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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 06:08

La Mauritanie a célébré, le 28 novembre le cinquantenaire de son indépendance nationale dans la sobriété.

Cinquante ans de souveraineté nationale, cela se fête allégrement. Mais à la différence de beaucoup de pays africains ayant célébré leur cinquantenaire à travers d'importantes activités ponctuées  de parades militaires, le pays de Mohamed Ould Abdel Aziz, actuel chef de l'Etat, a  voulu faire dans la sobriété. Une célébration qui fut  tout de même marquée par l’inauguration d'importantes infrastructures, tant dans la capitale Nouakchott que dans beaucoup de villes du pays.

cinquantenaire_logo_officiel.gifSelon le programme des festivités, une cérémonie de levée  des couleurs au Palais de la République, en présence d'officiels invités et du corps diplomatique étranger accrédité à Nouakchott; un colloque portant sur différents sujets de réflexion relatifs à la vie de la nation au cours des 50 années écoulées et aux perspectives d'avenir; des manifestations sportives, comme la finale de la première super coupe nationale et le premier tour cycliste de Nouatchott, ont constitué les temps forts de cette commémoration.Initialement inscrit au programme, le défilé militaire et civil n'a finalement pas lieu pour des raisons d'austérité budgétaire en ces temps de lutte contre la gabegie et aux risques d'attentat terroristes; la Mauritanie ayant enregistré une série d'attentats terroristes attribués à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui ont fait plusieurs dizaine de victimes.

A cette occasion le chef de l'Etat a décoré plusieurs personnalités du pays pour services rendus à la nation. Dans la soirée,  un dîner a  été offert  par le chef de l'Etat dans la cour du palais  avec une  réception  sous 13 tentes portant chacune le nom de l'une des wilayas du pays. Cette soirée  a été agrémentée de déclinaison de poèmes sur le thème de l'indépendance nationale sur fond de chants et  musique reflétant la diversité culturelle et artistique de la Mauritanie.

 

Message du président à la nation, la veille 

Le samedi, la veille, le chef de l'Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz, en costume et cravate,  s’est  adressé à la arton448.jpgnation à la télévision nationale. Il commence d'emblée, par rendre un vibrant hommage aux héros de la résistance nationale, ainsi qu'à tous les officiers, sous-officiers et soldats mauritaniens qui sont tombés sur le champ de l'honneur pour la défense du pays et de sa stabilité.

Un demi-siècle après l'accès à l'indépendance, la Mauritanie, comme la plupart des Etats africains, se trouve encore à un faible stade de développement.

Le président mauritanien a trouvé cela anormal : " Il est inconcevable, après un demi siècle, que notre pays soit encore à un stade aussi faible, alors qu'Allah l'a pourvu d'énormes richesses continentales, maritimes, en plus des crédits et des dons considérables dont il a bénéficiés " a déploré Mohamed Ould Abdel Aziz avant d'ajouter: "Ces multiples ressources, si elles avaient été exploitées rationnellement, auraient suffi à assurer les conditions d'une vie digne à l'ensemble de nos concitoyens, dont le nombre était inferieur à 3 millions d'habitants ".

Dans le cadre des relations du pouvoir avec la classe politique, le président  de la République a fait part de son attachement à l'esprit d'ouverture et de concertation. Il a exprimé l'entière disposition des pouvoirs publics à engager un dialogue franc avec les partis de l'opposition, qu'il a invités expressément, de manière engagée, à participer activement à l'œuvre de construction nationale.

L'autre question capitale que le président ne pouvait pas ne pas évoquer, est sans nul doute celle de la défense nationale et de la sécurité.  La Mauritanie,  comme la plupart des Etats de la bande sahélo-saharienne, se trouve engagée dans la lutte contre des islamistes d'aqmi.

 La coopération entre le Mali et la Mauritanie s'est davantage raffermie. On se souvient des incursions militaires de l'armée mauritanienne jusqu'au nord du Mali, plus précisément à Tombouctou, dans leur traque contre des  terroristes. L'armée mauritanienne a largement bénéficié d'une assistance de celle du Mali.

Dans son allocution, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a informé de la nécessité d'un renforcement des dispositifs militaires de l'armée mauritanienne " nos forces armées et de sécurité demeurent prêtes, en permanence, à défendre la souveraineté et l'intégrité de notre territoire et assurer la sécurité de tous nos concitoyens et celle des ressortissants de pays  frères et amis. Elles poursuivront avec détermination et fermeté la lutte contre toutes les formes d'extrémisme, de crime et de trafic de drogue " a-t-il insisté.

