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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 09:20

drapeau-congo-brazzaville.gif

 

Une quinzaine de chefs d'Etat et de gouvernement se sont rendus ce dimanche 15 août 2010 à Brazzaville pour les festivités des 50 ans d'indépendance du pays. Dès sept heures du matin, plusieurs milliers de personnes ont pris d’assaut le boulevard Alfred Raoul.

 

Le défilé du cinquantenaire a commencé en fin de matinée et s’est poursuivi pendant une bonne partie de ALeqM5ir6k5Fd0vPiwEgldqdFF--DrCaXw.jpgl’après-midi en présence de plus d’une quinzaine de chefs d’Etats et de gouvernements africains. Il s’agit entre autre de Joseph Kabila Kanbangué, qui a juste traversé le fleuve Congo, Kinshasa et Brazzaville étant les capitales les plus rapprochées du monde ; Les présidents de Sao Tomé et Principe, M. Fradique de Menezes, Blaise Compaoré du Burkina Faso, le Togolais Faure Gnassingbé, le Camerounais Paul Biya, Idriss Déby Itno du Tchad et Boni Yayi du Bénin, Amadou Toumani Touré du Mali, Ali Bongo Ondimba du Gabon et de François Bozizé de la République Centrafricaine (RCA).

Pour la première fois de l’histoire de l'indépendance, un détachement militaire français composé de trente éléments a pris part à la manifestation, ainsi que des contingents venus de six pays africains : Angola, Bénin, Cameroun, Gabon, Libye et le Maroc. Il faut souligner que les troupes françaises qui participent pour la première fois au défilé de l’indépendance du Congo complètent ainsi le cycle de manifestations organisées par l’ambassade de France à Brazzaville dans le cadre de la célébration du cinquantenaire.

Troupe française au défiléCe cinquantenaire de l’indépendance est également marqué par des conférences, tables rondes, expositions de peintures et de photos, et la remise au gouvernement congolais des archives de l’INA. Parmi les personnalités étrangères, la France est représentée par le président du Sénat, Gérard Larcher, accompagné de Jean-Pierre Cantegrit, sénateur représentant les Français de l’étranger, président du groupe d’amitié France-Afrique centrale du Sénat et de Jacques Toubon, secrétaire général du cinquantenaire des indépendances africaines.

Peu avant le démarrage du défilé, le président congolais a procédé à la décoration de quelques personnalités, essentiellement politiques ayant marqué l’histoire de ce début de siècle d’indépendance : « Sur cet itinéraire de cinquante ans, le maillon le plus faible de notre action collective est de n’avoir pas pu au plan économique et social réaliser l’équivalent du peu que nous avons réussi au plan politique », a relevé Denis Sassou Nguesso. L’opposition et la société civile se montrent plus critiques tandis que l’Eglise appelle au sursaut spirituel et moral dans un pays dont l’histoire a connu des hauts et des bas.

 

Une Colonne pour perpétuer le souvenir de l’indépendance au Congo

 

 Le président congolais, Denis Sassou Nguesso, a dévoilé mercredi à Brazzaville, à l’occasion de la colonne.jpgcommémoration du cinquantenaire de l’indépendance une colonne dénommée ‘’Colonne de l’indépendance’’ pour perpétuer le souvenir de l’indépendance nationale.

« La construction de la colonne de l’Indépendance érigée au cœur de Brazzaville, ambitionne à compter de ce jour, à perpétuer devant l’histoire et le monde, le souvenir impérissable du combat héroïque mené par notre peuple pour son autodétermination, pour son indépendance et sa liberté », a indiqué le ministre de la culture et des arts Jean Claude Gakosso, lors du dévoilement de ce monument

Evoquant les grands monuments érigés de par le monde comme la Colonne de la Bastille en France, ou celle de Trajan à Rome en Italie, il a dit que la ‘’Colonne de l’indépendance’’ du Congo a été édifiée en souvenir de l’indépendance du pays qui ne s’estompera jamais dans la mémoire collective. Il se veut aussi le souvenir des illustres dignitaires congolais qui ont œuvré pour l’avènement de l’indépendance du pays.

