMS) dirigé par le lieutenant-colonel Seyni Kountché. La Constitution et les partis sont suspendus. Complots et tentatives de coups d'État se succèdent les premières années. Le programme  De Seyni Kountché porte sur le redressement économique suite à la sècheresse, mais il est aussi marqué par une reprise de la coopération avec la France

10 novembre 1987 : Seyni Kountché décède à l'hôpital militaire du Val de Grâce à Paris. Le colonel Ali Saïbou s'installe à la tête de l’État et entame des réformes. Il remplace le CMS  par un Conseil suprême de l'orientation nationale (CSON), dont les membres sont élus. Élu président du CSON, Saibou devient ensuite le seul candidat aux élections présidentielles de 1989 qu'il remporte avec 99% des suffrages.

7 mai 1990 : Soulèvement de touaregs à Tchin Tabaraden dans la région de Tahoua au Nord. Les versions divergent : la version officielle parlent de l'attaque par 3 groupes distincts de la petite localité de Tchin Tabaraden, particulièrement, la prison, la sous-préfecture et la gendarmerie. Chez les touaregs, on parle d'une manifestation qui tourne mal. Manifestation pour dire la colère des nomades contre les conditions de vie dans les camps de fortune suite à la sècheresse : il y a plusieurs morts. Il s'ensuivra une vague d'arrestations et de répression : de nombreux camps de touaregs de la région sont anéantis  Des nomades enterrés vivants, brulés vifs : le bilan officiel de ces évènements sera de 70 morts. Les organisations internationales parlent de 600 morts. Les touaregs parlent de plus d'un millier de morts dans toute la région. Ces évènements vont annoncer le début de la rébellion qui débutera en novembre 1991 avec l'attaque du poste administratif d'In Gall.

29 juillet 1991 : Conférence nationale pour la paix civile.

Octobre 1991- Octobre 1994 : rébellion touareg dans le nord du Niger.

16 février 1993 : Premières élections démocratiques : législatives et présidentielle. Mahamane Ousmane est élu président de la République en avril.

Oct 1994- Oct 1995 : Signature des accords de paix entre le gouvernement et la rébellion à Ouagadougou (Burkina Faso). Les négociations de paix durèrent plus de deux ans. Établi par le Haut commissariat à la Restauration de la paix, le document avançe des idées nouvelles comme la décentralisation et l'autonomie régionale . Mais l'accord achoppe sur des problèmes de réorganisation territoriale et administrative et sur les questions de cantonnement des combattants de la rébellion et de l'armée nigérienne ainsi que sur le démantèlement des milices arabes. À la fin de l'été 1995, le processus de paix est gravement enlisé. L'exécutif nigérien paralysé par une cohabitation conflictuelle entre le Président Ousmane et son Premier ministre Hama Amadou semble jouer le pourrissement de la situation. Au sein de la rébellion, les luttes de pouvoir entre les deux leaders, Rhissa ag Boula et Mano Dayak tournent au profit du second. Mano Dayak disparaît dans un accident d'avion le 15 décembre 1995 (article du journal Libération)

27 Janvier 1996 : Coup d’État du général Ibrahim Baré Maïnassara . Le président Ousmane est destitué.

9 avril 1999 : Coup d’État. Le président Baré est assassiné. Le commandant Mallam Wanké chef de la garde présidentielle devient l’homme fort du Niger. (voir extrait d'un document HCR, pdf)

22 décembre 1999 : Mamadou Tandja est élu président de la République. Il sera réélu en décembre 2004.

Année 2005 : Grave crise alimentaire. Le président Tandja refuse de parler de famine. Crise entre le pouvoir nigérien et les ONG humanitaires. De novembre 2004 à septembre 2005, plus de 3,6 millions de personnes sur une population de 12 millions d’habitants sont frappés dont au moins 800 000 enfants.

8 décembre 2005. 5e Jeux de la Francophonie. Le Niger bat le Canada au football junior, 6 à 1.

Février 2007 : Reprise d’une rébellion touareg au nord du Niger. Le Nord est placé sous «état de mise en garde» . L'armée se déploie dans le nord . Les bilans des morts et des blessés sont lourds dans les deux camps. L'activité de la région d'Agadez est totalement paralysée. Le président Tandja refuse de parler de «rebelles». Pour lui il s'agit de «bandits armés». Le 20 septembre, le correspondant de RFI au Niger, Moussa Kaka est emprisonné et passera un an en prison avant d'être libéré. Le chef de l'État accepte de négocier un accord de paix avec la rébellion par l'entremise de la Libye du colonel Kadhafi, qui prévoit la réinsertion économique des jeunes combattants et le développement des régions du Nord. Aucun accord n'est officiellement signé. L'état de mise en garde prend fin à l'automne 2009.

13 janvier 2008 : Signature d’un accord minier entre le président Tandja et Areva n°1 mondial de l’uranium, pour l’exploitation du site d’Imouraren.

22 janvier 2009 : enlèvement prés de Tillabery de Robert Fowler émissaire onusien pour le Niger, de Louis Gay, ambassadeur du Canada au Gabon et de leur chauffeur. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) revendique quelques jours plus tard cet enlèvement. Libération en avril. Aqmi va tenter d'enlever des Américains à Tillabery et s'en prend à un poste militaire à la frontière avec le Mali au début de l'année 2010

Début 2009 : lancement du Tazartché («continuer sans s'arrêter» en haoussa)
Le président Tandja qui arrive au terme de son second et dernier mandat en décembre de la même année, tente tout pour rester au pouvoir. Avec ces proches et les médias d'État il va lancer une campagne nationale de propagande pour convaincre les Nigériens de lui accorder une prolongation. Ses principaux partenaires politiques le quittent. Les institutions du pays lui donnent tort. Malgré tout, il passe en force en organisant le 4 août 2009 un référendum constitutionnel qui lui permet de prolonger son mandat de 3 ans . Le climat politique et économique se détériorent. La communauté Internationale lâche le pouvoir nigérien.

18 février 2010 : Coup d'État . Le président Mamadou Tandja est destitué. Installation du  Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD) qui dissout la Constitution et les structures de l'ancien régime. Il est présidé par le général Salou Djibo. Promesse d’un retour à un pouvoir démocratique pour le 1er mars 2011.

2010: Nouvelle crise alimentaire. 8 millions de Nigériens touchés par la malnutrition.

20 avril 2010. L'Aqmi enlève un Algérien, un Français et leur chauffeur nigérien. Le 26 juillet, l'Aqmi annonce l'exécution de l'otage français, Michel Germaneau, 78 ans, en représailles à une tentative de sauvetage des armées française et mauritanienne dans le nord du Mali.

 

Interview de Djibo Hamani : «Si les élections avaient été libres, le Niger aurait voté non au référendum gaulliste de 1958»

 

djibo-hamani_344x257_0.jpgDjibo Hamani est historien et professeur, chercheur à l'université Abdou Moumouni de Niamey. Spécialiste de l'histoire pré-coloniale, il a consacré divers ouvrages à la question touarègue. Pour lui, l'indépendance des pays africains n'est pas acquise et il manque encore beaucoup d'éléments pour se forger un avenir.

RFI : Où étiez-vous en août 1960 ?

Djibo Hamani : Vraiment, je ne sais pas exactement. J'étais au collège, ça c'est sûr. Cette année-là, j'ai participé à un concours inter-africain, réservé aux anciens de l'AOF (Afrique occidentale française) et donc, j'ai passé mes vacances en France ou au Niger... Je ne me souviens absolument pas.

RFI : Vous aviez quel âge ?

D.H.: J'avais 16/17 ans. Je n'avais pas d'ambitions précises. Je voulais faire médecine ou agronomie. Je ne songeais pas à l'histoire.

RFI : À 17 ans, que retenez de cette période ? Avez-vous un souvenir fort du passage de votre pays à l'indépendance ?

D.H. : Je ne me préoccupais pas de cela. Je n'étais pas conscient de ce que cela représentait en réalité. À cette époque-là, il y avait eu une certaine évolution qui faisait qu'il y avait une certaine liberté et une inconscience politique. Nous étions très intéressés par les problèmes politiques mais nous n'étions pas réellement conscientisés. Nous, on était à Niamey à l'internat. On était ensemble, donc entre nous, très peu en ville. La première chose que l'on fait quand les vacances arrivent,  c'est de fuir et de rejoindre nos différentes familles. Moi, j'étais à 550 km de Niamey, à Tahoua. La seule chose qui nous intéressait, c'était les cours, avoir de bonnes notes en classe, être performants, être félicités, recevoir des prix.

RFI : La France représentait quoi pour vous ?

D.H. : J'étais en vacances en France à ce moment-là. C'était quelque chose d'extraordinaire, de formidable. Mais nous avons une certaine chance aussi : il y avait beaucoup de Français [au Niger] non seulement les professeurs mais aussi les élèves. Donc, ce n'était pas quelque chose de lointain. Aujourd'hui, les Français qui sont ici sont dans les cours du lycée la Fontaine [lycée français de Niamey], et ils ne sont pas dans les écoles nigériennes. Avant, on était ensemble. Il y avait plusieurs France : celle qu'on a connu à l'école, dans les chants, les récitations, les poèmes et les romans. Quelque chose de lointain, merveilleux, puissant,  et celle qu'on voit à Niamey, avec des personnes sympathiques ou pas, une France variée. La seule chose qui nous a peut-être marqué : c'est l'indépendance du Congo. Il y avait des chansons, il y avait Lumumba. Evidemment, on était tous pour Lumumba contre ses adversaires. Mais nous n'avions pas de formation politique. On l'a eu après, plus tard, quand on était étudiant.