 

Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a inauguré une série d'infrastructures pour marquer l'événement 

Le  cinquantenaire de la Mauritanie fut de bout en bout marqué d'une série d'inaugurations. En effet, le jeudi 25 novembre, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a posé la première pierre du projet Guelb II dont l'objectif est l'augmentation de la production de la Société nationale industrielle et minière à 18 mille tonnes par an à partir de 2014. Volet financé à hauteur de 749 millions de dollars US.Ould002.jpg

La pose de la première pierre de cette infrastructure fut suivie de la supervision, par le chef de l'Etat mauritanien, du démarrage des travaux d'extension de l'hôpital de Zouerate. S'y ajoutent l'inauguration d'une unité de radiothérapie, l'ouverture de la station régionale de radio Mauritanie-Kaédi et la pose de la première pierre de la faculté de médecine. L'axe routier qui relie la route Nouakchott-Akjoujt à la moughataa de Toujounine, en passant par celle de Dar Naim, fut également inauguré.

Cet axe a été baptisé du nom de la route de la résistance en hommage aux groupes de résistants ayant fait preuve de bravoure en défendant l'intégrité territoriale de la Mauritanie.

 

28 novembre 1960 : indépendance de la Mauritanie

 

En novembre 1960, la merveilleuse parade des indépendances africaines touche à sa fin. Bien sûr, il reste la moitié du continent à libérer. Mais, on voit déjà émerger les discordes et les convoitises internes.

Comme la Haute-Volta, la Mauritanie a failli disparaître en 1932. Comme le Tchad, elle restée longtemps un territoire militaire, peu « mis en valeur », pour ne pas dire « pas du tout ». Or, c’est l’un des Etats les plus prestigieux du continent, le Maroc de Mohammed V, qui va expliciter ses convoitises sur la Mauritanie. Et voilà que s’engage une bataille juridique, mais aussi mémorielle, culturelle et politique, dont la Mauritanie va sortir victorieuse grâce à l’avocat Moktar Ould Daddah, reconnu depuis comme le « Père de l’Indépendance »

 

Cinquante années d'une indépendance tourmentée


Les cinquante années d'indépendance de la République islamique de Mauritanie ont été marquées par des changements de pouvoir issus de coups de force plutôt que des urnes. Des frontières improbables et une société aux composantes antagonistes ont alimenté ces changements. Dans la dernière décennie, la Mauritanie a connu deux coups d'Etat dont le plus important reste celui qui mit fin en 2005 à 20 ans de pouvoir du président Maaouiya Ould Taya. Aujourd'hui doté d'un président élu, le pays a de nombreux défis à relever, dont celui posé par la présence de l'AQMI sur son territoire.

Au XIème siècle, l'empire du Ghana s’étend du delta du Sénégal à la Boucle du Niger et de l'Adrar (coeur de la Mauritanie) au Bambouk (entre Sénégal et Mali). Il inclut Aoudaghost et Oualata, centres caravaniers des Berbères sanhadja qui prospèrent depuis le IIIème siècle avec le commerce transsaharien. Convertis à l’islam, ceux-ci appuient la progression almoravide pour faire tomber l’empire. La pénétration des arabes Hassan, du XIIIe au XVIe siècle, aboutit à la formation d’émirats.

Le comptoir de Saint-Louis, établi par les Français en 1659, détourne le commerce transsaharien dont celui de la gomme arabique et le général Faidherbe impose la souveraineté française dans la région en 1858. Rattachée à l’Afrique occidentale française (AOF), la Mauritanie devient colonie française en 1920.


Nouakchott est créée peu avant l’indépendance, proclamée le 28 novembre 1960. Le Maroc, qui a des prétentions sur le sol mauritanien, ne reconnaît le nouvel Etat qu’en 1970, et trois ans après, la Mauritanie intègre la Ligue arabe. Quand l’Espagne quitte le Sahara espagnol en 1976, Maroc et Mauritanie revendiquent son territoire. La résistance autonomiste menée par le Front Polisario fragilise le régime mauritanien, qui ne peut contrôler les actions de la rébellion et se voit soumis aux pressions du Maroc. Le 10 juillet 1978, l’armée chasse le président Moktar Ould Daddah, après dix-huit ans de régime civil. En 1979, la Mauritanie officiellement renonce au Sahara occidental.