Jean Claude Gakosso, a honoré la mémoire de quelques acteurs de l’Indépendance du Congo dont les plus connus sont André Grenard Mastoua, Boueta Bongo,Fulbert Youlou, Jean Félix Tchicaya, Massamba Débat, Jacques Opangault, Okemba Morlendé ,André Malraux.

La ‘’Colonne de l’indépendance’’ du Congo inauguré porte en son sommet l’indomptable Marianne, ‘’symbole universel de la République fraternelle et solidaire où les hommes naissent libres et égaux en droit’’.

Dans une posture royale, elle tient jalousement sur ces genoux, les tables de la Loi, sur lesquelles sont gravés les trois mots qui résume l’idéal républicain du Congo et qui fonde sa devise : « Unité, Travail Progrès ».

« Aux yeux de la postérité, cette Colonne restera le symbole de la volonté des autorités congolaises d’installer le Congo dans l’histoire de notre siècle, de l’arrimer au patrimoine culturel mondial et de consacrer son ancrage », a encore dit Jean Claude Gakosso.

La Colonne de l’indépendance du Congo a été érigée avec une contribution de la République Démocratique et Populaire de Corée.


Le logo du Cinquantenaire comme symbole


 

Logo-du-cinquantenaire-du-congo.jpgLe logo du Cinquantenaire de l’Indépendance de la République du Congo est composé de plusieurs éléments qui ont chacun une grande signification. Le nombre 50 porte les couleurs du drapeau national. Le zéro, en particulier, est de couleur jaune et rouge. Pour paraphraser l’hymne national, ce zéro renvoie au soleil qui se lève sur le pays: «Et notre Congo resplendit» comme une torche. La flamme de cette torche, qui symbole l’aura, a cinq rayons de tailles différentes et progressives. Ce qui traduit le progrès et, surtout, le mouvement dynamique déjà imprimé par la position inclinée du 5, du 0 et de la carte du Congo. Cette carte constitue la matrice de la construction du logo.  Au dessus de la carte plane une colombe avec un rameau sur le bec. Cela renvoie à la paix. En guise de légende, le nom du pays ainsi que la date de l’indépendance et celle du cinquantenaire sont portés au bas de la carte, au milieu d’une bannière qui sert de socle au logo. Cette bannière est particulière. A gauche, elle se présente sous la forme d’une chaîne brisée, symbole de la libération. A droite, elle a la forme traditionnelle d’une bande de tissu commémorative, d’où sa couleur dorée. L’ensemble, constitué par le nombre 50 et la carte du Congo, est entouré par une forme ovale ombrée à droite. C’est l’oeuf dont éclot l’unité de la nation congolaise. En bas à gauche, une chaîne brisée, symbole de liberté.

 

    Denis Sassou Nguesso invite ses compatriotes à combattre la pauvreté

 

Le président congolais, Denis Sassou Nguesso, a demandé vendredi à Brazzaville à ses compatriotes congolais sassou-nguesso-discours-fin-d-annee-2009.jpgde « combattre la pauvreté pour conquérir l’indépendance totale du pays », dans son discours à la nation devant le Parlement réuni en congrès, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance du pays.

« Nous devons gagner la bataille contre la pauvreté pour conquérir notre indépendance totale », a indiqué Denis Sassou Nguesso, ajoutant que cela passe, entre autres, par le redressement du système éducatif, la culture, le sport, l’accès de la population à l’eau l’électricité, aux soins de santé et l’emploi ».

« Il nous faut pour cela promouvoir dans notre société, la culture du travail bien fait, du goût de l’effort permanent et du respect du bien public », a souligné Denis Sassou Nguesso.

Insistant sur l’unité nationale, le président congolais a appelé ses compatriotes à « mettre un terme aux replis identitaires et aux reflexes ethnocentriques désuets pour renforcer l’unité du peuple congolais et consolider la Nation ».

« Notre démocratie est encore jeune, très jeune. Elle a besoin d’être régulièrement améliorée pour s’affirmer et se consolider. Sans en modifier le fond, nous devons, chaque jour, rechercher la forme la plus efficiente, la plus pragmatique, celle qui convient le mieux à notre pays.

img_ump_big.jpgIl a en outre promis d’améliorer la situation de la femme congolaise par le vote d’une loi sur la parité pour une représentation effective des femmes aux postes de responsabilité et électifs.