RFI : Je fais appel non pas aux souvenirs du collégien, mais à l’analyse de l’historien. Cette indépendance, elle a été vécue comment au Niger ? Comme le début d’une ère nouvelle, comme un passage naturel, comme un passage obligé, comme une séparation ?

D. H. : Je pense que l’indépendance au Niger a été différente de tout ce qui s’est passé dans les autres anciennes colonies françaises. C’est quelque chose de tout à fait spécifique parce qu’il y avait quelque chose d’assez (rires),  d’assez peu ordinaire. Il est certain qu’en 1958, si les élections avaient été libres, le Niger aurait voté non au référendum gaulliste. Mais il se trouve que le parti au pouvoir n’avait pas véritablement de pouvoir sur le plan administratif. Le parti au pouvoir a commis beaucoup d’erreurs. La France était en guerre en Algérie et le parti au pouvoir a soutenu le mouvement de libération en Algérie; il a montré beaucoup de velléités et il avait même des amis à lui, même des amis français qui lui ont dit «écoutez, de Gaulle est décidé à ne pas accepter la victoire du non au Niger et même si vous votez non, c’est le oui qui sortira des urnes». Ensuite, c’est ce que Guy Mollet aurait dit à Djibo Bakary qui était chef, une sorte de président du Conseil. Ensuite, le parti au pouvoir était allié à la chefferie, ce qui était déjà quelque chose d’assez spécial parce que un parti de gauche allié à la chefferie..... Ensuite, il y avait d’autres alliés parmi les intellectuels qui étaient pro français depuis toujours. Ce qui fait que petit à petit, comme dans un de nos contes, ces gens-là l’ont abandonné. Mais il est absolument certain qu’il avait su et d’ailleurs, dans les archives, on voit que l’administration coloniale française était consciente justement de l’impact du discours de ses partisans sur la population et donc que la population lui était acquise. Mais il ne fallait surtout pas qu’un parti au sud de l’Algérie et soutenant la lutte du FLN [Front de libération nationale] arrive au pouvoir au Niger. Le parti au pouvoir avait été suffisamment averti mais malgré cela, il a décidé de voter pour le non. Il n’a pas eu la plasticité d’un certain Modibo Keita [le père de l’indépendance au Mali]. Et donc il a voté pour le non. Et évidemment, tous les moyens ont été mis en œuvre pour que le non ne passe pas. Et le non n’est pas passé.

RFI : Qu’est-ce qui s’est passé concrètement ? C’était en 1958 donc ?

D.H.: C’était en 1958 et ce qui s’est passé, c’est que pendant ces deux années là, le parti RDA (Rassemblement démocratique africain) qui était un parti minoritaire surtout ancré dans l’ouest du pays, et ce parti, avec l’appui de l’administration coloniale, s’est allié aux anciens alliés du parti Sawaba qui était le parti qui prônait l’indépendance immédiate, et avec un appui solide de l’administration, est devenu le parti majoritaire. Il y a eu des fraudes massives : les chefs des cantons sont venus habillés de jaune dans les salles de vote pour montrer aux gens quelle couleur il fallait prendre (rires). Léopold Sédar Senghor, qui tout en votant oui était de la même fédération des partis que le parti nigérien de Sawaba , a dit qu’au vu du résultat du référendum au Niger,«tous les chameaux du Niger se sont tordus la bosse de rire». Donc effectivement, c’était prévu d’avance et ce sont des élections qui ont été truquées. D’ailleurs il y a eu, je crois, un quart des personnes qui se sont déplacées pour le vote.

RFI : Et ça veut dire qu’à la suite de cela, les partisans du non ont été durement réprimés ?

D.H. : Ils ont été très durement réprimés. Les quelques chefs qui sont restés fidèles à ces partisans du non ont été destitués; les gens ont été emprisonnés et d’autres ont été obligés de fuir. Certains sont morts etc… Il y a eu une répression féroce,  effectivement au sein du parti au pouvoir. Il n’était que l’un des partis qui prônait le oui mais il a fini,  avec l’appui de Houphouët-Boigny*,  par phagocyter tous les autres partis et par devenir le parti majoritaire. Et ils ont réprimé sérieusement d’autant plus qu’il n’avait pas beaucoup d’assise dans beaucoup de régions.

RFI : Cela signifie que l’indépendance en 1960 a été un ouf de soulagement. Enfin, on arrivait à sortir de cette ornière du colonisateur. C’était ça ?

D.H. : L'indépendance, bien sûr dans l’absolu, c’est une bonne chose mais enfin,… Je ne peux pas vous dire exactement quels étaient les sentiments puisque moi je ne l’ai pas vécu, je ne peux pas vous dire de façon consciente. Et puis, d’autre part,  les élèves, les étudiants n’étaient pas réprimés, c’est-à-dire qu'on acceptait plus facilement leur opposition. Même lorsque, par exemple,  on a institué l’obligation d’avoir la carte du parti qui était devenue plus importante que la carte d’identité, à nous on ne nous la demandait pas. Ce sont les gens qui s’intéressaient à la politique surtout qui étaient réprimés. Sinon, au niveau du peuple, hier comme aujourd’hui, la préoccupation essentielle de notre peuple, c’est de se nourrir. C’était au jour le jour. Les combats politiques, c’est souvent une petite minorité qui les mène. Le peuple s’intéresse à autre chose.

RFI : Djibo Hamani, vous, cinquante ans plus tard en tant qu’historien, mais aussi en tant que citoyen, quel bilan faites-vous de cette indépendance ? Est-ce que le Niger a acquis sa pleine autonomie sur le plan institutionnel ?

D.H. : Non. Les pays africains qui sont pleinement indépendants se comptent sur les doigts de la main. Ce n’est pas le Niger seulement et puis le Niger n’est pas du tout un pays indépendant : juridiquement, il l’est, comme les autres. Il est aux Nations unies. Il est reconnu partout. Il  a son drapeau. Il a son président. Il  est respecté sur le plan international. Mais quand on regarde quels sont les critères de l’indépendance, il n’y a presque pas de pays africains qui sont indépendants.

La première des indépendances, c’est d’abord de se nourrir et de ne pas attendre de l’extérieur qu’il vous aide pour nourrir votre population. Je peux comprendre qu'un pays totalement désertique soit obligé d’acheter la nourriture à l’extérieur, mais un pays qui a des possibilités agricoles et qui ne nourrit pas sa population, évidemment on ne peut pas l’appeler un pays indépendant. Ce qui se passe aujourd’hui le prouve, c’est que nous attendons de l’extérieur qu'il nous aide à nourrir la population parce que nous sommes totalement dépendants de la pluviométrie. Pendant les cinquante ans, nous n’avons rien fait pratiquement pour la maîtrise de l’eau, des eaux souterraines. Il n’y a rien pour les barrages, il n’y a absolument rien du tout. Ça c’est le point de départ. Ensuite, en ce qui concerne les produits qu’on consomme depuis les produits textiles jusqu’à les produits de consommation, des ustensiles de cuisine ou autres, tout est importé. Ce n’est pas un pays indépendant. S’il était indépendant, nous n’aurions pas eu la tutelle du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Sur le plan de l’éducation, il est absolument certain que le gouvernement Diori Hamani, le premier président qui a passé 15 ans au pouvoir, a réalisé beaucoup plus que la colonisation en 60 ans. Mais en fin de compte, cette éducation doit être conforme aux possibilités et aux activités du pays. On forme des cadres pour des usines qu’on crée, des entreprises qu’on crée, des services qu’on crée, et non pas des cadres qui vont au chômage. Malgré le très faible niveau de scolarisation au Niger, nous avons énormément de gens qui finissent leur maîtrise ou leur doctorat, et qui sont au chômage. On a développé l’éducation, mais pour quoi faire ? Pour faire des chômeurs, est-ce que c’est ça qu’il faut faire ?

Le problème n°1 après la question de la production agricole, c’est le problème de la croissance, du développement des autres secteurs de l'économie, pour que les jeunes qui arrivent trouvent du travail. Aujourd’hui, on forme des gens mais pas en rapport avec la physionomie économique ou la configuration économique du pays.

RFI : Professeur,  qui est responsable de tout cela ?

D.H. : Nous. Ça fait cinquante ans que nous sommes indépendants, nous n’avons plus à rejeter la faute sur quelqu’un.

RFI : Comme la plupart des pays francophones, le Niger a copié les institutions politiques, juridiques de la France. Est-ce que le Niger n’a pas perdu un peu de sa force et de son âme dans cette copie, dans ce copier-coller des institutions de la puissance coloniale ?

D.H. : Bien sûr, c’est une aberration, c’est une extraordinaire aberration… Moi, il m’est arrivé à plusieurs reprises de leur dire: «Écoutez, les gens qui ont fait la Constitution française sont des gens qui ont reçu la même formation que vous. Vous avez été en France, vous avez étudié avec ces gens-là. On vous a donné le savoir nécessaire pour que vous puissiez conduire les affaires de votre pays. Et vous savez très bien qu’une constitution, c’est d’abord le reflet de l’histoire, des traditions, et des aspirations d’un pays. Alors faites la même chose ! Ne copiez pas !». Mais la première chose qu’ils font, c’est de se précipiter pour savoir ce que la Constitution française dit, de l’apprendre et de l’apporter ici et puis de faire quelques adaptations. J’ai lu dans une revue de la faculté des sciences juridiques, qu'un professeur -je ne sais pas si c’est un Français ou un Belge- en tout cas un francophone, disait qu’à chaque fois, il répétait aux Africains : «Élaborez vos textes en fonction des réalités de vos pays. Ne cherchez pas à copier quelque chose». C’est pour ça que je dis que s’il y a quelqu’un qui est responsable, c’est nous. Ce n’est pas quelqu’un d’autre.