000_ARP2622012_0.jpgAprès une période de tensions internes au sein du Comité de salut national issu du coup d'Etat de 1978, le colonel Mohamed Khouna Ould Haïddallah prend les rênes du pouvoir. Il promulgue la charia. Deux ans plus tard, son Premier ministre, le renverse et instaure un régime fort. Il doit faire face à une série de violences. Sur fond de tensions communautaires internes dont l'origine remonte aux années 60*, un conflit éclate avec le Sénégal, suscité par un incident entre agriculteurs et éleveurs. Il dégénère avec des représailles exercées dans les villes du Sénégal contre la communauté maure, très présente dans le petit commerce. La Mauritanie réplique par des exactions de grande amplitude contre la communauté négro-africaine. La «guerre» Sénégal-Mauritanie se greffe sur un vieux différend frontalier et traduit surtout les convoitises autour de la mise en valeur de la région du fleuve, qui a bénéficié, après les sécheresses des années 1970, de vastes aménagements hydro-agricoles (construction de grands barrages). Des dizaines de milliers de négro-africains sont spoliés de leurs biens et forcés à l'exil.

Emportée dans le mouvement général de revendication pour le multipartisme, la Mauritanie libéralise à partir de 1991 sa vie politique, mais laisse peu d'espace à l’opposition naissante, qui oscille entre boycott et participation aux élections.

Maaouiya Ould Taya, élu en 1992, est réélu en 1997 puis en 2003. Aux prises avec de nombreuses luttes d’influences entre groupes «baasistes» (ou baathistes) et «nassériens»**, le pays se range aux côtés de l’Irak pendant la guerre du Golfe, ce qui accentue son isolement international après la crise avec le Sénégal. Il s’efforce ensuite de renouer avec le camp occidental et rompt en 1999 avec l’idéologie baathiste avant de reconnaître Israël, et se retrouve dans le camp du soutien aux Etats-Unis lors de la guerre d’Irak***.

Ce positionnement est la source de nouvelles tensions, en particulier avec les mouvements islamistes, visés par des vagues d’arrestations. 

En juin 2005, la guérilla algérienne du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) attaque une unité de l'armée mauritanienne au nord-est du pays. L'évènement précipite la chute du président Ould Taya, renversé «à la mauritanienne», sans effusion de sang, le 3 août.

Le coup d’Etat, condamné par la communauté internationale, a le soutien de la classe politique et de la population. Un Comité militaire, présidé par l’ancien chef de la sécurité, le colonel Ely Ould Mohammed Vall, annonce sa volonté de favoriser le retour à un régime civil et met en place un gouvernement de transition. On constate un apaisement : plusieurs dizaines de prisonniers sont libérés et des opposants au régime déchu rentrent d’exil. Un référendum sur la Constitution est organisé en juillet 2006 qui limite à deux le mandat présidentiel.

Conformément à ses engagements, le colonel Ely Ould Mohammed Vall ne se présente pas à l'élection qu'il organise l'année suivante. Mais, dans l'ombre, les militaires ont choisi leur candidat : Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Il sera élu au second tour en mars 2007. Toutefois, le 6 août 2008, celui-ci est renversé par un nouveau coup d'Etat, dont l'auteur est son chef d'Etat-major particulier, le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Débute une période de transition au cours de laquelle le général consacre la rupture avec Israël, Etat qui possèdait une ambassade à Nouakchott depuis 1999. Ce geste ne suffit pas à empêcher de nouvelles attaques et prises d'otages des islamistes de l'AQMI. 

Depuis 2003, les terroristes multiplient les actions: enlèvements, meurtres de civils occidentaux et attaques sanglantes d'unités de l'armée mauritanienne. Les mesures prises par les gouvernements successifs ne parviennent pas à contenir la menace que représentent les groupes armés.

Mohamed Ould Abdel Aziz est élu au premier tour de la présidentielle, en juillet 2009.

 

Les grandes dates de l’histoire politique

 

Pendant 17 ans, l’histoire de la Mauritanie s’est confondue avec celle de Moktar Ould Daddah, le père de l’indépendance. Mais la démocratie a été bien malmenée dans ce pays, balloté au rythme des nombreux coups d’État militaires, réussis ou avortés, qui ont émaillé la vie des Mauritaniens de 1978 à 2008.

1920 : La Mauritanie rejoint  l’Afrique occidentale française (AOF). Elle est administrée depuis Saint-Louis au Sénégal.

27 octobre 1946 : Avec la promulgation de la IVe Constitution qui crée l'Union française, la Mauritanie devient un territoire d'Outre-mer. Le 10 novembre, Horma Ould Babana est le premier député mauritanien à entrer à  l'Assemblée nationale française.

Juin 1957 : Le premier Conseil de gouvernement, tenu sous la tente, se prononce pour le transfert du chef lieu de Saint-Louis à Nouakchott. Le décret est signé par la France le 27 juillet.

28 septembre 1958 : Le oui à l'intégration à la Communauté française l’emporte largement lors du référendum. La Mauritanie devient une république autonome. Le Maroc revendique officiellement la Mauritanie.