« Cinquante ans après l’indépendance, la femme congolaise a mené, avec bravoure et ténacité, le combat pour son émancipation, pour la jouissance de ses droits ».

« Les gouvernements successifs n’ont ménagé aucun effort pour impliquer pleinement la femme dans le processus de décision. De sorte que, malgré les tendances négatives, la problématique du genre a pris une dimension véritablement nationale. L’égalité des sexes est un principe établi. La femme congolaise a les mêmes droits que l’homme dans toutes les sphères de la vie publique », a encore dit le chef de l’Etat congolais.

Dans ce message à la nation, il a annoncé l’abrogation d’un décret pris en 1994, et portant suspension des effets financiers.

 

 

La marche vers l’indépendance de la République du Congo (Brazzaville)

 

La colonie du Moyen-Congo incarnait, depuis 1940, tous les espoirs d'évolution ducarte-congo-brazzaville.gif r égime colonial en Afrique. Brazzaville, capitale de l'Afrique Equatoriale Française, n'avait-elle pas été aussi la capitale de la France Libre, où le général de Gaulle avait prononcé, en janvier 1944, le discours fameux sur les réformes à venir ?

Dominée d'abord par deux hommes, Jean-Félix Tchicaya et Jacques Opangault, la vie politique avait été calme avant de subir une accélération brutale, sous l'impulsion de l'abbé Fulbert Youlou. Ce prêtre catholique, à qui ses fidèles attribuaient en outre des pouvoirs surnaturels, s'est fait élire maire de Brazzaville en 1956, avant de devenir Premier ministre en 1958 et président de la jeune République en 1960.

Un parcours spectaculaire, marqué par les violents affrontements ethniques de 1959 à Brazzaville et par les frustrations des masses rurales et urbaines.


Que s'est-il passé le 15 août 1960, jour de l'indépendance du Congo Brazzaville?


BRAZZAVILLE_000_ARP2475754_0.jpgCe 15 Août 1960 est l'une des journées les plus longues du périple entamée en Afrique centrale par le ministre français des Affaires culturelles, André Malraux, qui formalise le passage à l'indépendance des anciennes colonies. Brazzaville reste une ville symbole de la France Libre du général de Gaulle et de la marche vers l'indépendance.

La journée du 15 août 1960 débute par un office religieux. L'abbé Fulbert Youlou accompagné du ministre André Malraux, participe en la basilique Sainte-Anne de Brazzaville à la messe de 8 heures célébrée par Mgr Michel Bernard, l'archevêque du Congo.

Un peu plus tard dans la matinée, l'Assemblée nationale, sous la direction de son président, Alphonse Massamba-Débat, se réunit en session extraordinaire. Après lecture du message du général de Gaulle, puis un discours du premier président de la République, l'Assemblée ratifie, par un vote unanime, les nouveaux accords que viennent de signer le chef de l'État Fulbert Youlou et Jean Foyer, le représentant du gouvernement français.

La cérémonie officielle se déroule ensuite au centre-ville de Brazzaville où tous les officiels congolais ainsi qu'une foule nombreuse sont massés.

La première allocution est prononcée par l'envoyé du général De 000 ARP2475757 0gaulle qui, dans une envolée lyrique stylée, déclare: «Cette nuit a retenti la salve solennelle qui salue l'indépendance des peuples et qui retentira dans la mémoire de vos enfants, comme celles qui saluaient jadis la naissance des rois...» Puis André Malraux de poursuivre: «La France vous lègue des organisations économiques, administratives et financières… Celles-ci furent au service de l’État français, parfois assez noblement. Les voici au service de la République du Congo : ce n’est pas un transfert d’attributions, c’est un transfert de destin…»

C'est ensuite au président Fulbert Youlou, sous un tonnerre d'applaudissements de lancer à la foule:«Cette indépendance de la République du Congo, mes chers concitoyens, je la proclame solennellement et universellement».

 

Discours de l'indépendance prononcé le 15 août 1960 par l'abbé Fulbert Youlou, président de la République du Congo.