RFI : Il faudrait aller puiser les règles dans la tradition, dans ce passé riche d’un pays comme le Niger ?

D.H. : Nous avons un passé très riche. Nous avons des traditions d’organisation de l’État qu’on ne peut pas copier comme ça intégralement, mais dont on doit s’inspirer comme les autres s’inspirent de leurs traditions de leur passé. Si nous rencontrons les mêmes problèmes,  voir comment ils les ont abordés et réglés. Les institutions, c'est de la science humaine. La Mongolie, ce n’est pas le Niger. Le Niger, ce n’est pas l’Indonésie etc…

RFI : Vous parlez de Constitution, de nouvelle Constitution. Le Niger est à un nouveau tournant de son histoire actuellement avec cette période de transition qui a suivi le coup d’État contre le président Tandja. Qu’est-ce qu

’il faudrait faire pour ne pas rééditer les erreurs et faire que le Niger entre dans peut-être une véritable ère d’indépendance totale et de plénitude ?

D.H.: Ce qu’il faut faire d’abord, c’est de ne pas croire que les institutions toutes seules suffisent. Que les beaux textes, bien révisés, théoriquement bons, suffisent pour conduire un pays. Lorsqu’un pays stagne, lorsqu’un pays n’arrive pas à résoudre ses problèmes d’éducation, les problèmes, les contradictions, les frustrations, les révoltes se multiplient de façon exponentielle. Donc, il faut en même temps que les institutions non seulement soient assises sur un principe d’équité absolue pour tous les citoyens, toutes les régions mais en plus, il faut nécessairement que les pays avancent, que les gens aient un peu d’espoir, qu’ils sachent que s’ils souffrent aujourd’hui, demain leurs enfants seront mieux. Mais lorsque l’horizon se bouche, on cherche chaque fois la petite bête. L’État, les responsables sont assaillis par tout le monde.

RFI : Il faut donc revenir aux fondamentaux : que le peuple puisse manger à sa faim, qu’il puisse être éduqué, qu’il puisse être soigné ?

D.H.: Absolument, et il faut que les peuples soient conscients que ceux qui dirigent sont là pour tout le monde. Dans la tradition nigérienne, lorsqu’un roi arrive au pouvoir, il y a des cérémonies qui sont organisées et dans ces cérémonies, d’abord le roi est dépouillé, il est mis presque à demi nu et il est mis dans des conditions d’humiliation. Ensuite il renaît et il y a une cérémonie où il devient comme un marié, avec du henné aux pieds. Il épouse le pays. Ensuite, il y a un discours qui lui est administré où on lui dit maintenant : «Tu as tout oublié. Ceux qui t’ont fait du bien, tu as oubliés. Ceux qui t’ont fait du mal, tu as oubliés», c’est-à-dire que «tu ne peux pas prendre les biens de l’État pour donner à quelqu’un qui t’a fait du bien, et tu ne peux pas en vouloir à quelqu’un et te servir des pouvoirs de l’État pour te venger de quelqu’un qui t’a fait du mal». Il devient en fait  le mari du pays, donc le père de tout le monde. On n'a pas repris cette idée, ni celle de la valeur du travail, celle de se perfectionner ou du respect de la loi et des institutions. Le phénomène de la corruption est un phénomène incandescent. Il apparaît partout, notamment dans l'achat des voix, la politique de l'argent...

RFI : Professeur quel est le Niger dont vous rêvez  ?

D.H. : Je rêve d'un pays qui se connaisse. Les dirigeants et les cadres doivent être tout à fait informés des réalités du pays sur le plan économique et social. D'un pays qui s'aime et qui veut s'en sortir et d'un pays réaliste. Qui fait ce qu'il peut faire et qui ne cherche pas à imiter des pays dont le PIB est 100 fois supérieur à celui du Niger. L'objectif est de satisfaire les besoins de la population :  se nourrir, se vêtir, se soigner, s'instruire et avoir de bonnes relations avec tous les pays du monde.

 

 Par Christine Muratet

Source Rfi.fr

__________
* La Colonne infernale Voulet-Chanoine. Article du Monde 26/9/1999 sur le site de la Ligue des droits de l'homme-Toulon
** Le cri d'alarme de l'Onu face à la crise alimentaire au Niger (article 27/4/2010 RFI)
*** Statistiques économiques actualisées. INS.

Source: Les 100 clés de l'Afrique, Philippe Leymarie et Thierry Perret, Hachette Littérature/RFI, 2006

À lire : Georges Condat, président de l'Assemblée territoriale : témoignage d'un vétéran de la coloniale et de l'indépendanceLe Sahel. 18/12/2008

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 05:21

« La célébration du cinquantenaire  de l’indépendance de la Centrafrique prévue initialement le 13 août prochain à Bangui est reportée au 1er décembre 2010 ».

 

F-Bozize-Yangouvonda.jpgC'est officiel, la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Centrafrique prévue le 13 août 2010 à Bangui est reportée au 1er décembre 2010. L’annonce a été faite le 31 juillet 2010 sur les ondes de Radio Ndeke Luka par Fidèle Gouandjika, porte parole du gouvernement centrafricain. Selon lui, la date du 13 août 2010 à Bangui est réservée aux offices religieux et aux dépôts de gerbes de fleurs sur les tombes de ceux qui se sont battus pour l’indépendance du pays. Dans les préfectures du pays, poursuit-il, cette célébration aura lieu et sera présidée par les ministres résidents de ces villes.  La principale raison qui justifie le report des festivités, selon monsieur Ngouandjika, est de permettre aux Centrafricains « de se souvenir de la mémoire du président fondateur de la Centrafrique Barthélemy Boganda ». La date du 1er décembre commémore en effet l’anniversaire de la proclamation de la République Centrafricaine, anciennement appelée Oubangui Chari. C’était le 1er décembre 1958, par le président Boganda.

Cette annonce intervient juste après l'annonce du décret présidentiel convoquant l'élection présidentielle et les élections législatives le 23 janvier 2011. Quelle valeur juridique à ce décret présidentiel ?

Isabelle Chanel

Source : Centrafrique Le Défi

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 04:31

 Dans le cadre de la célébration du cinquantenaire des indépendances de 17 pays d’Afrique, le président Barack Obama accueille du 3 au 5 août à Washigton 120 jeunes leaders africains à la Maison Blanche pour encourager la transition vers une nouvelle génération en Afrique.

 

Obama-et-les-jeunes-africains.jpg

                                Les jeunes leaders africains autour d'Obama

Issus de la société civile et du secteur privé, ces invités d’honneur prennent part, sous l’égide du président américain, à un forum de discussions. Objectif : trouver ensemble des solutions innovatrices aux défis économiques et à la problématique de l’autonomisation de la jeunesse.

Une décision prise également, selon la Maison Blanche, « en considération du caractère démographique extraordinairement jeune de la région ; et dans le cadre des initiatives visant à forger pour les années à venir des partenariats solides tournées vers l’avenir. »


« L’Avenir de l’Afrique appartient aux Africains eux-mêmes »

OBAMA_1_0.jpgCes invités de marque, réunis avec leurs homologues américains et des responsables du gouvernement des États-Unis, débattent en petits groupes de thèmes clés comme l’autonomisation de la jeunesse, la bonne gouvernance et les possibilités économiques. Au cours d’une séance de discussion présidée par Barck Obama, mardi  ils ont partagé leur vision de la transformation de leur société dans les prochaines cinquante années. Barack Obama a cependant salué ces jeunes Africains et les a exhorté  à contribuer à l’enracinement des principes démocratiques dans leurs pays, et à ne pas suivre les pas de la génération des indépendances qui s’est selon lui accrochée au pouvoir, à l’exemple du Zimbabwéen Robert Mugabe qu’il a durement critiqué. Les participants ont aussi l’opportunité de rencontrer  des représentants d’organismes de base pour obtenir des conseils stratégiques à l’aune de leur expérience.


  La fameuse rencontre de "vérités"...

Il ne manquait que l’arbre à palabres : la très formelle East Room où se tiennent les conférences de presse présidentielles ressemblait à une place de marché avec sa foule en costumes traditionnels faisant cercle autour du chef du village, Barack Obama.

Pas de discours pompeux du président américain, mais un libre échange de questions et de réponses avec la centaine de jeunes leaders africains invités pour trois jours à Washington. Ouvrant la conversation, Barack Obama veut que ce soit une femme qui pose la première question : l’honneur échoit à la Malienne Fatoumatou Sango qui exprime au nom du groupe sa gratitude pour l’organisation de ce forum. Comme l’avait fait avant lui Hillary Clinton, le président a souligné le désir des Etats-Unis d’établir un partenariat avec l’Afrique et tout spécialement avec la jeune génération sur qui repose l’espoir de tout un continent si prometteur.

Il a insisté sur la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, la démocratie et la liberté de la presse, indispensables au développement économique. Il a décoché au passage une flèche à Robert Mugabe, qui a-t-il-dit «n’est pas bon pour son peuple». Certains journalistes africains ayant assisté à la rencontre auraient aimé que le président soit un peu plus concret dans ses réponses, mais les visiteurs qui vont se rendre le lendemain au Congrès ne sont pas près d’oublier cette discussion détendue et chaleureuse avec ce président qui a dans les veines un peu du sang de leur continent. Leur souhait : que l’initiative américaine ne soit pas une aventure sans lendemain.


 Barack Obama : "on doit soi-même être le changement que l'on recherche"

Dans les années 1960, lorsque vos grands-parents, arrière-grands-parents se battaient pour l'indépendance, les premiers dirigeants disaient tous qu'ils étaient pour la démocratie. Et ce qui s'est produit, c'est que lorsque vous avez été au pouvoir pendant un certain temps, vous vous dites ‘j'ai été un si bon dirigeant que pour le bien du peuple, je dois rester en place’…Et… des jeunes gens comme vous, pleins d'avenir et de promesses, sont devenus exactement ce qu'ils avaient combattu…

 

                                     La rencontre en intégralité

 

Pendant ces trois jours à Washington, le gouvernement américain se donne clairement comme mission d’encourager les relations entre les jeunes leaders américains et africains en veillant à instaurer des partenariats durables dans un intérêt mutuel. 


