Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 14:46

Affiche Séance d'info 4La dernière séance d'information a tenue toutes ses promesses. Les étudiants et la communauté africaine de Poitiers se sont massivement déplacés pour apporter leur modique contribution à la réalisation de ce projet phare de l'année 2010.
AFRICA 2010 a désormais les plumes légères pour s'envoler dans le ciel de Poitiers et rapporter les rayons de soleil africain aux Poitevins.

Comme annoncé, l'ambiance était détendue et  les échanges très riches.  L'équipe d'organisation a fait le point des préparatifs et donner un avant-goût des manifestations qui meubleront le festival.
Tour à tour Saturnin, Etienne , Yao, Henri - Joel et Félix  ont présenté les missions déjà accomplies et les attentes. Des bénévoles se sont annoncés pour accompagner l'équipe et l'amener au succès attendu le soir du 3 avril.

L'oeil de chabin

Partager cet article
Repost0
5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 16:02

Jonathan.jpg

Dans l'enceinte du palais présidentiel, au Nigeria, deux présidents coexistent sans se rencontrer. L'un, Umaru Yar'Adua, élu en 2007, est peut-être en vie. L'autre, Goodluck Jonathan, son vice-président, est peut-être au pouvoir. Les deux hommes ne risquent pas de se parler. Le président Yar'Adua, dont l'état de santé a exigé une évacuation d'urgence vers l'Arabie saoudite en novembre 2009, est demeuré invisible pendant quatre-vingt-treize jours. Il a été rapatrié par ses proches, loin des regards extérieurs, dans la nuit du 24 février.

Yar`Adua2

23 novembre 2009. Umaru Yar'Adua, le président en exercice âgé de 58 ans, est hospitalisé en Arabie saoudite pour des problèmes cardiaques. Il est rentré au Nigeria le 24 février mais n'a toujours pas été vu en public. C'était sa cinquième hospitalisation depuis son élection en 2007.


9 février 2010. La gestion par intérim de l'Etat est confiée au vice-président Goodluck Jonathan.


Janvier 2011. C'est la date à laquelle il est prévu que soit organisée l'élection présidentielle, au terme du mandat

du président Yar'Adua. Le candidat du parti au pouvoir sera originaire du Nord.

Depuis, à part un cercle de familiers, nul ne l'a approché. Aucune visite n'est tolérée dans l'aile qu'il occupe au palais d'Aso Villa. Dans l'autre aile, Goodluck Jonathan, auquel la gestion par intérim de l'Etat a été confiée par le Parlement, le 9 février, au terme d'une lutte d'influence qui a affaibli les institutions, tente d'imposer son autorité sur le huitième exportateur de pétrole mondial.


Alors que les proches de M. Yar'Adua tentent par tous les moyens d'empêcher le vice-président de prendre le pouvoir de manière irréversible, tous les ennemis, en politique et en affaires, du président se sont ralliés à Goodluck Jonathan. Jeudi 4 mars, une trêve était signalée entre les deux camps, relevée avec soulagement par les Etats-Unis. M. Jonathan a promis d'organiser des "élections sans violence" en 2011. Pour éviter que l'armée tranche le différend entre les deux groupes en s'emparant du pouvoir, le Parti démocratique du peuple (PDP), auquel appartiennent les deux hommes, avait décidé l'avant-veille que les élections générales seraient avancées au mois de janvier, et que le candidat serait du Nord, d'où est originaire Umaru Yar'Adua.


Le Nigeria, avec ses 152 millions d'habitants, ses trente-six Etats, gagne une forme de sursis, alors que les attaques des groupes armés rebelles ont repris dans la région pétrolière du delta du Niger. Le pays ne produisait, fin février, que 1,9 million de barils par jour, contre 2,5 millions en 2005. Jeudi, le Conseil conjoint révolutionnaire (JRC), un groupe armé, a revendiqué le sabotage d'un pipeline.


De Goodluck Jonathan, originaire du delta, on espère qu'il saura remettre sur les rails le processus de paix avec les militants de la région. Mais qu'adviendra-t-il des deux réformes de fond auxquelles M. Yar'Adua s'était consacré : nettoyage du secteur bancaire et refonte du secteur pétrolier ? Dans les milieux pétroliers, on attend avec anxiété de voir se constituer l'équipe de M. Jonathan.


L'un des aspects de la réforme, telle que l'envisageait le président Yar'Adua, était d'augmenter les taxes des compagnies pétrolières internationales. La vice-présidente de Shell pour l'Afrique, Ann Pickard, a averti que, selon ses calculs, cela se traduirait par "50 milliards de dollars en perte d'investissements (dans le secteur pétrolier nigérian)". Face à ces enjeux, Goodluck Jonathan sera-t-il de taille ? Un homme d'affaires du secteur pétrolier qui a traité avec les deux présidents n'en est pas certain : "Goodluck, c'est un suiveur. Il ne veut fâcher personne."


Au Nigeria, pays flamboyant où la politique se mène habituellement comme une guerre et où les présidents se distinguent dans l'exceptionnel - fortes personnalités ou tyrans fantasques -, M. Jonathan semblait programmé pour rester professeur de zoologie. A 57 ans, le voici président virtuel du Nigeria, chargé de pousser dehors M. Yar'Adua, héritier d'une grande dynastie aristocratique du nord du pays. Seules les circonstances, et les erreurs des autres, lui ont permis de voir briller sa pâle étoile, en dépit d'un prénom prédestiné. Fils d'un fabricant de pirogues qui croyait au destin, Goodluck ("bonne chance") avait également été surnommé Azikiwe, du nom du premier président du Nigeria.


Le rêve a mis du temps à prendre forme. Goodluck Jonathan ne s'est pas mêlé de politique au temps des dictatures militaires ou des périodes incandescentes de la démocratie nigériane. La guerre civile du Biafra était terminée, le boom pétrolier battait son plein, M. Jonathan est devenu zoologue avant d'entrer dans l'organisme de développement du delta, la région pétrolifère dont il est originaire.


En 1999, lors du retour à la démocratie, il fait son entrée en politique. Colistier d'un puissant homme politique local de l'Etat de Bayelasa, dans le delta, il devient vice-gouverneur, puis gouverneur lorsque son parrain est arrêté dans le cadre d'affaires de corruption et de blanchiment. Personne ne le connaît, mais il a déjà imposé son genre modeste : Borsalino, sourire en toutes circonstances, prières en abondance.

Son épouse, Patience, est compromise dans un petit scandale de corruption ? L'affaire glisse sur lui comme de l'eau sur ses tenues amidonnées. En 2007, il faut un homme tranquille pour constituer un ticket présidentiel. Le président Olusegun Obasanjo, qui n'a pu braver la Constitution et se présenter une troisième fois, compte installer des hommes dociles à la tête du Nigeria, pour exercer son influence en coulisse. Umaru Yar'Adua, dont on connaît les problèmes de santé, devrait faire l'affaire. Comme colistier, pourquoi pas "l'inoffensif" Goodluck Jonathan ?


Les deux hommes sont élus. Mal, avec fraudes et violences. Puis M. Yar'Adua surprend désagréablement son parrain et ses alliés. La lutte anticorruption vise des responsables proches de M. Obasanjo. Douze anciens gouverneurs, trois ministres, sont poursuivis. La propre fille de M. Obasanjo, la sénatrice Ibayo Obsanjo-Belle, est arrêtée, relâchée, puis envoyée devant un tribunal. Dans son sillage, Goodluck JonathaGuardian nigérian : "Il a fait partie de l'administration pendant les trente derniers mois, il sait où les corps sont enterrés." fait son apprentissage. Comme l'explique un éditorialiste du


Mais progressivement, le Nigeria perd son commandement. Patrick Dele Cole, ex-conseiller pour les affaires internationales du président Obasanjo, s'en inquiète : "L'absence à la tête du Nigeria se fait déjà sentir dans la région (l'Afrique de l'Ouest). Avec un homme fort à la tête du pays, il n'y aurait pas eu de coup d'Etat au Niger."