  Monsieur le représentant du président de la Communauté, Excellence, mes chers compatriotes, Mesdames, Messieurs.

À quelques pas d’ici, dans ce stade auquel notre reconnaissance émue a donné le nom d’un grand Français de race noire, le gouverneur général Félix Eboué*  dont nous avons honoré hier la mémoire dans le stade Eboué, dis-je.


 Voici près de deux ans, le général Charles de Gaulle exposait aux populations congolaises sa conception de la communauté franco-africaine destinée à transformer le régime désuet de la colonisation en un régime de coopération fraternelle et d’entraide.

À son appel, nous avons tous répondu d’une manière unanime par le oui massif du référendum du 28 septembre 1958.

 

Le 28 novembre de la même année, l’Assemblée territoriale proclamait que l’ancien territoire devenait la République du Congo.

Le 28 juillet 1959, l’Assemblée nationale a ratifié les accords passés avec la République française par lesquels nous avons accédé cette nuit même à l’indépendance.

 

Cette indépendance de la République du Congo, mes chers concitoyens, je la proclame solennellement et universellement (applaudissements) en présence du représentant personnel du général de Gaulle, président de la communauté. Nous sommes ici tous associés, en cette heure historique, à la réalisation du vœu unanime du désir le plus cher de tout notre peuple.

 

Vous allez manifester à juste titre votre allégresse car il est bien vrai que nous vivons un jour faste. Et ce 15 août 1960 doit être consacré à la joie. Mais cette journée doit être aussi un moment de réflexion car elle marque une étape essentielle de la vie de notre Etat.

 

Surtout, nous garderons précieusement le message que nous a apporté l’homme qui, pour nous, symbolise de manière prestigieuse la France et la communauté. Le général de Gaulle a su apporter à l’Afrique la liberté, l’indépendance, dans l’amitié, la fraternité et l’union. Qu’il en soit à jamais remercié (applaudissements).


 La cérémonie est ensuite agrémentée par un défilé militaire de l'armée de la Communauté. Mais cette journée du 15 août 1960 est loin d'être terminée. Le cortège officiel se rend au square De Gaulle, où un buste a été dressé en 1959, en hommage au héros de la France Libre.
Le président de la République, accompagné d’André Malraux, suivi de la délégation française, de Joseph Kasa-Vubu, président de la République congolaise d'outre-Pool, qui a franchi le fleuve pour l'occasion, salue «le tout-Brazza» enthousiaste.


M_Bokanowski_F._Youlou_S._Tchitchelle_M.Tshombe_a_Sounda.jpgPlace de la Mairie, c'est André Malraux qui reprend la parole pour vanter le courage extraordinaire du général De Gaulle...

Réponse du président Fulbert Youlou qui n'hésite pas à glorifier l'homme de Brazzaville: «Lorsque, voici vingt ans, le 28 août 1940, le Congo, à l'appel d'une voix lointaine venue de Londres alors en pleine tourmente, décidait de se rallier à la France-Libre, une ferveur unanime a uni tous les habitants de ce pays, Européens et Africains, pour le combat en faveur de la liberté du monde. Alors, Brazzaville, modeste chef-lieu de l'Afrique équatoriale française, voyait peu à peu son nom prendre un lustre nouveau en tant que capitale de la France libre et combattante».

Il est maintenant près de 20 heures...La fête bat déjà son plein dans les quartiers de la capitale. Pour la délégation française et les officiels congolais, la journée se termine par une grande réception dans les jardins du palais du haut commissaire général, devenu depuis cette nuit, la résidence du président de la République du Congo.

Ce jour même, le gouvernement congolais envoie un télégramme au secrétariat général des Nations unies pour son adhésion et la reconnaissance internationale de sa souveraineté.

 

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                                                Le premier gouvernement du Congo après l'indépendance

 

Congo : 50 ans de luttes fratricides

Coups d’Etat, guerre civile, tensions ethnique... L’ancien pays marxiste peine à se relever de la succession de crises politiques qu’il a connues. Et la population rêve encore que les colossaux revenus générés par la vente du pétrole et du bois soient mieux distribués.