Toujours dans la logique d'un éveil de conscience panafricaine

Lors de son discours le 11 juillet 2009 devant le Parlement ILL 500px BarackObamaGhanaAccra 002d u    Ghana, premier pays d’Afrique noire auquel il a rendu visite après sa nomination, le président Barack  Obama avait lancé : « L’avenir de l’Afrique appartient aux Africains eux-mêmes ». Le chef de l’exécutif américain avait insisté sur les difficultés à venir. « Cela ne sera pas facile. Cela réclamera du temps et des efforts. Il y aura des épreuves et des déconvenues. Mais je peux vous promettre ceci : l’Amérique sera à vos côtés, à chaque étape, en tant que partenaire, en tant qu’amie ». Barack Obama entend donc tenir sa parole en misant sur l’avenir de l’Afrique et ceux qui pourraient bien en devenir les dirigeants de demain.

Cette réunion avec les jeunes Africains se déroule dans le style des « town hall meeting », à la façon d’une veillée à l’africaine où le président Obama, faisant fi de tout protocole, répondra aux questions venues de son auditoire. Christopher Fomunyoh a expliqué qu’un nouveau message sera adressé aux peuples africains par le président américain, à l’issue de ce forum de Washington.


Nicolas Sarkozy vs Barack Obama : différence de style et de choix ?

Fin juin, lors du G8 au Canada, élargi à six pays africains, Barack Obama avait simplement déclaré : « J'organiserai un événement avec de nouveaux leaders africains. J'aurai 49 ans en août ». Mais aucune invitation n'a été envoyée aux dirigeants du continent. La question a visiblement divisé la Maison Blanche, le Département d'Etat ou encore le Conseil National de Sécurité.

Ceux qui souhaitaient un sommet au plus haut niveau mettaient en avant le déficit de rencontres entre Obama et ses homologues africains. Le président américain n'a visité qu'un seul pays subsaharien, le Ghana, l'an dernier. Et il n'a reçu que cinq dirigeants de la région. Mais d'autres préféraient un sommet avec la société civile. Pour que Barack Obama envoie unObama-vs-Sarko.jpg message ferme et reste fidèle à son discours d'Accra en faveur de la démocratie et de la bonne gouvernance. Le président a finalement tranché. Et le forum de Washington est comme un clin d'oeil à Nicolas Sarkozy, qui lui a célébré le cinquantenaire des indépendances en invitant 12 présidents africains aux cérémonies du 14 juillet.

Selon le quotidien camerounais Le Messager, « en ouvrant les portes de la Maison Blanche à des jeunes plutôt qu’aux dirigeants africains, Barack Obama intrigue plus d’un. Au point que certains parlent d’une « défiance envers les chefs d’Etat africains » et d’« un pied de nez à Nicolas Sarkozy ».  Il  montre clairement qu’il a fait le choix de la jeunesse et que la vraie rupture c’est lui qui l’incarne sans le clamer. Il a osé donner à la société civile africaine la force d’espérer et de croire que ses appels incessants sont entendus. Il matérialise en quelque sorte le message d’Accra où il avait martelé que « le futur de l’Afrique est l’affaire des Africains ». Il faut souligner qu’Obama a lancé cette invitation à Toronto, où il assistait aux sommets du G8 et du G20, lors d’une rencontre avec 6 dirigeants africains. Il leur avait confié que son père, un Kenyan qui avait effectué ses études aux États-Unis, faisait partie de l’une des premières générations d’Africains à s’être rendues dans ce pays dans l’espoir de pouvoir forger un nouvel avenir pour le continent africain.


Des participants témoignent ...

 

 Aissatou Padane, (Sénégalaise):  explique comment le président Obama, à qui l'on demandait s'il défendait une politique de «win-win» (gagnant-gagnant) ou une politique de défense des intérêts Etats Unis, a répondu qu'il travaillait pour le peuple américain. Selon elle, il leur a ainsi fait comprendre que les Africains devaient travailler pour eux-mêmes avant d'attendre une aide extérieure. «Ca commence par nous, il nous l'a bien fait comprendre» Une Ghanéenne a posé une question pas très facile... : est-ce que les Etats-Unis adopteraient une campagne de "win-win" ou est-ce que l'intérêt des Etats-Unis primerait ? Le président lui a répondu qu'il travaillait pour le peuple américain... c'est quelque chose de normal et il a osé le dire... il nous a fait comprendre que c'est en travaillant dur qu'on arrive à percer... on est appelés à tisser un réseau déjà ici... pour trouver des solutions pour notre continent...


Marie-tamoifo.jpg

Marie Tamoifo Nkom (Camerounaise), qui est déjà une habituée des rencontres avec les chefs d'Etat puisqu'en 2005 elle avait été la porte-parole de la jeunesse africaine lors du sommet France-Afrique à  Bamako. Cette jeune femme venue du Cameroun préside l'association Jeunesse verte du Cameroun. Elle coordonne également le Réseau des jeunes pour les forêts d'Afrique centrale. Elle donne ses impressions à l'issue de la rencontre avec Barack Obama..." il représente l'Amérique, la démocratie et puis une jeunesse qui s'escrime... il a parlé librement... ce qui m'a impressionnée, c'est sa capacité à être proche des jeunes qui sont là, à comprendre les problèmes de l'Afrique - je pense qu'il avait un discours assez franc et clair...

 

Ariane Inesha (la rwandaise ), directrice des communications à l’Institut rwanadais de recherche et de dialogue. Elle se réjouit de l’initiative américaine : « C’est une très bonne idée ; ça démontre une volonté des Etats-Unis de vouloir mieux cerner les problèmes de l’Afrique, vouloir mieux collaborer avec les Africains pour une meilleure entente, une meilleure collaboration dans notre façon de développer nos pays », explique-t-elle.

 

Isaak Amupolo (Namibien ), fondateur et directeur de l’Ondangwa Drama Club, ce forum de la Maison-Blanche est une chance. « C’est pour moi l’occasion de découvrir les soucis des autres délégués africains et de voir quelles sont les solutions qu’ils envisagent, estime-t-il. Cela nous donne également une chance de créer une plateforme à partir de laquelle nous pourrons débattre à l’avenir des grandes questions africaines. »


Satür Le Fur !

Sources : Afrik.com - rfi.fr


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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 23:48

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Les Bé­ni­nois ont cé­lé­bré le di­manche 1er Août à Por­to-​No­vo, ca­pi­tale po­li­tique du Bénin, le cin­quan­te­naire de l’ac­ces­sion de leur pays à la sou­ve­rai­ne­té in­ter­na­tio­nale par des dé­fi­lés mi­li­taire et civil, en pré­sence d’une di­zaine de Chefs d’Etat afri­cains et plu­sieurs autres dé­lé­ga­tions eu­ro­péennes et asia­tiques.


Di­manche tôt dans la ma­ti­née, plu­sieurs com­po­santes de la so­cié­té ci­vile bé­ni­noise, des re­pré­sen­tants des defile cinquantenaire benin7corps di­plo­ma­tiques ac­cré­di­tés dans ce pays et les membres des dif­fé­rentes ins­ti­tu­tions dé­mo­cra­tiques du Bénin ont pris d’as­saut le bou­le­vard des In­dé­pen­dances à Ouan­do (Por­to-​No­vo) pour as­sis­ter du­rant plus de trois heures au dé­fi­lé civil et mi­li­taire. Une di­zaine de Chefs d’Etat afri­cains, no­tam­ment les pré­si­dents Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire, Idriss Déby du Tchad, Fran­çois Bo­zi­zé de la Ré­pu­blique Cen­tra­frique, Dénis Sas­sou N’Gues­so du Congo, Ali Bongo du Gabon, Blaise Com­pao­ré du Bur­ki­na Faso, Ab­dou­laye Wade du Sé­né­gal, Ama­dou Tou­ma­ni Touré du Mali, Jo­na­than Gud­luck du Ni­ge­ria et Théo­do­ros Obiang Ngué­ma de la Gui­née Equato­riale,ont éga­le­ment as­sis­té aux ma­ni­fes­ta­tions of­fi­cielles de la fête na­tio­nale du Bénin

Ou­vert par des ma­jo­rettes à tra­vers des ta­bleaux de danses acro­ba­tiques et géo­mé­triques, le dé­fi­lé mi­li­taire a defile_cinquantenaire_benin9.JPGdé­mar­ré par les dé­ta­che­ments étran­gères, no­tam­ment du Sé­né­gal, du Togo, du Ghana, du Bur­ki­na Faso, du Nige­ria, du Gabon et de la France.

« La pré­sence de ces forces étran­gères aux côtés des forces ar­mées bé­ni­noises pour ce dé­fi­lé du cin­quantenaire de l’in­dé­pen­dance du Bénin, té­moigne la co­hé­sion qui existe entre les dif­fé­rentes Forces ar­mées des pays afri­cains », a confié le Gé­né­ral Ma­thieu Boni, Chef d’Etat major des Forces Ar­mées du Bénin.

Ainsi, après le dé­ta­che­ment des forces étran­gères, tour à tour, les dif­fé­rentes com­po­santes de l’Ar­mées bé­ni­noise, no­tam­ment les mi­li­taires, les gen­darmes, les pa­ra-​com­man­do, les agents des Eaux et fo­rêts et ceux de la Douanes, ont dé­fi­lé sous l’œil des au­to­ri­tés po­li­tiques bé­ni­noises.