Jean-Philippe Rémy

Article paru dans Le Monde l'édition du 06.03.10

Partager cet article
Repost0
5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 15:01
jacob-zuma-001Jacob Zuma, le président sud-africain  en visite d'Etat à Londres a tenté de rassurer sur les conditions de sécurité  à moins de 100 jours du coup d'envoi du Mondial-2010 de football.


"Nous avons déjà fait baisser la criminalité. Nous sommes très confiants sur cette question. Et lorsque nous disons que nous sommes prêts pour le Mondial, nous incluons la sécurité", a déclaré le président sud-africain.

"Nous sommes prêts pour protéger ceux qui viendront. Si certains sont sceptiques ou inquiets, ils doivent savoir que nous avons pris des mesures pour régler cette question", a-t-il ajouté.

Il a également balayé les derniers doutes sur la préparation des stades et des installations pour les entraînements, assurant que tout serait achevé à temps pour accueillir la première Coupe du monde organisée en Afrique.


Les dix stades qui abriteront des matches du Mondial-2010, dont le coup d'envoi sera donné le 11 juin, sont quasiment achevés, deux seulement n'ayant pas encore été testés.

"Nous avons fini certains stades quatre mois avant la date. Au départ, certains doutaient que nous arrivions à les achever", a rappelé le président, qui a profité de sa visite pour se rendre au stade de Wembley, le temple du football anglais, où il s'est entretenu avec l'équipe britannique chargée de la candidature de l'Angleterre pour organiser le Mondial-2018.


Plus tôt, le président du Comité d'organisation de la Coupe du monde, Danny Jordaan, avait affirmé, à Londres, que le Mondial-2010 serait le plus rentable de l'histoire de la compétition.

"Nous allons respecter notre budget de 423 millions de dollars (310 millions d'euros)", a-t-il assuré, estimant que l'événement devrait générer 3,5 milliards de dollars.

 

Source AFP

Partager cet article
Repost0
12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 01:57
 Le 1er festival des  étudiants africains de Poitiers se prépare avec tous les soins. L'équipe d'organisation se plie à faire de cet événement une occasion d'échanges et de partage. Plus que culturel, ce festival  sera riche en manifestations intellectuelles. Tambours  et djembé se tairont le temps des débats enrichissants pour l'avenir du berceau de l'humanité.


485.JPGDu 22 mars au 03 avril  prochain,  l'université de Poitiers  doit prendre les saveurs du Soleil d'Afrique. L'équipe conduite par Saturnin AGBOFOUN s'active pour honorer le rendez-vous et premettre à la communauté  universitaire de vivre  une fête aux couleurs d'Afrique.  Les longues périodes de réflexion ont cédé place à l'action. Chaque manifestation se met progressivement en place.

En ce qui concerne les conférences, les thèmes sont déjà validés et les intervenants préparent de bons exposés au public, avide de débattre de l'avenir du continent africain. La question du panafricanisme est toujours passionnante; et elle sera accompagnée d'autres sujets comme le Co-développement, les relations France - Afrique, et la situation des étudiants africains dans leur pays d'accueil.

En accompagnement à la semaine du cinéma africain, initiée par l'Amicale des Burkinabé du Poitou Charentes, des séances de projections grand public sont prévues. Notamment, il sera projeté en première à Poitiers, les films cultes AFRICA PARADIS ,  BAMAKO et MOI ET MON BLANC. Le 7è art africain est à la conquête d'une nouvelle cité  après Ouagadougou.
DSC01535.JPG
Un festival africain sans animation serait vu comme une sauce sans saveurs.
Et bien , le Village africain comblera toutes les attentes. En raison de Campus  en festival, il sera  ouvert à partir du 29 mars. Les associations d'étudiants pourront bien  présenter à la communauté universitaire  les activités et leurs actions.

La crème des crèmes pour finir le festival en beauté, ce sont les deux soirées du 2 et 3 avril. La première à la Maison des Etudiants sera riche en danses, chorégraphie, défilé de mode, et une invité surprise ! La deuxième qui ferme les portes du festival est plutôt un concours de danses : Marathon Zouk  ( une innovation à vivre ).


L'Oeil de Chabin

Partager cet article
Repost0
9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 03:03
 
                     L' Afrique a besoin aujourd'hui d'unité....


Le Président de la Commission de l'Union Africaine s'est confié  au magazine panafricain Jeune Afrique, à quelques jours du 14è sommet. Dans cet entretien, il rassure les uns et autres sur la bonne marche de l'organisation notamment à propos des inquiétudes liées au Guide Libyen Mouammar Khadafi. Il n'a pas manqué de saluer l'avancée de l'Afrique dans les relations internationales. Il a été très direct sur des questions d'intérêt général et a pris position pour le continent. Il marque bien la volonté du continent à se faire respecter et a donné une autre lecture des relations diplomatiques. L'Afrique n'est plus le valet des grandes puissances, semble -t-il affirmé. Nous publions ici toute l'interview. Laissez vos avis en commentaires !


Guinée, Côte d’Ivoire, Madagascar, Gabon, Kaddafi, la gouvernance, ses relations avec les chefs d’État... À la veille du 14e sommet de l’Union africaine, le président de la Commission s’est confié à Jeune Afrique.


Paris, mi-janvier. À quelques jours du 14e Sommet de l’Union africaine (du 25 janvier au 2 février à Addis-Abeba) dont il préside la Commission, le Gabonais Jean Ping, 67 ans, nous a accordé un long entretien. Il vient seulement de poser ses valises dans son pied-à-terre parisien du 8e arrondissement qu’il sait qu’un nouveau marathon aérien l’attend. En moins de quinze jours, il doit enchaîner Libreville/Paris/Washington/New-York/Tripoli/Le Caire/Paris/Addis/Antananarivo avant de regagner ses pénates éthiopiens où l’attend un ordre du jour des plus chargé : Guinée, Côte d’Ivoire, Madagascar, Soudan, Somalie, évolution de l’organisation panafricaine… Sans oublier les habituelles kaddafiades sans lesquelles un sommet de l’UA n’aurait pas la même saveur.

Personnage incontournable de la diplomatie africaine, ce métis sino-gabonais qu’Omar Bongo Ondimba (OBO) appelait parfois « Mao », a connu tous les postes aux côtés du « Vieux » : dix-sept ans sans discontinuer au gouvernement, un record. Il faisait partie du premier cercle de l’ex-doyen africain, a épousé sa fille Pascaline (ils sont aujourd’hui séparés), « chaperonné » un temps son fils Ali, futur ministre des Affaires étrangères et actuel chef de l’État. Élu en février 2008 à la tête de la Commission de l’Union africaine grâce, en grande partie, à l’influence de son mentor, Jean Ping s’apprête à fêter ses deux ans à la tête de l’organisation panafricaine. Et à vivre son premier sommet sans OBO. Courtois, intarissable et jovial, il a répondu à toutes nos questions. À sa manière, c’est-à-dire en pesant chaque mot. Enfin presque…

jean_ping.jpg

 Jeune Afrique : Crises guinéenne et malgache, présidentielle ivoirienne, Soudan, Somalie, réforme de l’organisation… Le 14e sommet de l’Union africaine (UA), qui se tiendra à la fin de ce mois de janvier à Addis-Abeba, en Éthiopie, s’annonce chargé. Qu’en attendez-vous concrètement ?

Jean Ping : Ce sommet revêt une importance capitale à plusieurs titres, et pas uniquement en raison des multiples crises auxquelles nous sommes actuellement confrontés. D’abord, l’année 2010 sera celle d’un Mondial de football en Afrique. C’est une grande première, à la faveur de laquelle les projecteurs du monde entier seront braqués sur notre continent. Ensuite, une dizaine d’élections présidentielles auront lieu au cours de cette même année. Ce sont des processus toujours délicats. Enfin, nous aurons à débattre de notre propre évolution : transformer la Commission de l’UA en Autorité de l’Union, définir la nature, la composition et les mandats de cette Autorité. Le principe de cette évolution est acquis depuis le dernier sommet, à Tripoli. Reste cependant le plus difficile : se mettre d’accord sur son contenu. Je ne vous cache pas que les divergences entre chefs d’État sont nombreuses et que nous devrions encore une fois assister à de chaudes discussions… 


Croyez-vous réellement aux États-Unis d’Afrique ?