« Nous accédons à la responsabilité nationale », clame le premier président du Congo, YOULOU1.jpgl’abbé Fulbert Youlou, le 15 août 1960 à Brazzaville. « Plus que jamais la volonté de Dieu nous fait un devoir d’aimer notre pays, mais également un devoir d’agir, chacun à la place qui lui a été donnée, pour faciliter la marche en avant de notre pays », ajoute t-il lors de la proclamation d’indépendance. Une « marche en avant » fort contrariée : le pays va connaître cinquante années de crise politique et économique. En août 1963, un soulèvement populaire (« les Trois Glorieuses ») oblige Fulbert Youlou à démissionner.

M-Debat-copie-1.jpgAprès cette crise politique, Alphonse Massamba-Débat constitue un gouvernement provisoire, avant de remporter les élections présidentielles de 1963. En 1968, profitant des désaccords entre le président et son parti, le capitaine Marien Ngouabi prend le pouvoir par la force. Il fonde un parti unique, le Parti congolais du travail (PCT), de type marxiste-léniniste. Le drapeau national devient rouge sang avec une houe (à la place de la faucille) et un marteau.

Les conflits ethniques et idéologiques se poursuivent et, en 1977, Marien Ngouabi est assassiné. Le colonel Joachim Yhombi-Opango, après avoir pris sa succession, démissionne en 1979. Quelques mois plus tard, le colonel Denis Sassou-Nguesso prend la tête du parti et de l’État. Malgré un discours marxisant et une pratique dictatoriale du pouvoir, son régime évolue vers le libéralisme économique. En 1991, alors qu’il est toujours au pouvoir, s’ouvre une conférence nationale, destinée à ouvrir le pays vers le multipartisme, les élections libres et la démocratie. A la demande des délégués rassemblés, Denis Sassou-Nguesso dit assumer toutes les dérives de la classe politique depuis l’indépendance. Une transition démocratique de douze mois est décidée : Denis Sassou-Nguesso reste président, mais il n’a plus aucun pouvoir. Le Conseil Supérieur de la République, parlement mis en place pour la période de transition, est chargé de faire élaborer une nouvelle constitution.

En mars 1992, le Congo adopte une nouvelle constitution, sur un principe 1250724509-LISSOUBAsemi-présidentiel. En août de la même année, Pascal Lissouba devient le premier président congolais élu au suffrage universel, avec plus de 60% des suffrages.

Dès lors commence une période politique trouble de cinq années, qui conduit à des massacres sur des populations civiles, et à une guerre fratricide qui débute le 5 juin 1997. Les hommes de Denis Sassou N’Guesso, les « Cobras », l’emportent face aux « Zoulous » de Pascal Lissouba. Les affrontements se doublent de tensions ethniques et Nord-Sud.

Entre 4 000 et 10 000 personnes trouvent la mort. La capitale, Brazzaville, est dévastée. Le 16 octobre de la même année, Denis Sassou N’Guesso, victorieux, se proclame président.

La guerre a laissé des traces : les Congolais demeurent divisés et le pays peine à se reconstruire. Les importantes ressources en pétrole et en bois ne profitent guère aux habitants dont le niveau de vie demeure bas. Mauvaises infrastructures, taux de chômage important et manque d’accès aux soins sont le lot des Congolais. Réélu en 2002 et en 2009 avec près de 80% des voix, Denis Sassou N’Guesso semble bien décidé à conserver le pouvoir, avec la bienveillance de la France, dont les entreprises profitent largement des ressources du pays.

 

50 ans d’indépendance marqués par la malédiction de l'or noir

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 Pays pétrolier, la République du Congo, ou Congo-Brazzaville, est une illustration du «paradoxe de l’abondance»lecolibri_Conflits--Ressources-naturelles--RDC--Congo--Rwan.jpg : les revenus de l’or noir, qui ont financé voire provoqué plusieurs guerres civiles, ont contribué à aggraver la pauvreté de la population au lieu de l’éradiquer.