28 novembre 1960 : À Nouakchott, Moktar Ould Daddah, alors président du gouvernement provisoire, proclame l’indépendance de la République islamique de Mauritanie.

5 juin 1961 : La  nouvelle Constitution instaure un régime de type présidentiel. Deux mois plus tard, Moktar Ould Daddah est élu premier président de la Mauritanie. Après avoir formé un gouvernement d’union nationale avec le principal parti d’opposition, il parvient à fondre les quatre plus grandes formations politiques en un parti unique, le parti du peuple mauritanien (PPM), qui deviendra officiellement le seul parti autorisé quatre ans plus tard. En octobre, la Mauritanie devient le 103ème membre de l’ONU, un an après avoir vu sa candidature refusée, l’URSS ayant opposé son veto.

 Mais quelles étaient les motivations qui avaient poussé l'Union soviétique à opposer son veto à notre admission ? Il y en avait deux, l'une circonstancielle, la moins importante, était la pression des États solidaires du Maroc; l'autre, la seule déterminante, procédait de la volonté de l'URSS qui, jusque là, avait échoué, dans ses nombreuses tentatives de faire entrer la République de Mongolie aux Nations unies. (...) Sa délégation à New York fit à nos amis le marchandage machiavélique suivant: je laisse entrer la Mauritanie à l'Organisation si Formose retire son veto à l'admission de la Mongolie.

 

Moktar ould Daddah dans "La Mauritanie contre vents et marées"

Février 1966 : Suite au vote d'une loi sur l’arabisation de l’enseignement secondaire, des troubles opposent les communautés noires et maures. Les établissements resteront fermés jusqu'à la fin de l'année scolaire.

7 août 1966 : Moktar Ould Daddah est élu président de la république pour un deuxième mandat.

26 septembre 1969 : À l'issue d'une rencontre avec Moktar Ould Daddah, Hassan II reconnait officiellement la Mauritanie, neuf ans après son indépendance.

9 août 1971 : Moktar Ould Daddah est élu président de la République pour un troisième mandat.

1973 : La Mauritanie sort de la zone franc et une monnaie nationale est crée, l’Ouguiya. Le pays adhère à la Ligue arabe.

28 novembre 1974 : La MIFERMA, la société anonyme des mines de fer de Mauritanie*, est nationalisée et devient la Société nationale industrielle et minière (SNIM).

1975 : Fin mai, l’Espagne annonce son retrait du Sahara occidental. Le 14  novembre, le traité de Madrid aboutit, en accord avec l’Espagne, à un partage du territoire de l'ancienne colonie entre le Maroc et la Mauritanie. La Mauritanie est déclarée souveraine sur la partie méridionale du Sahara occidental. En décembre, le Polisario** qui revendique l'indépendance de ce territoire, lance des raids sur la Mauritanie. Le mois suivant, en janvier 1976, l’armée mauritanienne prend possession de la région de Dakhla et en fait sa 13e région, renommée Tiris el-Gharbia.

8 août 1976 : Moktar Ould Daddah est élu président de la République pour un troisième mandat.

10 juillet 1978 : Dans un contexte de crise suscité par la guerre avec le Polisario et les difficultés financières qui en résultent, accentuées par une période de sécheresse qui décime le bétail, Moktar Ould Daddah est déposé par un coup d’État. Le Comité militaire de redressement national (CMRN) dirigé par le lieutenant-colonel Mustapha Ould Saleck, placé quelques mois plus tôt à la tête de l’armée par le président Daddah, prend le pouvoir. Après 14 mois d’emprisonnement, Moktar Ould Daddah est libéré sous la pression internationale mais contraint à l’exil.

 

1979 : Le Comité militaire de salut national (CMSN) remplace le CMRN et le lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif qui en est le vice-président devient Premier ministre. Mais le mois suivant, Ahmed Ould Bouceif meurt dans un accident d’avion. Le lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdallah, futur putschiste, lui succède comme Premier ministre. En juin, Mustapha Ould Saleck démissionne de la présidence du CMSN, il est remplacé par Mohamed Mahmoud Ould Louly.

 

5 août 1979: La Mauritanie signe l’accord d'Alger avec le Front Polisario : elle renonce ainsi à sa souveraineté sur le Tiris el-Gharbia, aussitôt annexé par le Maroc.

 

4 janvier 1980 : Mohamed Mahmoud Ould Louly est destitué par le lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdallah. Mohamed Khouna Ould Haïdallah instaure la charia. L’esclavage qui avait été déclaré illégal en 1960 et 1966, sans effet, est officiellement aboli. Mais cette abolition ne sera appuyée d’une loi criminalisant cette pratique qu’en 2007.