Oui, bien sûr. Qui pouvait imaginer, il y a quelques décennies, qu’un jour l’Union européenne (UE) existerait sous sa forme actuelle ? Malgré son histoire faite de conflits aboutissant à des guerres mondiales, cette région a su dépasser des problèmes que nous n’avons pas connus à une telle échelle. Aujourd’hui, nous marchons vers les États-Unis d’Afrique. C’est un impératif. Nos États, pris individuellement, sont invisibles et inaudibles sur le plan international. Quand nous parlons d’une même voix, c’est différent.

Mais cet objectif lointain ne revient pas, comme j’ai pu l’entendre, à mettre fin à l’existence de nos États ou à porter atteinte à leur souveraineté. Il s’agit d’unir nos forces, après avoir réglé nos problèmes communs, avec une efficacité accrue et des moyens supérieurs, pour peser sur les grands débats qui concernent la planète tout entière. 


Lors du sommet d’Addis-Abeba, le Libyen Mouammar Kaddafi va transmettre la présidence en exercice à un chef d’État de l’Afrique australe, a priori le Malawite Bingu wa Mutharika. Compte tenu du style très interventionniste du « Guide » et de vos divergences de vues, notamment à propos des coups d’État, est-ce un soulagement ?

Je n’ai pas d’états d’âme. Mon rôle consiste à travailler avec celui que les présidents africains ont désigné. 


Quel bilan tirez-vous de votre collaboration avec lui ?

Je retiens d’abord l’essentiel : c’est au cours de ce mandat que nous avons décidé de créer l’Autorité de l’Union, même si nous n’avons pas encore trouvé de consensus sur sa nature et ses moyens. En règle générale, les présidents en exercice interviennent assez peu. C’est normal. Contrairement à moi, ils ont d’autres chats à fouetter, un pays à diriger. Mouammar Kaddafi, lui, intervient beaucoup. C’est évidemment plus compliqué à gérer… 


Il manque un pays important au sein de l’UA, le Maroc. Comment s’y prendre pour l’y faire revenir ?35218---photo.jpg

Très franchement, je ne vois pas très bien comment vous répondre. Le Maroc n’a pas été exclu – ce que d’ailleurs nos statuts ne prévoient pas, seule la suspension étant possible –, mais a décidé de se retirer en raison de l’entrée de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). La cause de ce retrait étant toujours présente, le retour du Maroc se heurte aux mêmes difficultés. 


Selon vous, était-ce une bonne décision d’accueillir la RASD au sein de l’OUA, à l’époque ?

Je ne me pose pas la question en ces termes. Cette décision a été prise à la majorité des États. Il n’y avait pas lieu, pour un secrétaire général de l’OUA à l’époque, tout comme il n’y a pas lieu pour le président de la Commission aujourd’hui, d’émettre un jugement sur son bien-fondé. 


Lors de votre élection, il y a maintenant deux ans, on vous a comparé à votre prédécesseur et ex-président du Mali, Alpha Oumar Konaré, qui n’hésitait pas à s’exprimer, quitte à froisser ses anciens pairs. Le statut d’ancien chef d’État est-il un avantage ou un inconvénient dans votre fonction ?

Cela dépend. Les relations d’amitié, voire de complicité que le président Konaré a pu tisser avec d’autres chefs d’État quand il était au pouvoir dans son pays constituent indéniablement un plus. Tutoyer et connaître vos interlocuteurs ouvre beaucoup de portes et facilite les discussions. Je ne dispose pas de cette facilité-là. Je ne peux ni ne dois me mettre au niveau des chefs d’État. Nous faisons la même chose, mais de manière différente. Cela me convient très bien. 


Vous déclariez à l’époque que vous parleriez moins et agiriez plus…

Prendre des positions sur tout, ce n’est pas mon genre. Effectivement, je parle moins. Mais j’interviens toujours autant. Quand il le faut, je publie un communiqué, dont chaque mot est pesé. Quant à l’action, je ne crois pas avoir chômé. On ne m’a pas laissé le choix : j’ai eu à gérer nombre de coups d’État en six mois !

Plus sérieusement, je crois que nous avons beaucoup travaillé. Qu’il s’agisse de paix et de sécurité, de développement, de respect de la démocratie ou des droits de l’homme, de lutte contre les prises du pouvoir par la force… Nous avançons. L’Afrique progresse d’ailleurs plus qu’on ne le pense dans ce dernier domaine : les coups d’État – qui ne sont pas notre apanage, il suffit de voir ce qui s’est passé au Honduras, à Fidji ou en Thaïlande – ne sont plus une fatalité, ni une simple formalité pour leurs auteurs, qui doivent rendre des comptes, négocier, font l’objet de pressions, sont menacés de sanctions automatiques, etc. Il est de moins en moins facile d’enfreindre nos règles, et l’impunité n’est plus de mise. En conclusion, je crois que l’on agit mieux dans la discrétion. Donc moins l’on parle, mieux cela vaut. 


Le siège de l’UA se trouve à Addis-Abeba. En Éthiopie, développement ne rime pas vraiment avec démocratie et droits de l’homme. Ne trouvez-vous pas cela pour le moins gênant ?

Nous ne sommes pas une institution supranationale qui intervient dans les affaires intérieures des États. Sauf, évidemment, avis contraire du Conseil de paix et de sécurité (CPS) et des chefs d’État, lorsque la situation requiert une intervention, comme en Guinée après les massacres du 28 septembre dernier. Cela n’empêche pas, dans le cas que vous évoquez comme dans d’autres, en toute discrétion, de tenter de convaincre untel d’assouplir sa position, d’empêcher qu’une situation politique tendue ne dégénère, de renouer les fils du dialogue. Les bons offices ne sont pas toujours connus du grand public… JEAN_PING-2.jpg


Ces dernières années, les processus électoraux ont fait l’objet de vives contestations, comme au Gabon, en septembre 2009. Le rôle des observateurs de l’UA est régulièrement critiqué. De quelle marge de manœuvre disposez-vous réellement en la matière ?

Contestation ne signifie pas automatiquement fraude. Dans tous les pays africains – je dis bien tous –, on assiste à ce phénomène après chaque élection. Cela ne signifie pas que les résultats ont été tronqués, cela ne signifie pas non plus que tout a été parfait. Il faut également préciser que nous ne sommes presque jamais seuls en tant qu’observateurs. Plusieurs organisations sont à nos côtés : UE, Francophonie, et d’autres. Les critiques ne devraient donc pas concerner la seule UA. Je vous assure que nous mettons tout en œuvre, avant, pendant et après les scrutins, pour assurer la meilleure surveillance possible. Ce qui nous a permis d’améliorer les processus électoraux. 


Autre tendance lourde, les modifications constitutionnelles destinées à faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels. Cette mode du « pouvoir à durée indéterminée » vous inquiète-t-elle ?

Évidemment. Mais ces situations sont extrêmement complexes pour nous. En cas de prise de pouvoir par la force, nos règles sont claires et s’appliquent automatiquement. En revanche, dans ce cas de figure, elles sont beaucoup moins précises. La Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, NDLR], par exemple, interdit les modifications constitutionnelles moins de six mois avant la fin du mandat. Dans le cas du Niger, qui a enfreint cette règle, nous avons donc suivi les recommandations de la Cedeao puisqu’elles existaient. Il y a eu des sanctions, des négociations sont toujours en cours. Mais chaque cas est différent. Et en l’absence de règles du jeu communes à tous, il est difficile d’intervenir. 


En matière de droits de l’homme et de démocratie, quels sont les pays qui vous inquiètent le plus ?

Ceux qui ont modifié l’ordre constitutionnel comme la Guinée ou Madagascar, ceux qui ont connu ou connaissent encore des conflits armés, comme au Darfour, en Somalie ou dans l’est de la RD Congo, ceux qui subissent de plein fouet un fléau comme le narcotrafic, à l’image de la Guinée-Bissau. 


Comment sortir de la crise malgache ?