Après le dé­fi­lé mi­li­taire, celui de la so­cié­té ci­vile bé­ni­noise a été le se­cond temps fort de la ma­ni­fes­ta­tion du cin­quan­te­naire de l’ac­ces­sion du Bénin, à la sou­ve­rai­ne­té in­ter­na­tio­nale.

A cet effet, plu­sieurs troupes de ma­jo­rette de la pre­mière dame du Bénin, et celle de la ville de Por­to-​No­vo, ont pré­sen­té des ta­bleaux de dé­mons­tra­tions ar­tis­tiques et cultu­relles du Bénin.

 La journée de lundi chômée

Le président du Bénin, Boni Yayi, a déclaré la journée de lundi 2 août chômée et payée, après les festivités qui ont marqué la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance du pays.
Réclamée par les populations depuis quelques jours, la décision de chômer le lendemain de la célébration du cinquantenaire a été annoncée par le chef de l'Etat béninois, à l'issue du défilé militaire et civil qui a réuni à Porto- Novo, 10 chefs d'Etat africains, des délégations de la sous-région de la France et du Koweït.


 

                                                Extrait du défilé sur le boulevard du cinquantenaire à Porto Novo

Yayi souhaite « plus de développement que de politique »

yayi-parleA la veille du 50e anniversaire de l’accession de son pays à l’indépendance, le président béninois Boni Yayi a exprimé le voeu samedi que le prochain cinquantenaire soit marqué par « plus de développement et d’économie » et « moins de politique ».

Dans son allocution à la nation, M. Yayi souhaitait inverser la tendance qui a prévalu pendant le cinquantenaire finissant marqué par « plus de politique et moins de développement et d’économie ».

Il a déploré l’émiettement de la classe politique consécutif à la prolifération des partis politiques vecteurs de « haine », d’ » ethnocentrisme », de « régionalisme ».

150 partis animent aujourd’hui la vie politique au Bénin peuplé de quelque huit millions d’habitants répartis sur environ 114.000 km2. A huit mois des élections couplées, législatives et présidentielles de 2011, des partis politiques se créent toutes les fins de semaine, la plupart se déclarant proches de la mouvance présidentielle. Pour limiter ce foisonnement et préserver l’unité nationale, le chef de l’Etat béninois a annoncé l’initiative d’une nouvelle charte des partis.

Par ailleurs, le président Boni Yayi a mis l’accent sur la disponibilité de l’énergie qui passe par la diversification des sources d’énergies, notamment les énergies renouvelables, l’amélioration des services portuaires, le Bénin étant par vocation et par sa situation géographique, un couloir de transit vers les pays de l’Hinterland (Niger, Mali, Burkina-Faso, Tchad, etc.).

Les secteurs des télécommunications et de l’industrie seront mis à contribution pendant le prochain cinquantenaire que M. Yayi estime être celui de la prospérité pour le Bénin et la « nation africaine ».

L'intégralité du Message de Boni YAYI à la Nation

 

Cinquantenaire de l’indépendance sur fond de scandale fiICC-Service 1 0nancier
Le Bénin a célébré le cinquantenaire de son indépendance dan s climat délétère marqué par un vaste scandale financier qui vient d’éclater dans le pays. C’est la fameuse affaire ICC Services, du nom de cette société de placement de fonds qui a ruiné plus de 200.000 épargnants béninois.

Une cinquantaine de députés sur les 83 que compte le parlement demandent que le président Yayi Boni soit mis en accusation pour forfaiture et parjure dans l’affaire des placements d’argent illégaux. Ils reprochent au chef de l’Etat d’avoir favorisé les activités de ICC Services. Pour Me Sadikou Alao, président du Groupe d’études et de recherches sur la démocratie et le développement économique et Social (GERDDES), le président Boni Yayi est accusé de négligence. D’aucuns pensent que ses proches et de nombreux responsables gouvernementaux ont profité des placements frauduleux d’argent.
« Que va-t-il se passer maintenant ? », se demandent les observateurs qui s’interroge également sur comment sera traitée la requête du "Groupe des 50" (députés), convaincu que le chef de l’Etat, "économiste et banquier de profession, a trahi son serment de défendre le peuple béninois et la nation". Yayi Boni sera-t-il mis en accusation et/ou emporté par le scandale ICC Services ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que, quel que soit l’épilogue de cette affaire, le bras de fer entre le chef de l’Etat béninois et les forces de l’opposition, entre dans une nouvelle dimension à la veille de la prochaine élection présidentielle. La sanction viendra-t-elle de la représentation nationale, de la Haute cour de justice ou des urnes? C’est un Yayi Boni ceinturé par ces trois feux qui doit à présent chercher une parade juste et honorable, après la fête du cinquantenaire, pour éviter une cuisante défaite personnelle et politique.

- Pour mieux comprendre le dossier ICC Services et aller loin...

1)- Déclaration de l'honorable Janvier Yahouédéhou

2)- Réactions des députés à l'hémicycle sur l'affaire ICC Services

3)- Explications et autres réactions

 

 
 

 

 Diverses réactions et autres vidéos disponibles sur les sources...

 

Chronique de l'indépendance du Dahomey

 

Commémoration du 1er anniversaire de l'indépendance à Porto Novo 

 

L’histoire politique du Bénin de 1960 à 2010

Depuis son indépendance, le Bénin a été une sorte de terrain d’expérimentations où, tels des alchimistes, les hommes politiques ont essayé toutes les formules, des plus saugrenues aux plus traumatisantes, pour gérer un pays miné par le régionalisme et une instabilité permanente. Sept coups d’État militaires entre 1963 et 1972, sans parler des tentatives avortées ! Finalement, dans les années 1990, il a été le premier à tester la Conférence nationale, qui ouvrira la voie à la démocratie, et fera figure d’exemple. Malgré ces tâtonnements, le pays n’a pas connu les déchirements de la guerre. Il n’a pas pour autant profité de cette nouvelle stabilité pour enclencher la deuxième étape, celle de la victoire sur la pauvreté. Économiquement, le Bénin, bien qu’il ne soit pas un pays enclavé, n’a pas encore réussi à impulser un développement qui bénéficie au plus grand nombre. Son sous-sol est pauvre, et tous ses espoirs reposent sur l’agriculture. Le pétrole découvert l’an dernier peut, dans ce domaine, être une manne ou une malédiction.

De l'enfant malade  au modèle démocratique

Autrefois enfant malade de l'Afrique, en raison de l'instabilité politique qui y régnait, le Bénin, ex-Dahomey, qui 72681971maurice-kouand-gifcélèbre dimanche le cinquantenaire de son accession à l'indépendance, est devenu le précurseur et modèle démocratique en Afrique, depuis l'historique Conférence nationale de 1990.
Jadis quartier latin de l'Afrique pour la compétence de ses cadres, le Dahomey adhéra à la cause de la " France Libre " durant la deuxième guerre mondiale, et accéda à l'indépendance le 1er août 1960 avec comme premier président, Hubert Koutoukou Maga.

Trois ans après, le Dahomey connaît son premier coup d'Etat militaire avec le chef d'Etat major des forces armées, le colonel Christophe Soglo. La deuxième République fut installée le 25 janvier 1964 avec un régime bicéphale.

 

retrouver le reportage sur ce coup d'état  sur www.ina.fr

 

43523922paul-de-souza-gifDès le 28 novembre 1965, des soldats de la garde présidentielle renversent le président et le vice-président et confient le pouvoir au président de l'Assemblée, Taïrou Congacou, qui gouverne juste pendant un mois, puisque, le 22 décembre de la même année, l'armée intervient une fois encore.
Le colonel Soglo, devenu entre temps général, prend le pouvoir et devient chef de l'Etat, chef du gouvernement, chef des forces armées.

En décembre 1967, les jeunes cadres de l'armée mettent fin au régime militaro- technocrate du général Soglo, font adopter une nouvelle constitution, organisent des élections qu'ils annulent en raison du faible taux de participation (25 pc), et nomment Emile Derlin Zinsou, un civil, pour un mandat de cinq ans.

Dès son installation, Dr Zinsou organise un référendum plébiscite pour faire entériner sa nomination par le peuple. Il installe un régime très dur et se fait destituer par les mêmes militaires le 10 décembre 1969.
Un directoire militaire organise en avril 1970, un référendum suivi d'élection présidentielle départementalisée qui faillit propulser le pays dans la guerre civile.kerekoujeune

Les autorités militaires suspendent l'élection demandant aux quatre principaux candidats (Sourou   Migan Apity, Hubert Maga, Justin Ahomadégbé, et Emile Zinsou) de trouver une solution à la crise. Les trois premiers optèrent pour une présidence rotative. Selon la charte de ce conseil présidentiel, chacun des trois hommes siègerait deux ans consécutifs et serait à la fois président du conseil, président du gouvernement, chef de l'Etat, chef du gouvernement, chef suprême des armées avant de céder la place à un autre. Seul Maga accomplit ses deux ans, Ahomadégbé qui lui succéda n'a pas le temps de s'installer avant l'intervention du coup d'Etat du 26 octobre 1972 qui porta à la tête du pays, le commandant Mathieu Kérékou. Il devient le chef d'un Etat auquel il réussit à donner en 1974 une orientation marxiste.