Le territoire de la République du Congo, État d’Afrique centrale qui doit son nom au fleuve Congo et à l’explorateur Savorgnan de Brazza, est délimité à l’ouest par le Gabon avec une étroite façade sur l’océan Atlantique où se trouve la capitale économique, Pointe-Noire, et les plate-formes pétrolières off-shore, au nord par le Cameroun et la République centrafricaine, à l’est et au sud par la République démocratique du Congo, ex-Zaïre, dont le séparent les fleuves Congo et Oubangui. Plus de la moitié de la superficie du pays - 342 000 km2 - est recouverte de forêts.

massambadebatsurlaplacedelagaredebzv.jpgLe Congo ancien était constitué de plusieurs royaumes, dont l’«empire» du Kongo jusqu’à la fin du XIXe siècle, avant le début de la colonisation française. En 1910, la région alors appelée «Moyen-Congo» devient une colonie de l'Afrique équatoriale française (AEF). C’est alors qu’est entreprise la construction du fameux chemin de fer Congo-océan, au prix de milliers de vies humaines. L’indépendance est acquise en 1960, dans un climat d’affrontements entre mouvements politiques à base ethnique, avec l’abbé Fulbert Youlou à la tête de l’Etat.

Depuis son indépendance en 1960, le pays a connu une histoire mouvementée, caractérisée par une instabilité politique presque chronique. Coups d'État militaires, assassinats des présidents et régime autocratique de parti unique ont jalonné le chemin difficile vers la voie du multipartisme, de la démocratie.

Dès l'indépendance, les partisans du Mouvement social africain (MSA) de Jacques Opangault et de l'Union démocratique de défense des intérêts africains (UDDA) de l'abbé Fulbert Youlou s'affrontent à l'issue d'un scrutin remporté par ce dernier.

En 1963, Alphonse Massamba-Débat renverse Fulbert Youlou et Les-pdts-du-Congo.jpg s'installe à la tête d'une révolution qui donne naissance au Mouvement national de la révolution (MNR) comme seule force politique à l'intérieur d'un système de parti unique. Il est renversé et assassiné en 1966 par un putsh militaire dirigé par le commandant Marien Ngouabi qui créé le parti congolais du Travail (PCT). Il est assassiné à son tour, le 18 mars 1977.

Jacques Joachim Yombi Opango, membre du bureau politique du PCT prend le pouvoir pour deux ans,et est renversé en 1979 par Denis Sassou Nguesso, lui aussi membre du bureau politique du PCT. Il est élu en 1984.

En 1990, la dégradation économique du pays, accentuée par la baisse du prix du pétrole, débouche sur l’organisation d’une conférence nationale et l’adoption d’une nouvelle Constitution.

La première élection présidentielle démocratique de 1993 amène le professeur Pascal Lissouba, président de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) au pouvoir. Mais en 1993, des troubles éclatent. Ils opposent le pouvoir et l’opposition jusqu’en 1995.  Deux ans plus tard, la guerre civile reprend, avec des combats entre l’armée et la milice de l’ancien président Denis Sassou-Nguesso.

En octobre 1997, victorieux, Sassou-Nguesso se proclame président. Fin 1998, de violents accrochages opposent de nouveau l'armée congolaise aux «Ninjas», les miliciens de Bernard Kolélas, ancien Premier ministre de Lissouba et maire de Brazzaville. L'armée angolaise aide finalement Sassou-Nguesso à conserver le pouvoir.
En décembre 1999, un accord de paix est conclu entre toutes les factions armées. En 2002, Denis Sassou Nguesso est élu président de la République pour un mandat de sept ans.Il se maintient encore au pouvoir à l'issue du scrutin de juillet 2009.

La normalisation des relations avec le pasteur Ntumi, chef d’une milice dans le Pool (une région encore peu représentée au Parlement), de même que la réconciliation avec l’opposition en exil restent parmi les défis à relever pour un régime qui a laissé entrevoir une volonté de libéralisation, une fois la stabilité assurée.


Une économie « pétrolière »

Enjeu des guerres civiles qui ont déchiré le Congo, le pétrole, exploité depuis 1972, représente 60% de son PIB et plus de 85% de ses recettes d'exportation. En perte de vitesse à la fin des années 90, sa production a été relancée en 2004 avec la découverte de nouveaux champs pétrolifères. Avec plus de 100 millions de barils/an en 2009, le pays se place au 39e rang des producteurs mondiaux, 6e rang des pays producteurs d'Afrique centrale, derrière le Nigeria, l'Angola, la Guinée équatoriale, le Gabon et la République démocratique du Congo. En 2008, le PIB du Congo était de 10,7 milliards de dollars. 