Le cas malgache est très particulier. Il s’agit du soulèvement d’une partie de la population. Ensuite, une grande partie de l’armée a sympathisé avec ceux qui se sont soulevés et ont pris le pouvoir. Aujourd’hui, la seule manière de s’en sortir est de redonner aux Malgaches la possibilité de choisir leurs dirigeants à travers une élection transparente. Le premier accord, signé à Maputo sous l’égide du président Chissano, était très compliqué à mettre en œuvre. À Addis, les protagonistes malgaches ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur la composition d’un gouvernement, à seulement trois ou quatre postes près… Enfin, lors de la troisième rencontre, à Maputo, Andry Rajoelina a décidé de ne plus participer au processus. Il est donc revenu sur ses engagements. Il faut remettre tout le monde sur les rails pour aboutir à une seule chose : redonner la parole au peuple malgache. 


ONU, UA, Francophonie… N’y a-t-il pas trop de médiateurs dans cette affaire ?

À l’évidence, oui. C’est même un des problèmes majeurs. 


L’élection présidentielle ivoirienne a une nouvelle fois été reportée. Comment faire en sorte qu’elle se tienne cette année ?

Nous faisons confiance au médiateur qui a été choisi, le président burkinabè Blaise Compaoré. Lui-même n’a pas contesté ce report, au contraire. Au-delà de l’évidente déception que l’on peut ressentir de prime abord, je crois qu’il est capital d’obtenir un scrutin incontestable. Il restait trop d’électeurs potentiels dont la nationalité ivoirienne était à vérifier, près de deux millions avant la décision du report. Aujourd’hui, le médiateur nous assure que l’élection auront bien lieu cette année. 


Quel délai raisonnable accepter ?

Le problème de ces électeurs étant en voie d’être résolu, il n’y a plus d’obstacle majeur à la tenue de cette élection. Elle devrait donc, en toute logique, avoir lieu au cours du premier semestre 2010.


En Guinée, la mise à l’écart du capitaine Moussa Dadis Camara vous semble-t-elle définitive ?

Des engagements viennent d’être pris par l’intéressé et par le général Sékouba Konaté pour un retour à l’ordre constitutionnel après une transition rapide. C’est un très grand pas. Je ne vois aucune raison de douter de ces engagements. Mais cela ne nous dispense pas d’être vigilants. Car le véritable problème de la Guinée, c’est son armée. Pas uniquement untel ou untel. 


Et si Dadis décidait de revenir à la tête de la junte et de ne pas tenir parole, comme il a déjà pu le faire, notamment à propos de sa candidature à la présidentielle ?

Il ne reviendra pas au pouvoir. 


Vous semblez bien sûr de vous…

Disons que c’est ma conviction. 


Avalisez-vous le rapport de la commission d’enquête de l’ONU sur les massacres du 28 septembre 2009, qui accuse nommément, entre autres, Moussa Dadis Camara ?

Je ne vois aucune raison de le contester. 


jean-ping-africa-hsmall-vertical-copie-1.jpgLors du sommet de Charm el-Cheikh, à la fin de juin 2008, l’UA a fait front pour soutenir le chef de l’État soudanais Omar el-Béchir contre la Cour pénale internationale (CPI), qui venait d’émettre contre lui un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour. Pourquoi ce soutien ?

Que les choses soient claires : nous ne mettons pas en cause le principe de la justice internationale. Ce que nous critiquons, c’est l’opportunité de cette décision, à ce moment précis et dans des circonstances précises. Il faut bien comprendre que le Soudan est une poudrière, et pas seulement en raison de ce qui s’est passé au Darfour. Croyez-vous une seconde qu’Omar el-Béchir va tranquillement attendre que l’on vienne l’arrêter ? Prendre une telle décision revenait à saper tous les efforts entrepris pour éviter le pire… 


On vous a aussi entendu critiquer une justice à deux vitesses.

C’est une évidence ! Il suffit d’examiner l’identité de ceux qui ont été traduits devant la CPI. Des Africains, uniquement des Africains ! Je veux bien que nous ayons notre lot de « criminels », mais pourquoi sommes-nous les seuls ? Ne s’est-il rien passé à Gaza, au Sri Lanka, en Colombie, en Tchétchénie ou en Géorgie, par exemple ? La dignité des Africains a suffisamment été bafouée au cours de l’Histoire. Oui, il y a une justice pour les faibles et une autre pour les puissants ! 


Votre discours, c’est un peu « laissez-nous laver notre linge sale en famille ». Pourtant, l’Afrique ne brille pas particulièrement de ce point de vue. Thomas Lubanga, Jean-Pierre Bemba, Hissène Habré… Si la CPI a pris en charge certains de ces cas, n’est-ce pas pour pallier les carences africaines ?

Je suis le premier à reconnaître nos immenses lacunes dans ce domaine. Je ne cherche pas à les nier. Le cas Hissène Habré est le plus flagrant. Nous avons mis en place des organes exécutifs et législatifs panafricains. Il manque le judiciaire : une cour de justice continentale. Ce constat, aussi amer soit-il, n’excuse pas une justice à deux vitesses. Au nom de quoi devrions-nous accepter ce que les autres refusent ? Pourquoi les Occidentaux, eux, n’acceptent-ils pas que leurs ressortissants soient jugés en Afrique s’ils y ont commis des crimes ? 


Que pensez-vous des procédures dites des « biens mal acquis » intentées en Europe contre des présidents africains ?

La même chose : notre objectif n’est pas de protéger des criminels ou des délinquants, mais de refuser cette justice à deux vitesses. On ne s’intéresse la plupart du temps qu’aux Africains. Pas aux Russes, ni aux Chinois, ni aux ressortissants du Moyen-Orient, par exemple. A-t-on la certitude que les millions qui ont servi à acheter une grande partie de la Côte d’Azur, de Paris ou tel ou tel club de football ont été bien acquis ? Encore une fois, nous ne contestons pas le principe d’une justice internationale, mais la méthode. 


’UA a envoyé des forces de maintien de la paix au Soudan et en Somalie. Or on constate que, dans les deux cas, la situation ne s’améliore guère…

Je voudrais rappeler, en ce qui concerne la Somalie, que ce pays est dans la même situation depuis bientôt vingt ans. Les États-Unis et l’ONU y sont allés et sont repartis en catimini. Le Conseil de sécurité refuse de s’engager en Somalie depuis le tristement célèbre échec de l’opération « Restore Hope ». L’UA fait ce qu’elle peut, dans des conditions extrêmement difficiles. Ses hommes y sont seuls et certains y meurent. Maintenant que la piraterie maritime menace des intérêts occidentaux, on déploie une véritable armada dans la zone pour protéger les navires russes, européens ou américains. Les pirates sont-ils nés en mer ? Non, ils viennent de Somalie, où le chaos règne depuis deux décennies. C’est sur ce terrain qu’il faut agir. 


Que faire dans ces conditions ?

Nous aider, aider le gouvernement de transition, qui n’existerait même plus si nous n’étions pas à ses côtés pour le protéger. Il faut davantage de moyens matériels, humains et donc financiers. Avec seulement cinq hélicoptères de combat supplémentaires, la situation sur le terrain changerait beaucoup. L’UE nous aide un peu, mais c’est insuffisant. 


L’offensive économique massive de la Chine en Afrique suscite de nombreuses interrogations. Les Occidentaux reprochent aux Chinois de faire fi de la mauvaise gouvernance chez certains de leurs partenaires du continent et de réendetter les Africains alors qu’eux-mêmes procèdent à de nombreuses annulations de dette. Qu’en pensez-vous ?

Les Occidentaux voient d’un mauvais œil la concurrence chinoise. Mais en l’espèce, les leçons de morale ne valent pas grand-chose. L’Afrique a un besoin impérieux de partenaires. Or la Chine investit considérablement sur le continent. Quelles que soient ses arrière-pensées ou l’aspect critiquable de certaines de ses méthodes, elle, au moins, est présente à nos côtés. Elle s’installe là où les autres puissances refusent de venir. L’Europe et les États-Unis doivent être conséquents : ils sont nos partenaires traditionnels, compte tenu de l’Histoire, des langues, des valeurs partagées. Les Africains rêvent d’Europe ou d’Amérique, parlent le français, l’anglais, l’espagnol ou le portugais. Pas le chinois. Mais qui refuse nos étudiants ? Qui rechigne à s’engager en Afrique ? 