 

Justification du coup d'Etat de 1972

                                                  

Ancien_Drapeau_Benin.jpgEn 1975, le nom Dahomey - dans lequel toutes les régions ne se reconnaissent pas - est abandonné, pour celui plus fédérateur de Bénin. Un drapeau vert avec une étoile rouge est adopté et est créé le Parti de la Révolution populaire du Bénin(PRPB). En 1977, une nouvelle constitution instaurant un régime à parti unique est promulguée et, l'invasion des mercenaires le 16 janvier de la même année, durcit davantage le régime. Il devient un véritable régime de dictature militaro-marxiste sans partage pendant quinze ans. Toutes les directions politiques, économiques culturelles, morales et sociales sont centralisées au niveau du PRPB. Les entreprises publiques créées par le régime minées par la mauvaise gestion et la corruption généralisée conduisent à une crise économique et socio politique de grande ampleur, le système bancaire est en faillite, les écoles ferment leurs portes, l'Etat accuse de nombreux mois de retard dans le paiement des salaires. En 1989, sous la pression des capitalistes bailleurs de fonds vers lesquels le régime a dû se tourner pour négocier un programme d'ajustement structurel, les responsables du PRPB décident de renoncer au marxiste léninisme et d'organiser une conférence des forces vives de la nation. Cette rencontre, qui a regroupé en février 1990 tous les Béninois aussi bien ceux restés que ceux en exil forcé ou volontaire, a posé les bases du renouveau démocratique et de la relance du pays dans tous les domaines. Le pays devient alors République du Bénin et reprend son drapeau des indépendances avec une option politique et économique libérale. L'armée devient républicaine et des institutions de contre pouvoir voient le jour.


Ainsi de 1991 à ce jour, sont installés, l'Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, la HAAC, le Conseil kerekou_desouza.jpgéconomique et social (CES), la Cour Suprême et la Haute Cour de Justice.
De la conférence nationale à ce jour, le Bénin a organisé à échéances réelles et une alternance assurée, 4 présidentielles, 5 législatives, un référendum et deux municipales. La première élection présidentielle a lieu en 1991 avec la victoire du Premier ministre d'alors, Nicéphore Soglo, sur le président de la République Mathieu Kérékou.  Malgré l'espoir suscité par le parcours élogieux de cet ancien des institutions de Breton woods, qui réussit à relever la situation économique du pays, il est démocratiquement battu en mars 1996 par son prédécesseur. L'ex-dictateur devenu démocrate remporte encore en 2001, le second mandat au bout duquel il ne peut plus prétendre diriger le pays.
A sa suite, Boni Yayi, ancien président de la BOAD prend le pouvoir dans une adhésion presque totale de la population dont les 75 pour cent lui ont accordé leurs suffrages.

 

campagneSelon les statistiques récentes, le Bénin compte 200 partis politiques dont aucun n'a jamais pu rassembler la majorité simple des voix, lors d'aucune présidentielle. Quant aux législatives, plus de la moitié des scrutins ont été remportés plutôt par des coalitions qui, la plupart du temps, se forment à la veille des moments décisifs. Au sein de ce paysage, se dégagent deux grandes tendances, la mouvance présidentielle formée par l'Union pour la majorité présidentielle plurielle (UMPP) et les Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), et l'opposition faite des principaux partis politiques traditionnels rassemblés au sein de l'Union fait la Nation (UN-opposition) et la Coalition des Amis de Abdoulaye Bio Tchané (ABT), actuel président de la BOAD et probable candidat à la présidentielle de 2011.
Il existe au Bénin une loi portant statuts de l'opposition, mais certaines clauses de son décret d'application seraient incompatibles avec l'esprit de la loi. Quant aux anciens présidents de la République, ils demeurent un recours en cas de crise et leurs avantages a fait récemment l'objet d'un projet de loi au parlement. Pour le président béninois, le premier cinquantenaire du Bénin a été plus marqué par la politique que le développement économique. Bien que l'opposition, les syndicalistes et la presse dénoncent de temps à autre, des atteintes à la liberté d'opinion, le Bénin demeure, selon plusieurs observateurs, "un îlot de paix et de démocratie dans l'océan de l'instabilité que constitue le continent".

  

Une démocratie inébranlable malgré les « doses de venin » !

Le surnom de « Quartier latin » de l’Afrique occidentale collé au Bénin depuis le 20ème siècle (en référence au 6585 yayi kerekou soglogrand nombre de cadres qu’il a livrés à l’Aof, Afrique occidentale française) lui a-t-il porté chance sur le plan démocratique ? A l’heure du nécessaire bilan du cinquantenaire de l’indépendance de l’ancien Royaume du Dahomey (le 1er août), on peut l’affubler de tous les adjectifs « négatifs » dans divers domaines, sauf en matière de mise en place d’un « pouvoir du peuple par et pour le peuple ». Des mérites que doivent jalouser au Bénin bien de Républiques francophones au Sud du Sahara qui, tout comme la terre natale de Mathieu Kérékou, ont vu le jour dans les années 60…Les visiteurs de la patrie de la célèbre chanteuse Angélique Kidjo sont généralement estomaqués par l’insolent exercice de la démocratie au Bénin. Lorsqu’on a visité d’autres capitales francophones d’Afrique sub-saharienne comme Lomé, Ouagadougou, Niamey, Abidjan, etc. avant de poser ses valises en terre béninoise, on est davantage surpris par la donne précitée.


« Quel est bien le secret des descendants du roi Béhanzin ? », se questionnent certains Africains. Rares sont en effet les anciennes colonies de la France ou encore des Territoires placés sous sa tutelle dans lesquels les habitants ont la latitude de traiter de tous les noms d’oiseau leurs dirigeants, et à longueur de journées. Même le président de la République n’échappe pas à cet « engrenage » de la démocratie au Bénin.
Les compatriotes de Paul Biya, Blaise Compaore, Faure Gnassingbé, Laurent Gbagbo, Idriss Déby Itno, Sassou Nguesso, Ali Ben Bongo, etc. remueraient ciel et terre avant de prendre le contre-pied de cette affirmation. C’est dire que le « Quartier latin » de l’ancienne AOF n’a pas été pour rien la première ancienne colonie de la France à inaugurer le cycle de l’organisation des célèbres « Conférences nationales » en Afrique.

En l’espace de quelques jours, les Béninois avaient réussi en février 1990 à curer dans leur patrie les hétéroclites différends issus de précédentes et diverses formes de gouvernance imprimées à leur pays !! Une prouesse historique qui leur permettra de se doter en décembre 1990 d’une constitution répondant aux standards de la démocratie représentative reconnus aux quatre coins du globe. Et surtout un texte fondamental qui tient toujours la route !


 

 Les Présidents du Bénin depuis 1960 (par ordre de succession)


les-pdts-du-Benin-copie-1.jpg 

Hubert MAGA [1960-1963 / 1970 - 1972]Maga

Instituteur de formation, il a été le premier président du Dahomey independant, du 1er Août 19 60  au 28 Octobre 1963, date à laquelle suite d'une crise socio-politique, il remit le pouvoir au colonnel des Forces Armées Dahoméennes, Christophe SOGLO.

Suite au coup d'état de 1969, le directoire militaire fait appel aux trois anciens leaders: Hubert MAGA, Sourou Migan APITHY et AHOMADEGBE pour former un conseil présidentiel qui exercera le pouvoir.Chacun des trois leaders sera à tour de rôle, président du conseil présidentiel, Chef d'Etat, Chef du gouvernement pendant deux ans.C'est ainsi que Hubert MAGA a exercé son mandat de président du conseil présidentiel, chef de l'etat et chef du gouvernement le 7 mai 1970 au 6 mai 1972.


Christophe SOGLO [1963-1964 / 1965-1967 ]ChristSoglo 0

Colonnel des Forces Armées Dahoméennes, après la chute de Hubert MAGA, le 28 Octobre 1963, il fut Chef du gouvernement provisoire jusqu'au nouveau régime, la deuxième République avec SOUROU MIGAN APITHY.

Général de brigarde, chef d'Etat Major de l'armée Dahoméenne , il devient de nouveau président de la république le 22 decembre 1965.Il fut à son tour renversé par les jeunes officiers de l'armée dirigés par le Commandant Maurice KOUANDETE, le 17 decembre 1967.


SourouMiganApity 0

Sourou Migan APITHY [1964 -1965] 

Expert Comptable, président de la république, Chef de l'Etat du janvier 1964 à novembre 1965, le président APITHY et le vice-président AHOMADEGBE Tomètin ont été forcés par l'armée à démissionner suite à une crise survenue entre les deux hommes.

 

Taïrou CONGACOU :[1965]

 Suite au coup de force de l'armée,Taïrou CONGACOU, président de l'Assemblée Nationale issue des élections de janvier 1964, et deuxième dans l'ordre de succession, est devenu président de la république, du 29 novembre 1965 au 22 decembre 1965.Alphonse_Alley.gif


  Alphonse ALLEY [1967- 1968] 

Lieutenant-colonnel de l'armée, il devient président de la républiquele 17 decembre 1967.A la suite des élections présidentielles organisées en mars 1968 par l'armée, le Docteur ADJOU, ancien fonctionnaire international de l'OMS fut élu.Mais il n'a jamais exercé le pouvoir, son election n'ayant pas été acceptée par l'armée.

 

Emile Derlin ZINSOU

Médecin, ancien ministre, président de la cour suprême, a été après la contestation de M. Basile emile derlin zinsouADJOU par les militaires, appelé à la tête de l'Etat le 17 juillet 1968, il a été président de la république jusqu'au 10  decembre 1969, date à laquelle il a été renvervé par un coup d'état militaire dirigé par Maurice KOUANDETE, devenu Colonnel. L'armée mit en place à cet effet un directoire, organe collègial de direction de l'état, composé de trois membres, tous colonels: Emile De SOUZA, Maurice KOUANDETE et Koffi SINZOGAN.Le président du directoire, Emile de SOUZA exerçait les fonctions du Chef d'Etat.