 

16 mars 1981 : Le parti d’opposition Alliance pour une Mauritanie démocratique (AMD) tente un coup d’État, il échoue. La Mauritanie, qui accuse le Maroc d’avoir soutenu la tentative de l’AMD, rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc.

12 décembre 1984
: Le colonel Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, ancien Premier ministre et ministre de la défense, alors chef d’État major des armées et président du Comité militaire de salut national, profite d’un voyage de Mohamed Khouna Ould Haïdallah pour faire un coup d’État, sans effusion de sang.

 

 Septembre 1986 : La parution d’un Manifeste du négro-africain opprimé  dénonçant un «apartheid» entre Maures et Négro-Mauritaniens suscite des troubles ethniques. Accusés«d’atteinte à l’unité nationale», plusieurs dizaines de personnes dans les milieux négro-africains sont arrêtés.***

 

Octobre1987: Les autorités dénoncent un complot d’officiers noirs du FLAM (Forces de libération des africains en Mauritanie). 51 personnes sont inculpées, trois officiers sont condamnés à mort et exécutés, 18 reçoivent une peine de travaux forcés à perpétuité. C’est la dernière fois que la peine de mort est appliquée en Mauritanie.

 

1989-1991 : En février, à la suite d’un incident à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, de violents affrontements éclatent entre Mauritaniens et Sénégalais, mais aussi entre nationaux maures ou négro-africains. De violentes émeutes anti-mauritaniennes ont lieu Dakar, à l’image des répressions anti-sénégalaises qui ont lieu côté mauritanien, provoquant l’exode et l’expulsion de dizaine de milliers de personnes. Selon les organisations des droits de l’homme, plusieurs centaines de personnes trouvent la mort, et notamment dans les rangs de l’armée, qui exerce entre 1990 et 1991 une sanglante répression contre ses éléments négro-mauritaniens.
La rupture des relations entre Nouakchott et Dakar, symbolisée par la fermeture de la frontière, durera jusqu’en 1992. Débuté en janvier 2008, le rapatriement des réfugiés du Sénégal en Mauritanie a atteint les 20 000 personnes en novembre 2010.

 

20 juillet 1991 : Une nouvelle Constitution instaure le multipartisme (à l’exception des partis islamistes) et la liberté de la presse.

 

24 janvier 1992 : Maaouiya Ould Taya est élu président avec 62% des suffrages; son parti, le Parti républicain démocratique et social (PRDS) remporte les législatives. Des élections à la régularité contestée par l’opposition.

 

1994 : LaConfédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM) est la première centrale syndicale indépendante à être officiellement reconnue.

 

1997 : Cinq partis d’opposition, dont l’Union des forces démocratiques (UFD) d’Ahmed Ould Daddah, créent un front uni de l’opposition mais boycottent l’élection présidentielle de décembre, remportée par le président Taya avec plus de 90% des voix.

1999
: La Mauritanie est le troisième pays arabe, derrière l’Égypte et la Jordanie, à nouer des liens diplomatiques avec Israël. Une ambassade israélienne est ouverte à Nouakchott.****

 

2000 : Le parti d'Ahmed Ould Daddah, l'Union des forces démocratiques (UFD-Ere nouvelle) est dissous en octobre. Le 9 décembre, Ahmed Ould Daddah est emprisonné, il est libéré 3 jours plus tard.

 

2001 : Le régime de Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya s’assouplit : 6 nouveaux partis sont reconnus. En juillet, l'ancien président Moktar Ould Daddah est de retour à Nouakchott après 23 ans d'exil. Il décède en octobre 2003. En septembre, la visite de Mohamed VI qui a succédé en 1999 à son père Hassan II à la tête du Royaume du Maroc marque un tournant dans les relations entre les deux pays, jusqu’alors très houleuses.

 

2002 : Le parti Action pour le changement de Messaoud Ould Boulkheir, qui milite pour les droits des Noirs et des anciens esclaves est interdit.

 

8 juin 2003 : Les troupes loyales au président Maaouiya Ould Taya parviennent à reprendre le contrôle de la capitale après de violents combats contre des soldats putschistes, surnommés «Les Cavaliers du changement» et menés par l’ancien commandant de la garde nationale, Saleh Ould Hannena et l’officier Mohammed Ould Cheikhna. Le bilan officiel est de 15 morts et une dizaine de blessés. En novembre, Ould Taya est réélu avec 67% des voix. L’opposition dénonce des fraudes.