180px-Jean_Ping_080202-F-1644L-081_0YWDF-copie-1.jpgVous êtes gabonais. Quel jugement portez-vous sur l’après-Omar Bongo Ondimba ?

La transition s’est déroulée en tous points conformément à la Constitution, sans accrocs. C’est suffisamment rare pour être souligné. Le scrutin lui-même a été correct. La tension est montée, de manière très vive et inquiétante, après les opérations de vote. Mais cette crise a été réglée par les autorités gabonaises elles-mêmes, sans heurts majeurs. Les différentes institutions ont joué leur rôle et un vainqueur a été proclamé puis investi. Si l’on tient compte des inquiétudes initiales – il faut quand même se souvenir que tout cela constituait une grande première au Gabon – le pays s’en est plutôt bien sorti. 


Que pensez-vous des premiers pas d’Ali Bongo Ondimba ?

J’ai été, comme tout le monde je crois, très agréablement surpris par les premières décisions du nouveau président. La plupart, comme la réduction du train de vie de l’État, la suppression d’une multitude de postes et d’avantages, l’interdiction du cumul des fonctions ou la rationalisation de la fonction publique, étaient attendues par la population. Encore fallait-il avoir le courage politique de les prendre. Se séparer de son plus proche collaborateur, son directeur de cabinet, après les révélations de Jeune Afrique dans l’affaire du scandale de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), c’était totalement inédit chez nous. Et peut-être aussi ailleurs… 


Quelles relations entretenez-vous avec le nouveau président ?

Elles sont cordiales. Nous nous connaissons bien et depuis longtemps. Mais maintenant, je ne l’appelle plus « Ali ». Je l’appelle « monsieur le président »… 


Avez-vous envisagé, comme cela a pu se dire, de vous présenter à l’élection présidentielle ?

Jamais, même si on m’y a fortement incité. D’abord, je n’en avais pas l’envie. Je suis très bien où je suis, je n’ai pas fini mon travail et je respecte mes engagements. Ensuite, même si je l’avais voulu, je savais que les conditions n’étaient pas réunies pour réussir : il faut de l’argent – même si j’en aurais sans doute trouvé –, un parti, des infrastructures et du temps pour se préparer. Enfin, j’avais dit au président Omar Bongo, il y a déjà longtemps, que le jour où il se retirerait de la politique, je me retirerais avec lui. 


Comment avez-vous vécu sa disparition ?

Ce fut extrêmement douloureux. Il m’a entouré de son affection tout au long de ma carrière. Il m’a toujours soutenu, je lui dois mon élection à la tête de la Commission, il était bon et généreux. C’est très difficile de voir disparaître tout cela. 


Dix-sept pays africains célèbrent cette année le cinquantième anniversaire de leur indépendance. Quel bilan tirez-vous de ces cinquante ans écoulés ?

Il faut être franc, il est loin d’être flatteur. Je ne parle même pas de démocratie mais de gouvernance. La Chine n’est pas démocratique, mais elle avance. D’autres pays – comme la Corée du Sud ou la Malaisie – se sont développés sans démocratie à leurs débuts. La différence ? Des dirigeants éclairés… On peut considérer que les grandes puissances, qui nous ont imposé nombre de diktats, ne nous ont pas aidés. Que l’Occident a sa part de responsabilité dans ce constat. Mais les principaux responsables, c’est nous. 


De quoi l’Afrique a-t-elle le plus besoin aujourd’hui ?

D’unité. Sinon, nous resterons condamnés à regarder le monde changer sans nous.

 

Propos recueillis pour Jeune Afrique par Marwane Ben Yahmed  [30/01/2010 17:32:32 ]

Partager cet article
Repost0
4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 05:41
Le président malien Amadou Toumani Touré le 27 septembre 2009 à Porlamar, sur l'île de Margarit© AFP

 

 La France et le Mali n'ont pas signé d'accord de gestion concertée des flux migratoires, faute de trouver un terrain d'entente sur la question des sans-papiers maliens vivant en France.

 

Les discussions engagées par la France et le Mali pour négocier un "accord de gestion concerté des flux migratoires" ont de nouveau achoppé sur la question de la régularisation des sans-papiers maliens en France, a-t-on appris mercredi de source officielle à Bamako.

"Nous ne sommes pas arrivés à finaliser les discussions en vue de la signature d'un accord sur la gestion des flux migratoires entre nos deux pays", a déclaré à l'AFP un responsable du ministère chargé des Maliens de l'extérieur, après le séjour au Mali d'une délégation de responsables français.

Selon le compte rendu de la rencontre, dont l'AFP a pu se procurer une copie, "c'est essentiellement sur le chapitre de la régularisation des sans-papiers maliens vivant en France qu'il n'y a pas d'accord".


Des "divergences"

"Les deux parties ont décidé de laisser ce dossier à l'appréciation des ministres français et malien en charge des questions liées à l'immigration", selon le document.

Un membre du comité franco-malien chargé du dossier a déclaré à l'AFP: "Mon impression, c'est que la France est décidée à aller vite, quitte à utiliser le bâton et la carotte".

Il s'agissait de la sixième rencontre entre les deux parties pour tenter d'obtenir un "accord de gestion concertée des flux migratoires", que Paris a déjà signé avec plusieurs autres pays africains.

Fin mars, le président malien s'était entretenu à Bamako avec le ministre français de l'Immigration, Eric Besson. Le chef de l'Etat malien avait alors déploré des "divergences" : "Pendant que nous parlons de régularisation de nos compatriotes (immigrés sur le territoire français), la préoccupation de la France reste le retour au pays", avait-il dit.

La communauté malienne en France (ancienne puissance coloniale) est estimée à 120. 000 personnes, dont 45. 000 en situation régulière, généralement dans des emplois peu qualifiés et éprouvants

Source : Jeune Afrique
 

Partager cet article
Repost0
4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 05:05

 

Bingu wa Mutharika a été désigné le 2 févirer à Addis-Abeba, pour succéder aPresident-de-l-UA.jpgu dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à la présidence tournante de l'Union africaine, composée de cinquante-trois Etats. A 76 ans, il est à la tête du Malawi depuis 2004, où il est autant décrié pour ses retournements politiques que respecté pour ses succès dans la lutte contre la pauvreté.

Cet économiste, qui a notamment travaillé pour la Banque mondiale, a déclaré après sa désignation : « Il faut aller au-delà des décisions, résolutions et déclarations et commencer à agir, le temps est venu de développer l'Afrique ».

 

Priorité à la sécurité alimentaire, aux transports et à l'énergie

Cette année, nous allons nous concentrer sur trois questions: premièrement la sécurité alimentaire pour assurer que d'ici cinq ans, l'Afrique puisse nourrir l'Afrique. Deuxièmement sur les infrastructures de transport (...) pour connecter l'Afrique, et troisièmement sur l'énergie parce que nous devons avoir assez d'énergie pour faire tourner nos industries", a-t-il déclaré devant les personnels de la Commission.

M. Mutharika avait eu une réunion auparavant avec les commissaires de l'UA et le président de la Commission, Jean Ping.

Le prochain sommet ordinaire de l'UA doit se tenir à Kampala du 19 au 27 juillet prochain.

Satûr

Partager cet article
Repost0
4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 04:48

 Unité, solidarité étaient les maîtres mots des fondateurs de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), relayés en 2002 par son héritière l'Union africaine. Construite sur une idée, rattrapée par la dure réalité, l'organisation a eu à essuyer des tempêtes au cours de ces 47 années d'existence. Les 53 États membres peinent encore à poser des actes collectifs.

Le 22 mai 1963, les jeunes écoliers éthiopiens, mobilisés par le pouvoir impérial, découvrent avec curiosité, les dirigeants de l’Afrique fraichement indépendante. L’empereur d’Éthiopie, Roi des rois, Hailé Sélassié accueille, à Addis-Abeba, 27 chefs d’État, pour la plupart désignés au lendemain des indépendances des ex-colonies françaises et britanniques. Des dirigeants qui ont décidé de mettre en sourdine leurs divisions pour présenter au monde un front uni. Car, déjà, lors de sa création, l’Organisation de l’unité africaine est minée par des dissensions sur les objectifs de la future organisation et sur ses prérogatives.