Justin T. AHOMADEGBEjustin tometin 0

Médécin dentiste,ancienvice-président en1964, il apris fonction en qualité de président du conseil p résidentiel, chef de l'Etat et du gouvernement du 7 ami 1972 date à laquelle un coup d'état militaire a renversé le régime du conseil présidentiel et amené au pouvoir le commandant mathieu KEREKOU.


Mathieu KEREKOU

Il était commandant lorsqu'il devient président de la république à la suite du coup d'état du 26 octobre 1972 .Il resta jusqu'à la conférence des forces vives tenue à Cotonou du 19 au 28 février 1990. Un Kerekou (2)premier ministre , Nicephore SOGLO, fut élu par la conférence Nationale pour la période de transition.mathieu KEREKOU, qui était devenu entre temps général, restera président de la république jusqu'aux éléctions présidentielles du 24 mars 1991 avec la victoire de Nicephore SOGLO.

Le général Mathieu KEREKOU reveint donc au pouvoir en 1996, cette fois par la voie des urnes après victoire sur son prédécesseur et son successeur, Nicephore SOGLO.Il est réélu en 2001 pour un mandat qui a pris fin en 2006.


Nicephore D. SOGLO000 APW2001011057854 0

Inspecteur des Finances , ancien premier Ministre de transition, il a été président de la république  aux élection de mars 1991 pour un mandat de cinq ans.Il avait toutes les chances de briguer le second  mandaten mars 1996.Mais à l'issue des élections présidentielles de cette année et à sa grande


Boni YAYI boni yayi medaille  

Ancien président de la BOAD et banquier de profession, il est élu de la nation et incarne l'unité na tionale, l'intégrité territoriale et le respect de la constitution, les traités et accords internationaux...Il est à la tête depuis avril 2006.

 

 

Cinquantenaire de l'indépendance: Ce que pensent les Béninois...

Mathias Hounkpé, chercheur béninois sur le cinquantenaire de son pays: "Le champ est ouvert pour 2011, et tout est encore possible"
 
Pour faire le bilan de ces cinquante ans et tracer les perspectives, Ouestafnews a posé trois questions au chercheur béninois Mathias Hounkpé.

 
Ouestafnews - Quel bilan tirez- vous de ces cinquante ans d’indépendance au plan politique et social ?

 Mathias Hounkpé - Au plan politique, le bilan est mitigé. Autant il y a des signes de progrès, autant il est aisé de montrer que des efforts restent à faire pour que le Bénin atteigne les rivages des démocraties consolidées.

En guise de signes de progrès, je voudrais en citer deux parmi les plus importants. Il s’agit, premièrement, de la capacité des Béninois à tirer les leçons du passé à chaque changement de phase politique. C’est ainsi que d’une phase d’instabilité politique entre 1960 et 1972 (caractérisée par 6 coups d’états réussis et au moins autant de tentatives infructueuses), le pays, dans la recherche de solutions à l’instabilité politique, est allé dans le travers inverse avec l’adoption d’un régime militaro-marxiste, d’un pouvoir autoritaire et dictatorial à parti unique entre 1972 et 1990.

Mais depuis 1990, avec le Renouveau démocratique, à la suite de la Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990, une voie médiane semble être trouvée. Tirant des leçons des expériences passées, le constituant de 1990 a mis un point d’honneur à prévoir, dans le cadre institutionnel actuellement en vigueur, des mécanismes pour réduire les risques d’instabilité du système politique et pour protéger et garantir les droits et libertés fondamentaux des citoyens. En d’autres termes, des moyens ont été délibérément prévus pour protéger le peuple béninois des maux dont il a politiquement souffert durant les deux premières phases de son accession à l’indépendance.
Le deuxième signe de progrès qui, selon moi, mérite d’être souligné est relatif à la vitalité de la société civile béninoise. Même s’il est vrai que le peuple béninois a toujours été considéré comme politiquement très actif (et ceci depuis la période coloniale), il faut reconnaître qu’au fil du temps la société civile nationale s’est beaucoup consolidée au point de représenter aujourd’hui une force à laquelle les autorités et autres acteurs politiques font beaucoup attention. Ses actions pour la protection de la démocratie (la Constitution surtout), pour l’augmentation de la transparence et l’imputabilité dans la gestion des affaires publiques et dans la gestion des processus électoraux sont là pour en témoigner. Il faut ajouter à cela pour finir, l’éveil des consciences qui s’observe graduellement au niveau des citoyens ordinaires qui deviennent progressivement attentifs aux comportements des responsables politiques et publiques.

Au plan économique et social, les signes de progrès sont beaucoup plus difficiles à mettre en exergue. Après 50 ans d’indépendance, le sentiment qui se dégage est qu’au plan économique, nous continuons à chercher le modèle idoine pour amorcer le développement et sortir notre pays et nos populations de la pauvreté et de la misère. Il faut dire que la situation actuelle au niveau international n’est pas pour nous aider. Ceci nous oblige, de mon point de vue, à rechercher pour nous-mêmes entre le « trop d’Etat » et le « pas du tout d’Etat », le juste milieu susceptible de nous aider à sortir de l’ornière.
Au plan social, des efforts ont été faits, d’énormes sommes d’argent ont été englouties dans une multitude de projets. S’il faut reconnaître que la quantité existe (écoles, centres de santé, etc.), du point de vue de la qualité des progrès sont difficiles à montrer. Et tout le problème est là : malgré les efforts et les montants engloutis il est difficile de dire aujourd’hui si, en ce qui concerne les secteurs sociaux essentiels, les populations se portent mieux par rapport au moment de l’indépendance.

Ouestafnews - Le Bénin qui a connu un régime communiste jadis est aujourd’hui cité parmi les rares exemples en matière de démocratie en Afrique de l’ouest, quels sont selon vous les pièges à éviter pour sauvegarder cet acquis ?


M.H - Des pièges à éviter pour la sauvegarde des acquis du processus de démocratisation au Bénin, je vais en citer trois : le premier est celui qui consiste à penser que la démocratie consolidée se réalise en une opération unique. C’est-à-dire le fait d’oublier que les institutions et la démocratie ne sont pas comme des arbres qu’il faut planter et aller se reposer en attendant qu’ils poussent au gré des saisons, mais qu’elles deviennent ce que nous les citoyens voulons qu’elles soient. En d’autres termes, la démocratie ne devient consolidée que si de manière délibérée et déterminée, nous les citoyens, y apportons progressivement les aménagements nécessaires.

Le deuxième piège est celui qui consiste à penser que la démocratie peut se consolider sans que toutes les catégories d’acteurs de la société démocratique jouissent pleinement de leurs droits et libertés fondamentaux. Si vous faites attention, vous remarquez que la jouissance des droits et libertés par chaque catégorie d’acteurs concourt au bon fonctionnement de certains aspects du système démocratique. En effet, lorsque les femmes, les professionnels des médias, l’opposition, les citoyens de façon générale, … ne sont pas capables de jouir des droits et libertés qui leur sont reconnus par le cadre légal national, la démocratie s’en trouvera nécessairement affaiblie. En d’autres termes, nous devrons considérer comme un devoir de nous assurer que chaque citoyen, quelle que soit sa catégorie, jouit de ses droits et libertés fondamentaux.

Le troisième piège, pour m’en arrêter à ces quelques exemples, consiste pour les acteurs politiques à ne pas adopter les comportements et attitudes adaptés à la « jeunesse » et à la « fragilité » de notre cadre institutionnel. Les institutions de notre jeune démocratie étant encore faible, présentent beaucoup d’insuffisances. Si les acteurs politiques préfèrent passer leurs temps à instrumentaliser nos institutions, à exploiter pour des intérêts personnels ou de clans, les faiblesses des institutions, au lieu d’adopter des comportements responsables qui aident à combler lesdites insuffisances, nous irons droit vers le mûr.

Il est plus que nécessaire dans les jeunes démocraties comme les nôtres que nos hommes politiques soient à la hauteur des exigences pour garantir leur maintien et leur consolidation.

Ouestafnews - Votre pays s’achemine vers une présidentielle en 2011, celle-ci va-t-elle consacrer le retour des politiques, tous réunis derrière Adrien Houngbedji dans la coalition « l’Union fait la nation », où alors les technocrates comme l’actuel président Boni Yayi ou le postulant Abdoulaye Bio-tchané vont-il confirmer leur mainmise sur le pays ?


M.H - Au jour d’aujourd’hui, il est me paraît difficile de trancher cette question. Les citoyens se rendent compte des problèmes que pose le choix d’un président indépendant, technocrate, sans attache avec des partis politiques. Dans le même temps, les citoyens sont sceptiques quant à la capacité des partis politiques, du simple fait qu’ils sont des partis, à apporter des solutions aux défis majeurs de la société. Je crains à ce niveau, que le peuple béninois continue à chercher la formule idoine, entre président indépendant et président sortant d’un parti politique, pendant encore quelques années. Si les partis politiques se prenaient un peu plus au sérieux, s’organisaient autour d’idées et de projets de société, ils contribueraient beaucoup à accélérer le processus. En clair, le champ est ouvert pour 2011, et tout est encore possible.

 

 

Célestine Zannou: «  L’heure n’est pas à la fête mais elle est aux responsabilités pour sortir de l’épreuve ! »

 

zanouLa présidente de la Dynamique du changement pour un Bénin debout, Célestine Zanou, a fait  son diagnostic du Bénin depuis sa naissance, c’est-à-dire son indépendance jusqu’à nos jours, soit cinquante ans, qu’elle a passé au scanner.