Total-et-sassou.jpgRégulièrement dénoncées pour leur gestion opaque des recettes pétrolières, les autorités congolaises ont annoncé leur adhésion, en 2004, à l'Initiative pour la transparence des industries extractives (EITI). Le bois consitue la deuxième ressource naturelle du pays*. La population ne profite pas cependant des revenus générés par les secteurs pétroliers et forestiers : les deux tiers des 4 millions de Congolais vivent toujours en-dessous du seuil de pauvreté.  La dette extérieure du Congo (1,9 milliard de dollars) a été effacée en janvier 2010, après six années de dures négociations dans le cadre de l'initiative PPTE (pays pauvre très endetté).

 

Malgré cette bonne nouvelle, nombreux sont les Congolais qui pensent que le demi-siècle d’indépendance affiche un bilan quelque peu mitigé dans l’ensemble. L’opposition est d’avis que le bilan est largement négatif, un point de vue plus ou moins partagé par la société civile.

 

Ce que pensent les Congolais...

 

Joseph Bafoua Nsoni: Pourquoi ne devons-nous pas célébrer le cinquantenaire des indépendances africaines ?

Sommes-nous réellement  libres ? Non, alors pourquoi célébrer ce faux semblant de liberté

Je suis  sceptique face à la célébration avec faste par les pays francophones d’Afrique en particulier par le Congo Brazzaville du cinquantenaire des indépendances, j’estime que ces pays ne se sont pas encore libérés du joug colonial français surtout pas mon pays. Le président congolais Denis Sassou Nguesso n’est en réalité que le valet de l’Elysée.  « Nous n’avons pas à fêter (le cinquantenaire des indépendances) parce que nous ne sommes pas libres », tant qu’existera  la « Françafrique », une nébuleuse qui associe Franc-maçonnerie, Dzobi, indouisme, magie africaine, mafia politique, diplomatie parallèle, réseaux secrets et milieux d’affaires entre l’ancienne métropole et le continent…
« Les sommets Afrique-France et le choix des présidents africains par les Occidentaux démontrent bien que nous ne sommes pas indépendants économiquement et politiquement ».  « Le constat est clair, celui qui n’a pas d’attaches au sein du milieu politique français ne peut pas devenir président en Afrique francophone ».  « Il revient à notre génération de nous battre pour obtenir l’original, il est certain que personne ne viendra nous la donner si nous ne faisons rien, ». C’est par notre sang sinon le leur que nous devons conquérir notre liberté. 

Il prévoit d’organiser « une marche de l’Afrique » en France l’année prochaine dans le but d’éclairer les citoyens français, sur la politique que mènent en réalité leurs dirigeants sur le continent noir. 
Les (citoyens) français, avancent-ils, ne connaissent pas très bien le continent noir, donc « la vrai politique française » en Afrique leur échappe. « La marche de l’Afrique va consister à dénoncer cette situation et à expliquer à la population française comment l’Afrique est exploitée ». 
Je pense que si les citoyens Français s’associent à nous, les choses changeront positivement parce que les dirigeants occidentaux ont peur de l’opinion de leurs peuples.

  La joie d'un Congolais de la Diaspora

 

 

 

____________

* Le rapport 2007 de l'association Global Witness sur la filière forestière du Congo-Brazzaville.
et aussi : Le paradis perdu des diamants de la guerre (article RFI 13/8/2004)

*Félix Eboué : ancien gouverneur du Tchad et administrateur d'Afrique équatoriale française

 

Dossier : Satür le Fur !

Sources : Les 100 clés de l'Afrique. Philippe Leymarie et Thierry Perret. Co-édition Hachette Littératures/RFI. 2006.

République du Congo, cinquante ans de vie politique 1960-2010/ Les Éditions Hemar.
Indépendance du Congo 14 et 15 août 1960. Journal Officiel (Congo-Brazzaville)



 

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