Dissensions, conflits et fractures

   

Les révolutionnaires (l’Égyptien Gamal Abdel Nasser, le Ghanéen, N’Kwame Nkrumah ou le Guinéen Sékou1584 Touré) s’opposent aux modérés, (l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor), partisans d’une approche prudente de l’unité du continent. Dans son discours, l’empereur Hailé Sélassié a d’ailleurs mis en garde ses pairs : « cette conférence ne peut se clôturer sans l’adoption d’une charte africaine ». À l’issue de 48h de débats houleux, la charte de l’Organisation de l’Unité africaine est pourtant signée.

Les pères fondateurs se sont mis d’accord sur le plus petit dénominateur commun : la libération complète du continent, notamment celle des pays lusophones encore sous le joug de la domination coloniale portugaise, de la Rhodésie, et la fin de l’apartheid en Afrique du sud. L’article 2 de la charte stipule que les États membres s’engagent « à éliminer sous toutes ses formes le colonialisme de l’Afrique ».

Celui qui n'est pas encore le secrétaire général des Nations unies, mais déjà un spécialiste des arcanes de la diplomatie africaine, Boutros Boutros Ghali, constate en 1968 que cette charte est le résultat d’un «compromis entre deux thèses en présence, mais un compromis plus favorable à la thèse de l’Afrique des patries qu’à la thèse fédéraliste du Docteur Nkrumah ».

Une année plus tard, lors du deuxième sommet, au Caire, les participants se mettent d’accord sur le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.
C’est au nom de ce principe que l’organisation gère, en 1968, la première guerre fratricide dans l’un des États membres : le conflit du
Biafra au Nigeria.

Le pouvoir central de Lagos est soutenu par l’organisation, même si en coulisses, certains Etats, et non des moindres, prennent fait et cause pour les irrédentistes biafrais. C’est le cas de l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny.  Le dogme de l'intangibilité des frontières s’accompagne d’un autre principe non écrit, la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat membre.  La réaffirmation de ces deux principes aura pour conséquence de stériliser les débats sur la démocratisation du continent. La démocratie est un sujet tabou. Les droits de l’homme également. L’OUA est un club de partis uniques !

 

La vie de la toute nouvelle organisation va également être rythmée par les effets collatéraux de la guerre froide qui opposent, sur le continent, les deux grands : les États-Unis et l'URSS. Et c’est en Angola que Washington et Moscou croisent le fer.  Tout naturellement, les alliés africains des deux grandes puissances s’affrontent sur le terrain diplomatique, dans l’enceinte de l’Organisation de l’unité africaine.  Les deux camps ne se font aucun cadeau. L'OUA évite de justesse l’implosion, en 1976, au plus fort de la guerre civile qui oppose en Angola le gouvernement marxiste d’Agostinho Neto aux rebelles pro occidentaux de Jonas Savimbi.

Les vieux diplomates se souviennent encore de cette longue nuit de débats violents qui s’est soldée par un vote sans précédent : 22 pays soutiennent le pouvoir central de Luanda tandis que 22 autres se prononcent en faveur des rebelles. La rupture est évitée de justesse, mais l’organisation va être le théâtre d’un nouveau bras de fer. Une autre question de décolonisation va empoisonner les débats et provoquer de nouvelles tensions entre membres.

 

L’indépendance du Sahara Occidental et l’admission de la république arabe sahraoui comme 51e membre de l’OUA vont se traduire par la plus grave crise de l’organisation. En 1984, à Addis Abeba, le Maroc décide de se retirer de l’organisation.

Il faudra pratiquement attendre vingt années pour que l’OUA s’intéresse enfin aux questions économiques. Dans les années 2000, la majorité des États est criblée de dettes. La dette extérieure du continent, colossale, est estimée par les experts à 200 milliards de dollars. L’Afrique demande un assouplissement des conditions de remboursement et un rééchelonnement.

En 1991, dans la capitale fédérale du Nigeria, le sommet de l’OUA adopte un traité instituant la Communauté économique africaine. Prudents, les auteurs du traité d’Abuja avaient fixé une période de 34 années pour parvenir à l’intégration économique du continent. Le projet restera lettre morte. La politique va reprendre ses droits. Le mur de Berlin est tombé. La bipolarisation du monde s’estompe. Mais les conflits armés demeurent. Cette nouvelle décennie est marquée par l’émergence de la revendication démocratique. L’Afrique urbaine se manifeste et commence à réclamer la fin du parti unique. Certains États vacillent.

Les soubresauts de la démocratisation ne rencontrent que peu d’écho dans les réunions de l’organisation. Au nom du sacro-saint principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État membre, l’OUA évite de se prononcer.


  Mouammar Khadafi, roi des rois traditionnels d’Afrique

 

0808301220079238.jpgLa fin de la décennie 1990, est aussi celle du désintérêt des puissances régionales pour l’OUA (Afrique du sud, Nigeria, Algérie). Profitant de ce vide relatif, un homme, le colonel Mouammar Kadhafi va s’engouffrer dans la brèche et s’imposer. Isolé sur la scène internationale, le bouillant colonel libyen va s’auto-proclamer, nouveau chantre du panafricanisme.

À grand renfort de dollars et d’effets de manches, le colonel Kadhafi va profiter du sommet de Lomé en 2000 pour modifier profondément une organisation qu’il juge inefficace et timorée. L’acte constitutif de l’Union africaine est adopté. La naissance de la nouvelle organisation sera célébrée avec emphase en Zambie, à Lusaka en 2001.

Les objectifs sont ambitieux et s’inspirent du processus de la construction de l’Union européenne. La nouvelle Union africaine se dote de plusieurs institutions : une commission, un parlement, une cour de justice, une banque centrale et un organisme de gestion des conflits -le conseil paix et sécurité- , un conseil de sécurité à l’image de celui des Nations unies, mais sans droits de veto.

Une entorse au sacro-saint principe de la non ingérence dans les affaires intérieures des États membres est envisagée avec la mise en place d’un mécanisme de surveillance mutuelle.

À grands renforts d’envolées lyriques, le NEPAD (Nouveau Partenariat pour l’Afrique) est lancé. Ce système est censé attirer les investissements pour favoriser les infrastructures en Afrique. On parle de routes, de chemins de fer, d’interconnexions électriques. On parle de milliards de dollars disponibles. Le NEPAD se révèlera être une coquille vide.

La construction de la nouvelle Union africaine avec son cortège d’institutions se fait sur des fondations fragiles.  Le diplomate Égyptien, Boutros Boutros Ghali mettait dès 1968, l’accent sur les faiblesses actuelles et futures de l’organisation : « quelle que puisse être l’évolution prochaine de l’OUA, il faut reconnaitre que sa faiblesse intrinsèque a pour origine la faiblesse des Etats membres eux même, issus du morcellement de l’Afrique ».

 
"Chassez le naturel, il revient au galop"

 

Au fil des sommets, le clivage originel entre les partisans des États unis d’Afrique et les adeptes de laKadhafi-elu-president-de-l-Union_article_top.jpg prudence, pour qui l’union passe d’abord par le renforcement des grands ensembles régionaux, se manifeste à nouveau.

Géographiquement, c’est l’Afrique australe, emmenée par la puissante Afrique du Sud, qui s’oppose aux velléités unionistes du colonel Kadhafi. L’ancien président Thabo Mbéki bloque plusieurs textes proposés par la Libye. Il est épaulé par son homologue ougandais, Yoweri Museveni et, dans une moindre mesure, par le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi.

La nouvelle Union africaine piétine. L’ancien président de la commission de l’Union africaine, le Malien Alpha Oumar Konaré, lui-même fervent partisan des États unis d’Afrique, est, à plusieurs reprises, obligé de jouer les équilibristes pour éviter la crise ouverte.