 

9 août 2004 :  Ould Taya annonce avoir déjoué une nouvelle tentative de coup d’État des Cavaliers du changement. Plusieurs officiers de l’armée sont arêtés. Le 25 septembre, le capitaine Abderhamane Ould Mini, l’un des cerveaux présumés du 8 juin 2003, est emprisonné. Ce qui n’empêche pas une nouvelle annonce de coup d’État raté, 3 jours plus tard, suivi par une nouvelle série d’arrestations, dont celle de Saleh Ould Hannena, condamné avec Ould Mini à perpétuité.

 

Avril 2005 : Une cinquantaine d’arrestations vise les milieux islamistes accusés de planifier des actions terroristes avec des djihadistes liés au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Le GSPC revendique justement une attaque sanglante perpétrée le 4 juin contre la base militaire de Lemgheity au nord-est de la Mauritanie.

 

3 août 2005 : Le président Ould Taya est renversé par un Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) présidé par le colonel Ely Ould Mohamed Vall, un des plus anciens compagnons de route d’Ould Taya et son directeur de la Sûreté pendant 18 ans. Le coup d'État se déroule sans effusion de sang, les putschistes ayant profité de l’absence du président, en déplacement en Arabie saoudite pour les obsèques du roi Fahd. La junte revendique un pouvoir de deux ans pour préparer des élections démocratiques.

 

2006 : En avril, Ely Ould Mohamed Vall autorise le retour d’Ould Taya, exilé au Qatar. Mais celui-ci n’est jusqu’à ce jour jamais rentré en Mauritanie. En juin, une réforme de la Constitution limitant le mandat présidentiel est approuvée par référendum.

 

25 mars 2007 : Sidi Ould Cheikh Abdallahi est le premier civil à être démocratiquement élu président de le République depuis 30 ans. Conformément à ses engagements, le colonel Ely Ould Mohamed Vall ne s’est pas présenté. En avril, l’Union Africaine réintègre la Mauritanie, momentanément exclue après le coup d’État de 2005. Des membres du parti islamique modéré rejoignent pour la première fois le gouvernement en mai 2008.

 

6 août 2008 : Suite au limogeage d' importants officiers du pays, les militaires conduits par le général Mohamed Ould Abdelaziz, chef du bataillon chargé de la sécurité présidentielle déposent le président Abdallahi. Il sera libéré après 4 mois et demi d’assignation à résidence. Les principaux partis d’opposition, hormis le RFD d’Ahmed Ould Daddah, partis d’opposition se réunissent immédiatement en un Front national de défense de la démocratie  (FNDD) opposé au coup d’État.

 

2009 :  En avril, Mohamed Ould Abdelaziz cède le pouvoir pour pouvoir se présenter à l'élection présidentielle annoncée au début de l'année par la junte. Un accord est signé à Dakar entre les représentants de la junte et de l’opposition pour préparer les futures élections. Le 18 juillet, Mohamed Ould Abdelaziz, qui a fait campagne en se présentant comme le president des pauvres, est élu au premier tour contre 8 autres candidats avec plus de 52% des voix. Ses opposants dénoncent un coup d’État électoral et fonde quelques mois plus tard une Coordination de l’opposition démocratique, qui inclut le RFD.

 

 

Nouakchott, les défis d’une capitale sortie des sables

 

Le 28 novembre 2010, la Mauritanie fête le cinquantenaire de son indépendance. Mais le 28 novembre 1960, alors que Moktar ould Daddah proclame la naissance de la République Islamique de Mauritanie, les frontières du pays sont encore fragiles. Jusqu’en 1959, le Sénégal a eu des vues sur la rive droite du fleuve Sénégal. Le Maroc, lui, ne renoncera à ses revendications sur la Mauritanie qu’en 1969. Il faut dire que le pays colonisateur n’a pas vraiment mis en valeur ce territoire, qui est d’ailleurs géré depuis Saint Louis. Créer une capitale en terre mauritanienne est donc le premier acte fondateur de la République Islamique de Mauritanie, 3 ans avant son accession à l’indépendance : cette capitale, ce sera Nouakchott.

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En juin 1957, le Conseil de gouvernement mauritanien prend sa première décision : rapatrier son chef-lieu, jusqu’alors établi à Saint-Louis au Sénégal*, sur son sol. Créer une capitale en terre mauritanienne est donc le premier acte fondateur de la République islamique de Mauritanie, trois ans avant l’indépendance : cette capitale sera Nouakchott.