Selon elle,  les cinquante ans du Bénin peuvent être décomposés en 5 E, à savoir, Espoir, Errance, Egarement, Explication et Epreuve. L’Espoir, c’est ce qui a caractérisé l’accession à l’indépendance jusqu’en 1963, date du premier coup d’Etat au Bénin. Dès lors, l’Errance a commencé avec comme caractéristique une dizaine de coups d’Etat. Cette période qu’on croyait déjà sombre, sera davantage noircie par l’option marxiste léniniste qui a totalement égaré le peuple béninois sur le chemin du développement. C’est la période qu’elle qualifie d’Egarement. Le quatrième E, qui signifie explication, est marqué par la conférence nationale qui a permis à toutes les forces vives de la Nation d’aller à la table du dialogue. D’où le changement de cap en matière d’option politique (démocratie) et économique (libéralisme) en cours depuis 1990. Mais depuis 2006, date qui coïncide avec l’avènement au pouvoir de Boni Yayi, s’est ouverte l’ère de l’Epreuve pour le peuple béninois. Pour étayer ses propos, elle a eu recours aux explications que les dictionnaires Larousse et Robert donnent du mot épreuve. Ce qui la conforte dans sa vision de ce que le président Boni Yayi constitue une tribulation pour les Béninois. La manifestation de cette épreuve n’a malheureusement épargné personne. Qu’il s’agisse de la classe politique, des couches sociales, des femmes avilies par des marches, des garants de la tradition, rois et chefs  traditionnels dévoyés, des jeunes toujours bernés, nulle couche n’a été épargnée par les éclaboussures de l’explosion du Docteur, qui s’est vu dépasser par la charge et les attentes du peuple. Face au drame que vivent les Béninois depuis 2006, Mme Célestine Zanou préconise le choix d’hommes et de femmes convaincus de leur mission et de leur devoir de servir tout en étant attachés aux valeurs de leurs racines. Pour elle, l’heure n’est pas à la fête mais à la réflexion. Une opinion qu’a partagée toute l’assistance présente à cette conférence débat.


Réactions des participants

Tous les intervenants à cette séance, n’ont eu d’autres mots que ceux  utilisés par la conférencière pour exprimer la douleur du peuple sous le mandat de Boni Yayi. A l’instar de Jean-Claude Hounkponou, vieux routier de la politique nationale, beaucoup d’autres ont exprimé l’urgence que les travaux de Mme Zanou ne soient pas mis au tiroir. Ils souhaitent des rencontres périodiques pour en débattre. Pour d’autres, la solution pour le développement du Bénin reste le départ du pouvoir de Boni Yayi. Mme Anna Cica Adjaï, membre de l’Undp qui a fait entre temps une virée dans le camp, a été l’une des plus amère et radicale. A haute et intelligible voix avec toutes ses forces, elle s’est interrogée s’il ne fallait pas une solution à la John Jerry Rawlings au Bénin. Basile Ahossi, Coordonateur actuel du G13, a, quant à lui, invité les uns et les autres à prendre les taureaux par les cornes face aux dérives du pouvoir en place. Sinon le gouffre est la seule destination que réserve aux Béninois le président Boni Yayi. Cette sortie de Célestine Zanou, vient une fois encore montrer son opposition à la gestion du pouvoir faite par  Boni Yayi.

Lire en intégralité sa communication

Pierre Mètinhoué, Professeur d’Histoire dans les universités : « Les questions de gouvernance n’ont pas été maîtrisées»

La Nouvelle Tribune : Quel sentiment vous anime en cette occasion où le Bénin fête ses cinquante ans d’indépendance ?

PM :Je dois dire que je ne suis pas très enthousiaste. Quand on regarde le Bénin aujourd’hui, 50 ans après son accession à la souveraineté internationale, on est tenté de se demander quels sont les grands problèmes que nous avons résolus, quels sont les défis que nous avons relevés. En disant cela, je pense à un certain nombre de domaines : l’agriculture, l’Education, la Santé. Je me demande si dans l’un ou l’autre domaine, nous avons posé des jalons de telle façon que les générations montantes et à venir n’auront qu’à continuer. Ma première déception est qu’au jour d’aujourd’hui, il n’y a pas de base qui soit suffisamment solide pour que le recul ne soit pas possible. C’est essentiellement ce souci qui m’anime en ce moment où nous célébrons les cinquante ans de notre indépendance.

Lnt : Vous qui êtes historien, travaillant donc sur le passé, comment entrevoyez-vous l’avenir ?

PM :Je pense que nous devons avoir le courage de regarder objectivement ce que nous avons fait, ce que nous avons vécu au cours de ces cinquante ans. Chacun sait que les premières années ont été difficiles. Les questions de gouvernance n’ont pas été maîtrisées. La preuve, nous faisons des élections, nous donnons mandat à des gens, puis avant le terme de ce mandat, nous recommençons une autre expérience. Qu’on le veuille ou non, les coups d’Etat militaires que nous avons connus et que d’autres pays ont connu en Afrique, ont été à notre développement. Je crois aussi que comme le disait l’ingénieur agronome, René Dumond dès nos premières années il y a eu maldonne. Car, nous a enseigné en notre temps, que la vocation de développement de notre pays, est agricole. Aujourd’hui, quand je me souviens de cette formule, je me demande ce que cela signifie réellement. Je comprends cette formule comme la nécessité pour nous de baser sur l’agriculture pour nous développer. Mais je constate qu’au bout de cinquante ans, nous n’avons pas fait des merveilles dans ce domaine. Puisque en 2010, dans la majorité des cas, nos paysans ont encore la houe et le coupe-coupe à la main. Ce n’est pas de cette façon qu’à partir de notre agriculture, promouvoir un développement. Mon regard sur l’avenir, ce sera pour faire des vœux. Le premier, est que nous nous entendions pour que les bases de notre développement soient acceptées par le monde. Je fais aussi le vœu que notre option politique soit respectée de tous. Nous avons choisi la démocratie, de vivre dans une République, un territoire qui n’est la propriété de personne. Je souhaite que nous prenions ces choses au sérieux. Et qu’aujourd’hui comme demain, personne ne soit tenté de dire le Bénin est pour moi seul ou les gens de sa région. Battons-nous pour que ces notions de Démocratie et de République soient le socle de notre vie quotidienne sur lequel nous allons bâtir l’avenir de notre pays. Aussi, le Bénin tout ne peut-il rien. Il importe donc qu’au vu de tous les efforts qui se font sur le plan régional et africain (Cedeao, Uemoa, Union Africaine) le Bénin ne reste pas en marge. nous devrons donc enseigner à la jeune génération qu’il faut aimer le Bénin mais il faut aussi s’ouvrir aux autres citoyens de notre chère Afrique.

Me Robert Dossou, Président de la Cour Constitutionnelle : « Il faut le travail et l’organisation »

robert dossou crLnt : cinquante ans après son indépendance, le Bénin se cherche toujours. A la lumière de vos expériences, que pensez-vous que le Bénin peut faire dans les prochaines années afin de connaître un réel développement ?

Robert Dossou : Il faut que tout Béninois, pas seulement ceux qui occupent des fonctions dans les institutions de la République, doit tirer leçon des cinquante ans passés. Il faut pour fixer les perspectives d’abord retenir pour les cinquante dernières années quelques points clé : absence de démocratie pendant longtemps et échec économique mais avec quelques lueurs d’espoir à partir de 1990. Il faut retenir principalement le motif qui a facilité la mutation des régimes militaires vers la démocratie. Et partir de là pour jeter un regard sur l’avenir. Si dans les années 90 nous avons pu faire des transitions, tantôt douce, en ce qui concerne le Bénin, et tantôt violente, en ce qui concerne la Mali, la Côte d’Ivoire, le Togo, l’ex-Zaïre, le Congo et bien d’autres pays, c’est parce qu’il eu un élément très pacifique. L’échec économique a facilité la mutation. Parce qu’une dictature qui rayonne économiquement et réussit, trouve les astuces pour se maintenir. Toutes nos dictatures ont échoué au plan économique et au plan social.  Cela a facilité la pression de la démocratie. Par conséquent, depuis 1990, nous sommes confrontés à deux exigences : la première, consolider les institutions démocratiques, la deuxième, démarrer réellement et effectivement le développement économique de manière durable. C’est un point clé que nous ne devons pas oublier. Si les difficultés économiques ont facilité le passage à la démocratie, les difficultés économiques peuvent également creuser la tombe de la démocratie. Chaque citoyen doit le savoir et c’est à cela que nous devons nous attaquer. Pour renforcer et consolider les institutions démographiques, il suffit de continuer et de persévérer dans l’établissement de l’Etat de droit. Seul le respect de l’état de droit. Seul le respect scrupule et par chaque citoyen et par chaque détenteur d’une fonction publique ou d’un pourvoir politique quelconque, c’est ce seul respect là qui va consolider ce démocratie. Et contrairement à ce que certains croient, le respect de la règle de droit facilite et impulse le développement économique. Mais le respect de la règle de droit ne fait que faciliter.

C’est une condition nécessaire mais pas suffit. Il faut le travail et l’organisation. L’indiscipline est quelque chose qui frêle le développement économique. Il faut que chaque individu susceptible de prendre une initiative économique soit assuré qu’il ne va pas subir une injustice qui perturbe ou fasse échouer son programme ou son projet. Voilà comment je vois les 50 années à venir. Nous devons avoir à l’esprit que si nous ne mettons pas le développement économique au soutien de la démocratie sera soit complètement dévoyée, soit complètement reconvertie dans une autre forme de dictature ou de prise d’otage de l’ensemble de la société par une mafia ou toute autre organisation de pression. En tout cas, nous ne réussirons pas à couvrir complètement les nouveaux espoirs que la conférence nationale nous a amenés et que jusqu’au jour d’aujourd’hui nous avons conservés sous réserve que nous nous organisons mieux et que nous travaillions davantage. 

 

Dossier : Satur Nikwé

Sources : La Nouvelle Tribune, Ouestafnews, Rfi.fr

 

 


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