47 années après la création de l’Organisation de l’unité africaine, le virus de la division est toujours là. Les acteurs ont changé, le sigle également, mais les lignes de fractures demeurent.

Par Jean-Karim Fall  (AFP)

 

Partager cet article
Repost0
4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 02:39
POUVOIR EN AFRIQUE : Vive la République des "BB" de la Métropole !


Andry Rajoelina a effectué à Paris une visite privée, au cours de laquelle il a donné une interview à un magazine français. Cet entretien que nous publions in extenso ci-dessous, nous a inspiré quelques réflexions et éléments d'analyse.

Le Madagascar fait partie des Etats africains qui fêteront cette année leurs 50 ans d'indépendance. Voilà pourquoi cette interview  revêt pour nous, artisans d'AFRICA 2010, un intérêt particulier. Notre objectif n'est pas de couvrir les tares du continent à cette ère du bilan. Bien au contraire !
Notre lecture de cet entretien va au delà du cadre malgache mais se situe dans le contexte global africain et également jusqu' aux couloirs sombres des relations françafrique.

En effet, soulignons ici qu'une nouvelle forme de pouvoir a pris corps depuis quelques années en Afrique avec la complicité d'esprits malins qui finissent toujours par jeter le masque. De "jeunes bébés politiques" s'attaquent au pouvoir et s'imposent avec le soutien des forces invisibles "visibles" de loin. Mêmes scénarios qu'au lendemain des indépendances où le maître, en changeant de fusil d'épaule, a trouvé une autre formule de garder sa main sur la gachette.

Bizarrement, ces Bébés politiques ont des traits communs: imcompétences, immaturité politique, inexpériences, marionnettes, etc.. sans background nécessaire pour  la gestion de la Cité. Soit, ils se disent populaires, soit ils se prévalent d'un diplôme de guerre  ou celui d'une université européenne ou américaine, difficile à vérifier.

A l'analyse de cette interview, une première chose qui attire l'attention de tout observateur de la politique africaine, c'est le lieu de la visite de la Haute autorité de la transition: Paris.  Comme lui, d'autres sont aussi passés dans les mêmes conditions; "Visite privée". Tout porte à croire, que c'est un passage obligé. "Il faut venir rendre compte  de sa mission.

Même si dans l'interview, le président s'abstient de donner les vraies raisons de sa visite et ses éventuelles hôtes, c'est un secret qui ne serait resté longtemps inavoué. Toute personne avertie peut bien deviner la réponse qu'attendait le journaliste. La France nous a depuis habitué par son "hospitalité légendaire" à ces "'invités VIP" de classe exceptionnelle. L'hôte de Rajoelina doit bien être Claude Guéant, le Secrétaire Général de l'Elysée.
Au lieu de m'attaquer au fond et à la forme de cette interview, je vous laisse faire votre propre analyse et nous pourrons confronter nos idées dans les commentaires.
Mon oeil ! pour cet entretien !


Satyr 100 KARA

Entretien exclusif avec le président de la Haute autorité de la transition, de passage à Paris. 

                     Andry Rajoelina: "Les Malgaches veulent des élections libres"

 


 Rajoelina Ravalomanana Madagascar200Président de la Haute autorité de la transition (HAT),
Andry Rajoelina, 35 ans, reçoit dans la suite d'un palace parisien. Un peu moins d'un an après le coup de force qui l'a porté au pouvoir aux dépens de Marc Ravalomanana, celui que l'on surnomme "TGV" fait halte sur les bords de Seine. Notamment pour plaider en faveur d'un compromis censé, à l'en croire, sortir la Grande Ile de l'ornière.

Fruit de l'accord conclu à Maputo (Mozambique) en août 2009 par les quatre mouvances malgaches -celles de Rajoelina et des ex-présidents Ratsiraka, Zafy et Ravalomanana-, le "gouvernement d'union nationale" n'aura jamais été qu'une fiction. D'autant qu'en décembre dernier, Andry-TGV a dénoncé la charte négociée sous l'égide de l'ex-chef d'Etat mozambicain Joaquin Chissano.

Ses amis soutiennent que l'ancien disc-jockey aux allures de gendre idéal a changé, mûri, pris de l'assurance. Est-ce si sûr? Quand une question le désarçonne, il se plonge dans un argumentaire dactylographié, quitte à en livrer un passage tel quel. Entretien exclusif avec un trentenaire en quarantaine.  

Quel est le but de votre venue en France?

Je suis à Paris en visite privée. Mais aussi en tant que président de la transition. Dès lors que j'exerce les fonctions de chef de l'Etat., rien ne m'empêche de rencontrer les responsables de pays influents.

Ce lundi 1er février, à l'instant même de notre entretien, le 14e sommet de l'Union africaine (UA) débat en son siège d'Addis-Abeba des crises  qui minent le continent, dont l'imbroglio malgache. Votre place ne serait-elle pas plutôt en Ethiopie que dans l'Hexagone?

On se heurte ici à un problème de reconnaissance internationale. Je n'ai pas été invité. Si je l'avais été, je me serais rendu à Addis avec grand plaisir. Les Nations unies nous convient à des réunions de travail. Tel n'est pas le cas avec l'UA. Il existe un syndicat de chefs d'Etat-dictateurs qui redoutent avant tout que se produise chez eux ce qui s'est passé chez nous. D'où leur volonté de dresser des barrières. C'est surtout vrai au niveau de la SADC [la Communauté de développement de l'Afrique australe, composée d'une quinzaine de pays, dont Madagascar a été suspendu au printemps 2009]. Certains présidents avaient tissé des relations avec l'ancien chef de l'Etat [allusion à Marc Ravalomanana, NDLR]. A mes yeux, une affaire de copinage: on défend des personnes, non des idéesandry-rajoelina-0451.

Le 14 janvier, lors d'un sommet extraordinaire de la même SADC, le président zimbabwéen Robert Mugabe a préconisé une intervention militaire visant à  vous renverser...

Nous n'avons aucune leçon à recevoir de Mugabe. En Afrique australe, notre référence, c'est Nelson Mandela. Et certainement pas Robert Mugabe.

 

Est-il exact que vous avez rencontré, à la faveur de ce séjour parisien, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, ainsi que le secrétaire d'Etat à la Coopération Alain Joyandet? 

 

Je ne peux confirmer. Les échanges que j'ai ici sont de nature confidentielle. J'observe que la France est à l'écoute. Elle connaît très bien la situation malgache, et ce depuis fort longtemps.

Jean Ping, le président de la Commission de l'Union africaine, a soumis le 22 janvier aux quatre mouvances malgaches -la vôtre comme celles de Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana et Albert Zafy- un scénario de sortie de crise. Vous convient-il?

Nous avons élaboré à son intention une contre-proposition honnête et sincère. Nous ne rejetons pas totalement la charte de Maputo, ni l'acte additionnel d'Addis-Abeba, mais nous voulons les appliquer partiellement. Car leur mise en œuvre en l'état est très difficile, voire impossible. On nous dit de former un Gouvernement d'union nationale avec trois anciens chefs d'Etat qui ont été rejetés par le peuple, directement ou indirectement. Malgré tous nos efforts et toutes nos concessions, ce processus ne porte pas les fruits escomptés.

Ces accords, nous les avons signés de bonne foi. Hélas, les autres chefs de file n'ont cessé de remettre en cause leur contenu. Un seul exemple: quand le secrétaire général de l'Onu -Ban Ki-moon- m'invite au sommet de Copenhague sur le climat, deux co-présidents du Conseil présidentiel adressent au Premier ministre danois une lettre affirmant que je ne représente pas Madagascar... Ils ont en eux la haine et le désir de vengeance. Ce comportement est une honte pour le pays. 

Voilà pourquoi nous avons annoncé la tenue d'élections législatives le 20 mars prochain, afin de rendre le pouvoir au peuple. Le ou les partis qui obtiendront la majorité à l'Assemblée nationale proposeront le nom d'un Premier ministre appelé à former un véritable gouvernement d'union. Pourquoi le peuple malgache s'est-il soulevé cinq fois depuis l'indépendance? Parce qu'il veut des scrutins libres et transparents. Jusqu'alors, le choix des urnes, lors des présidentielles, a toujours été détourné. Il faut rompre avec ce passé.