Alors même qu’elle est choisie pour être capitale, Nouakchott n’est pas encore une ville. C’est «une dune où n’existent que quelques arbustes rabougris ensevelis sous le sable fin» écrit Moktar ould Daddah, premier président du pays, dans ses Mémoires**. Seule population : quelques centaines d’âmes regroupées autour d’un ancien poste militaire. Alors pourquoi ériger la capitale ici ? «Moktar avait une obsession : créer une capitale qui soit le symbole de l’État à naître», explique sa femme, Mariem Daddah. «Nouakchott, en plus de sa position littorale qui permettait de créer un port et de son climat clément, avait un atout majeur : sa position géographique, au carrefour du nord, majoritairement peuplé de Maures, et du sud, où vivent essentiellement des Négro-mauritaniens. Idéale pour incarner l’unité nationale

La pose de la première pierre, le 5 mars 1958, fonde donc à la fois la ville et l’État. Tout reste à construire.

 

La «ville pancartes» 

«On surnommait Nouakchott la ville pancartes» raconte Mohamed Ali Chérif, ancien secrétaire d’État à la NouakchottavenueAbdelNasser_0.jpgprésidence, «parce que de grandes pancartes indiquaient qu’il y aurait ici une mosquée, là un ministère, mais rien n’était encore bâti».

Quand elle arrive à Nouakchott en janvier 1959, Mariem Daddah, la jeune parisienne, doit vivre quelques temps sous la tente car la «villa» de son mari, alors président du gouvernement provisoire, n’est pas encore terminée. Le Libanais Georges Nassour achète sans le voir un terrain sur le seul goudron en construction, pour découvrir «une crête de dune, que j’ai réussi à aplanir en offrant du sable à des voisins installés, eux, dans le creux d’une dune.» Georges Nassour, alors transporteur, participe au déménagement des fonctionnaires de Saint-Louis à Nouakchott. Certains trainent les pieds, et pour cause.


Pionniers des sables

«Nous étions un peu des pionniers» explique Mariem Daddah «l’eau venait en camion de Rosso, les générateurs d’électricité étaient capricieux, il y avait de terribles vents de sable et il fallait aimer la nourriture traditionnelle : zrig [lait de chamelle, NDLR] et viande de mouton». Quant à Moktar ould Daddah, il parcourt les pistes en 2CV et reçoit ses visiteurs dans un bureau qui n’offre que deux places assises.

En 1959, lorsque le président Charles de Gaulle vient visiter le site de la première pierre... catastrophe : il n’y a pas de lit assez grand pour lui, et pas de magasin, bien sûr, où en acheter. La représentation française doit en faire venir de Saint-Louis.

En 1960, une quarantaine de villas ont finalement été bâties ainsi que des immeubles à étages pour les fonctionnaires. «À l’entrée des ministères, on peut lire "Défense de venir causer " et il n’est pas rare de trouver une chèvre dans un couloir» se souvient Mohamed Mahmoud ould Weddady, un des premiers reporters de Radio Mauritanie. «Nous enregistrions nos émissions dans un garage avec un émetteur laissés par les Américains à Atar pendant la guerre, en 1940».

 

Le symbole de l’indépendance 

À  l’approche de l’indépendance, Nouakchott est une petite ville administrative d’environ 5000 habitants, tout le 000_SAPA990129175910_0.jpgmonde se connait. Les sorties, ce sont des dîners entre amis, des jeux de damiers sous la tente.
Le 28 novembre 1960, faute de bâtiment «en dur» assez grand, c’est dans un hangar, construit pour l’occasion, que Moktar ould Daddah proclame l’indépendance. «Senghor, Houphouët-Boigny, tous nos hôtes ont dormi dans les appartements des fonctionnaires qui venaient d’être terminés…on peut dire qu’ils ont essuyé les plâtres» plaisante Mariem Daddah, avant d’ajouter, plus grave, «mais ce dénuement ne faisait que nous rappeler l’ampleur de la tâche qui était devant nous pour bâtir cette ville et ce pays». Et Moktar ould Daddah de dédier les derniers mots son discours d’indépendance à la capitale nouvelle, «symbole de la volonté d’un peuple qui a foi en son avenir

 