Le plan de Jean Ping suppose le rétablissement dans ses fonctions du Premier ministre Eugène Mangalaza, évincé en décembre dernier, lorsque vous avez abrogé l'ordonnance de ratification de la charte de Maputo.

Ca, ce n'est pas possible

Pourquoi avoir installé dans son fauteuil l'ancienne ministre de la Défense Cécile Manorohanta, congédiée 48 heures plus tard?

Cécile savait qu'elle exerçait ces fonctions à titre intérimaire.

On a connu des intérims moins expéditifs...

Par la suite, on a compris la nécessité d'instaurer un gouvernement militaro-civil. Pour bien gérer l'armée et  rester à son écoute, il fallait un officier. C'est ce qui m'a conduit à désigner le colonel Albert Camille Vital.

Au risque d'apparaître comme l'otage de la hiérarchie militaire, sinon le complice d'un putsch de velours.

Je ne suis l'otage de personne. Les forces malgaches me respectent et respectent mes ordres. Je suis le chef suprême des armées.

Le 15 décembre dernier, huit gradés réputés proches de Marc Ravalomanana ont pourtant réclamé le droit au retour pour tous les chefs de mouvance en exil.

Certains militaires avaient d’affinités avec l'ancien chef d'Etat. Lequel a tant puisé dans les caisses du pays qu'il peut tenter d'acheter tout le monde. Mais c'est un épiphénomène. Ces gens-là  ne peuvent rien contre moi.

Pourquoi récuser aujourd'hui un partage du pouvoir que vous aviez avalisé?

Tout le monde est conscient que nous détenons l'effectivité du pouvoir. La Haute autorité de la transition est la seule institution capable de commander, de diriger les militaires et les forces de l'ordre, de faire fonctionner les tribunaux. Cela dit, nous acceptons de ne pas abuser de ces prérogatives. C'est pourquoi nous proposons, dans l'esprit de Maputo, la mise en place d'un Conseil supérieur de contrôle de la transition. Une forme de contre-pouvoir doté d'attributions législatives. Les trois mouvances d'opposition seraient majoritaires au sein de ce Conseil, dont ils désigneraient le président.

L'échéance du 20 mars est-elle négociable?

Nous avons avancé cette date pour déclencher les préparatifs du scrutin, créer une dynamique. Pour autant, nous ne déciderons pas seuls. Si la société civile et les acteurs politiques, qui se réunissent cette semaine, souhaitent différer l'échéance, pourquoi pas? Mais d'un mois au maximum, pas davantage. Tout le monde, au sein de la communauté internationale comme du peuple, est conscient qu'il faut aller aux élections le plus tôt possible.

Les chefs de file des mouvances d'opposition peuvent-ils revenir au pays?

Albert Zafy est à Antananarivo. Et si Didier Ratsiraka veut rentrer, je n'y vois aucun inconvénient.

 

Qu'en est-il de Marc Ravalomanana?

Là, il y a un inconvénient majeur. Son retour ne contribuerait en rien à ramener la paix et la concorde.

Les Etats-Unis ont exclu Madagascar du bénéfice de l'Agoa, loi visant à établir un partenariat commercial privilégié avec diverses nations d'Afrique,  et à leur ouvrir le marché américain. Que vous inspire cette décision?

Elle m'étonne beaucoup. Lors de sa mise en place, la vocation affichée de ce régime était d'assister les pays les plus pauvres. Ce n'est pas moi qui ait besoin de cette aide, c'est le peuple malgache. Ce sont les gens qui travaillent dans les zones franches pour l'équivalent de 30 euros par mois.

Quel rôle comptez-vous jouer après les élections  législatives?

Il faudra toujours un chef . J'accompagnerai les efforts entrepris par l'Assemblée élue et le nouveau Premier ministre pour organiser une Conférence nationale. Il s'agira alors de rédiger une nouvelle constitution, validée par les parlementaires.

Quand la prochaine présidentielle aura-t-elle lieu?

Là encore, le plus tôt possible. Au plus, deux ou trois mois après les législatives.

Serez-vous candidat?

Ce n'est pas à moi d'en décider.

Si ce n'est pas à vous, à qui d'autre?

L'avenir le dira.. andry rajoelina

On peut supposer que la nouvelle constitution lèvera la disposition relative à l'âge minimal des candidats qui, en l'état actuel, vous interdirait de concourir...

Dix-huit des 22 régions de Madagascar se sont prononcées contre toute limite d'âge. C'est ça, la démocratie. On peut servir son pays à 23, 25 ou 60 ans.

Est-il vrai que vous ferez escale en Libye sur le chemin du retour pour y rencontrer Muammar Kadhafi?

Je suis en contact avec plusieurs chefs d'Etat, que j'envisage de rencontrer prochainement. Tout dépendra du programme de chacun 

Initialement prévu sur la Grande Ile, le prochain sommet de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) aura lieu Montreux, en Suisse. Cette délocalisation vous choque-t-elle?

Non, et d'autant moins que j'ai moi-même envoyé un courrier au secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, indiquant qu'il me semblait préférable de ne pas organiser ce rendez-vous à Madagascar en 2010, année qui s'annonce chargée. Il aurait pu tomber par exemple en pleine campagne présidentielle. En revanche, nous sommes candidat à l'accueil du sommet suivant, en 2012

Par Vincent Hugeux, publié le 02/02/2010 à 12:30 - mis à jour le 02/02/2010 à 15:00

 

Partager cet article
Repost0
4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 02:26
kofi-yamgnane.jpgFaure Gnassingbé, le président sortant du Togo, sera l'unique tête d'affiche de l'élection présidentielle à un tour prévue le 28 février. La Cour constitutionnelle togolaise a invalidé, mardi 2 février, la candidature de Kofi  Yamgnane, ancien secrétaire d'Etat  français sous Mitterrand. Elle a motivé sa décision par une contradiction sur la date de naissance de M. Yamgnane entre ses différents documents d'identité, "de nature à semer la confusion sur l'identité de la personne". En réalité, les incertitudes sur l'état-civil des Africains de la génération de M. Yamgnane sont fréquentes et l'identité de l'intéressé, ancien maire et député français, ne fait guère de doute.

 

La popularité de M. Yamgnane est plus forte dans la diaspora togolaise (qui n'a pas le droit de vote) qu'au Togo même. Mais sa candidature risquait de priver le président sortant de voix précieuses dans le nord du pays, dont les deux hommes sont originaires. Elle aurait également introduit au sein d'un système coutumier des manipulations électorales, un habitué des médias français. "Le pouvoir totalitaire en place au Togo fait la démonstration qu'il est prêt à tous les simulacres (...) pour s'accrocher au pouvoir (...) aux dépens du peuple togolais qui souffre", a réagi M. Yamgnane.

Faure Gnassingbé, fils et successeur du général Eyadéma, a été élu en 2005 lors d'un scrutin truqué marqué par la mort de 500 personnes. L'élection de cette année est censée effacer cette tache originelle. Elle paraît d'autant plus acquise au président sortant que Gilchrist Olympio, 73 ans, figure historique de l'opposition, n'a pas pu faire enregistrer sa candidature à la suite d'un accident survenu en janvier aux Etats-unis. La candidature retenue de son second, Jean-Pierre Fabre, divise leur parti, l'Union des forces de changement. Le duel shakespearien entre M. Olympio, dont le père Sylvanus, premier président togolais élu, avait été assassiné en 1963, probablement par le père de M. Gnassingbé, n'aura sans doute jamais lieu.


Philippe Bernard (

Article paru dans Le Monde édition du 04.02.10)

Partager cet article
Repost0

Africa 2010 [ Poitiers]

  • : Le blog de Africa 2010 [Poitiers]
  • : C'est l'espace d'expression de la nouvelle génération consciente de l'Afrique. La jeune intelligentsia africaine, engagée pour la promotion du continent en 2010 afin d'accompagner les deux grands événements historiques : 50 ans d'indépendance et la Coupe du monde de football.
  • Contact

Recherche

Archives