Nouakchott, une mémoire en péril

La cour qui jouxte l’actuel palais de la présidence est un haut lieu historique : on y trouve la première pierre de Nouakchott, le hangar où a été proclamée l’indépendance et le premier palais présidentiel. Ce dernier a été globalement préservé dans sa forme d’origine. Ce n’est pas le cas du hangar, entièrement modifié pour accueillir les archives nationales. Seule l’estrade sur laquelle s’est tenu Moktar ould Daddah en 1960 subsiste, uniquement parce qu’elle est en béton, semble-t-il. Quant au monument de la première pierre, il est écrit dessus, à la main : 24/04/1958. Une date erronée, puisqu’elle fut posée le 5 mars 1958. Cette erreur symbolise bien le manque d’attention prêtée aux premiers monuments de la ville. Pourtant classé patrimoine culturel, le premier bureau du président Moktar est actuellement habité tout comme la villa qui a abrité Radio Mauritanie à ses débuts, dont une partie est occupée par une boutique. Toutefois, une conscience de l’importance de préserver ces lieux de mémoire émerge peu à peu. En avril 2009, des voix se sont élevées pour dénoncer la destruction des «blocs manivelles», parmi les tout premiers bâtiments construits. Un précédent qui devrait bénéficier au marché capitale. Saturé et délabré, il est devenu dangereux. Mais la Communauté urbaine assure qu'elle a des idées pour préserver le site : une fois les activités délocalisées, la structure historique, restaurée, pourrait par exemple être reconvertie en marché des arts.

Enfin, le gouvernement actuel a fait un geste de mémoire significatif, en baptisant une avenue «Moktar ould Daddah ».

* Devenue colonie en 1920, la Mauritanie, ainsi appelée depuis la conquête française de l’intérieur du pays, est rattachée à l’Afrique occidentale française. Elle est administrée depuis Saint-Louis, conjointement avec le Sénégal (colonie de Mauritanie-Sénégal).
** La Mauritanie contre vents et marées. Ed. Karthala. 2003

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 Source: Les 100 clés de l'Afrique, Philippe Leymarie et Thierry Perret, Hachette Littérature/RFI, 2006

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*En 1960, l'enseignement de l'arabe est introduit dans le cycle primaire. En 1964, le gouvernement décide d'introduire les notes d'arabe dans le calcul de la moyenne générale pour le passage en classe supérieure et en 1966, rend l'étude de l'arabe obligatoire dans l'enseignement secondaire. La réaction des Négro-mauritaniens ne se fait alors pas attendre : les élèves des ethnies noires, soutenus par les rédacteurs du fameux Manifeste des 19 dénonçant le racisme du régime et sa volonté d'arabiser le pays, déclenchent un mouvement de grève dans les lycées qui dégénère en violents conflits raciaux. (La longue marche de l'arabisation en Mauritanie. Ambroise Queffelec et Bah ould Zein)
** voir la définition du nasserisme sur le blog de l'lnstitut tunisien des relations internationales.
*** The Gulf War, documents (en anglais) sur le site de l'émission Frontline télévision publique américaine, PBS.

 

* La société anonyme des mines de fer de Mauritanie, MIFERMA, a été créée en février 1952. Jusqu'à l'Indépendance, elle se contente, faute de moyens financiers, de prospecter. Ce n'est qu'après l'injection de nouveaux capitaux qu'elle débutera l'exploitation en 1963. Elle regroupe des intérêts français, britanniques, italiens, et allemands (RFA). Les anciens de la MIFERMA de Ouerate ont créé un site Internet.
** À propos du Sahara occidental, voir reportages RFI du 11 au 15 mars 2008.
*** Un film Le Cercle des Noyés témoigne de la répression contre les négro-mauritaniens.
**** Elle sera fermée le 1er février 2008, après une attaque armée.

 

Par RFI Alain Foka  Laura Martel  Elikia M'Bokolo


 

Ce que pensent les Maures...

 

Les FLAM livrent un bilan sombre du cinquantenaire des indépendances en Mauritanie et en Afrique

Les Forces de Libération Africaine de Mauritanie (FLAM), un mouvement le l'opposition extérieure, livrent un bilan négatif  de 50 ans d'indépendance en  Mauritanie et  en Afrique, dans une déclaration parvenue à Sahara Médias mercredi, 3 jours avant la célébration du cinquantenaire, prévue pour le dimanche 28 novembre prochain.

Trait d'union entre   l'Afrique au Nord et au Sud du Sahara, la Mauritanie est présentée par le communiqué  de presse des camarades du Kaw Touré comme "un miroir brisé, un morceau hybride" qui n'échappe pas  "à la sombre caractérisation générale du continent, avec des indépendances
ratées,par la faute de dirigeants politiques nationaux" qui ne cessent de tirer leurs pays vers le bas du classement à l'échelle du globe.

Résultat:  le cinquantenaire des indépendances africaines "rime généralement avec régression et répression" et "renvoie à l'image d'une Afrique marginalisée, croulant sous le poids de la dette et écrasée par des rapports commerciaux inégaux, impitoyables et iniques" et  aux quels sont  venues s'ajouter "la mal gouvernance, la corruption, le pillage des ressources nationale et la discrimination ethnique".
Fondées en 1983, les  FLAM sont classées dans la mouvance nationaliste négro africaine


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